dimanche 15 juin 2008

Kanegon vs. Harpagon

Eugénie Grandet m'accompagnait à Tokyo. Chaque mot me confirmait combien j’avais du mal à supporter les grippe-sous. Mentionnent-ils un nouvel achat? c’est pour mieux en donner le prix; déjeuner en leur compagnie est un calvaire: la moindre gargote leur est encore trop chère et l’on passe plus de temps à comparer les prix qu’autour d’une table; il faut qu’ils soient sûrs à l’avance du plaisir qu’ils prendront à une expo ou un film, car ils regretteraient amèrement d’avoir déboursé quelques espèces sonnantes et trébuchantes en vain. Sans mener une vie de panier percé, je pense qu'il y a un juste milieu. Au diable les Pères Grandet! Je me faisais ces réflexions quand, au Mori Museum de Roppongi, j’ai vu l’expo Ultraman (ici). La minutieuse description de chaque monstre, sa biographie aussi détaillée qu'amusante, m’ont semblé dignes de la plume de Balzac ! Loin de m’effrayer, celui qui m’a le plus fait rire c’est Kanegon. A ses pieds le petit carton nous précise que « sa bouche est un porte-monnaie ».

Kaneo Kaneda (Kane en japonais signifie argent), un jeune garçon avide, découvre un petit cocon. En le secouant, il entend comme un bruit de pièces. Ses parents le mettent en garde contre Kanegon, un monstre qui dévore l’argent. Mais Kaneo s’en moque tandis que le cocon se met à gonfler. Imaginant les richesses qui se cachent à l’intérieur, il y glisse la main et le cocon l’avale ! Le voilà transformé en Kanegon. Il doit à tout prix se gaver d’argent sinon il mourra. Tout se corse quand il se dirige vers la banque pour un festin. A la fin de l’aventure, Kanegon retourne comme une fusée dans l’espace relâchant Kaneo qui, rentrant tout joyeux chez lui, s’aperçoit que ses parents sont devenus des Kanegon !

C’est la première fois que je n’ai pas grommelé, comme le valet La Flèche dans L’Avare de Molière: « Peste soit de l’avarice et des avaricieux » !

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