Vive les vacances, mon Dieu quelle chance... ! Je me revois cavaler dans les couloirs de l’école Jean Jaurès des Roches Noires en chantant sur l'air des lampions ce refrain libérateur. On embrassait affectueusement la maîtresse et nous entamions illico nos 3 longs mois de vacances. Bientôt, pour ceux qui ne partaient pas en France visiter leur famille – nous les plaignions tout en jalousant, à leur retour, les beaux cahiers Clairefontaine qu’ils ramenaient dans leurs bagages – se profilaient de longues journées de farniente, de pique-niques qui s’éterniseraient, et de siestes prolongées sous un parasol entre deux baignades. Quand c’était mon tour de partir « en vacances », c’était pour le sud de l’Espagne, de l’autre côté de la Méditerranée. Ni le climat, ni le décor, ni mon emploi du temps ne s’en trouvaient modifiés. Pendant longtemps, la tradition de passer 1 mois d’été en Espagne s’est maintenue, mais depuis quelques années j’ai pris l’habitude de passer mes étés à Londres. C’est un des avantages de vivre à l’étranger, on est chez soi et ailleurs à la fois, et il suffit de changer le rythme de ses journées pour se croire en visite touristique! Mon quartier se vide de ses habitants, et la circulation s’amenuisant, j’ai parfois l’impression de vivre dans un petit village. J’évite le centre ville, pris d’assaut par les touristes, pour lui préférer les itinéraires inédits. La cerise sur le gâteau est de modeler ma journée en fonction d’une rétrospective de films asiatiques inconnus, et mon été serait incomplet sans ces séances de découvertes quasi quotidiennes au BFI (la cinémathèque britannique) au bout d’une matinée studieuse. Des liens muets se tissent entre ces drôles de plaisanciers qui se regardent d’un air entendu, comme des voisins de parasol sur une plage. La préparation des cours de l’an prochain, les cartes postales des amis envoyées de leur lieu de villégiature, ces petites collations prises sur le pouce entre deux films, le bouquin que j’ai choisi comme compagnon estival, la chanson que j’entends en me posant dans un café... ce sont des rituels indissociables de mes vacances ici qui m’aident à retrouver l’insouciance de celles de mon enfance. Aujourd’hui, alors que l’envie de me laisser sombrer dans une paresse sans fond me démange, je me demande bien à quelle sauce je vais pouvoir manger mon été pour qu’il soit aussi délassant et fécond que les autres? Et vous ?
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