Jorge Luis Borges, Les Conjurés, préface
En sortant du théâtre, en cette fin d’après-midi, le soleil brillait, il faisait chaud, et tous les passants semblaient s’être donné le mot : porter un short peu seyant, étaler au grand jour des chairs roses et flasques, tenir dans la main gauche un ballon et, dans l’autre, un verre de bière tiède. Dur contraste avec les costumes chatoyants, les gestes gracieux, le charme des chanteurs, toute la poésie que je quittais à regret... Ce monde où de longs doigts effilés – ceux, poudrés de blanc de Yu Jiulin - mimant la préparation d’un médicament, qui tournent délicatement une cuillère invisible, vous font monter les larmes aux yeux. Rentrer chez soi a été pénible, je l’avoue. J’ai vraiment le coeur gros. Je suis trop sentimentale ! Pour me consoler je pense à Monkey, fin juillet, au Royal Opera House. Un an après avoir lu l’hilarant roman de Wou Tch’eng-en (1505-1580): Le singe Pèlerin ou le Pèlerinage d’Occident. J’ai hâte de revoir l’Empereur de jade qui siège « dans la Trésorerie des Brouillards Sacrés du Palais des Nuages aux Portes d’Or » et toute sa cour ! Alors, je sèche mes larmes et Pas un mot de plus ! pour emprunter l'expression favorite du rigolo macaque Sun Wukong, le singe de la montagne...
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