lundi 30 novembre 2009

Moi en canard

Ce week-end j’étais un peu à l’image de ce canard de Hyde Park. En boule, au chaud, calfeutrée, bien tranquille. Même si j’ai travaillé comme une brute.
Aujourd’hui je suis un peu comme ce canard-ci. Déterminée, l’oeil vif, espérant que toutes les réunions et les problèmes qui me canardent me glissent comme l’eau sur ses plumes. Même si je ne suis plus que sur une patte... et qu’il pleut sans discontinuer depuis 3 jours !

dimanche 29 novembre 2009

Sans queue ni tête

Dans mon rêve je lui disais qu’il était « le pendentif de mon âme ». Peut-être voulais-je dire « le pendant de mon âme » mais je me suis acheté tant de boucles d’oreille vendredi que ma langue a fourché. Si j’habitais Paris, j’irais passer mon dimanche à la Grande Bibliothèque François Mitterrand.

samedi 28 novembre 2009

"Vaille moi, longue étude!"

C’est le cri que Dante pousse à l’apparition de Virgile dans la Divine Comédie et que Christine de Pizan reprend à son compte.C’est aussi le mien aujourd’hui où j’ai vraiment une tonne de travail et surtout la ferme volonté de m’y mettre jusqu’au soir, sans m’arrêter toutes les cinq minutes ou rester couchée toute l’après-midi comme la semaine dernière.

Dame Christine dirait les choses ainsi, elle :

En une étude petite
Où souvent je me délecte
A regarder écritures
De diverses aventures.
Je cherchai un livre ou deux...
Ainsi fus là enserrée
Et la nuit était tombée...


Dames Paresse et Nonchalance peuvent bien frapper à ma porte, je ne leur ouvrirai pas ! (J’aime bien les récits allégoriques médiévaux)

vendredi 27 novembre 2009

Dame Philosphie à la rescousse!

La journée avait (pourtant) bien commencé. J’étais arrivée en un temps record à Oxford Circus ce qui m’avait laissé presque une heure pour siroter un café et bouquiner avant mon cours. Le ciel était bleu, et le croissant presque-comme-en-France. A 9h du matin, j’étais en cours. A 11h, mon idée c’était d’aller en bibliothèque pour corriger. Je me visualisais bien parmi les livres, mon stylo rouge à la main. Près de l’arrêt de bus il y avait un magasin de bijoux fantaisie, de sacs, d’écharpes et de foulards. J’y ai musardé quelques minutes. Il continuait de faire beau. J’ai pris un bus jusqu’à l’arrêt « Museum street ». Au bout de la rue il y a le British Museum. Je le traverse, j’achète des cartes, et je décide de les écrire sur place. C’était fatal. Je n’atteindrai jamais la bibliothèque. J’écoute une conversation étrange entre deux philatélistes. L’un deux a un accent à couper au couteau. Je me dis qu’il est écossais, mais comme je suis nulle en accents il doit être néo-zélandais ou gallois ! J’étais si bien au coeur du British Museum, avec tous les scolaires qui chahutaient et une poignée de touristes, que j’ai sorti mon livre et je suis restée. J’ai fait un tour au rayon esquimau et je me suis félicitée de ne pas être née sur la banquise, même si les vêtements en peau de phoque exposés étaient très jolis. Je me suis quand même imaginée ouvrir les yeux dans un igloo. Ça aurait pu ! J’ai ensuite déjeuné avec mon meilleur ami. L’après-midi se passe doucement entre emails et réunion. La nuit est tombée. Pas une goutte de pluie de la journée. A 18h je suis devant une classe qui a un test et j’en profite pour faire des corrections. Une étudiante sympa me montre un article sur Sagan dans Paris Match et me le prête. Génial ! Après nous avons une discussion sur le voyage et David, qui a un irrésistible humour pince-sans-rire nous parle de ses voyages au Japon. J’en profite pour leur faire le sketch sur les bus de Kyoto. Je ménage mes effets, je me crois à l’Olympia. J’arrive même à dérider le policier qui suit le cours. Je l’aime bien. A la pause il répond à des messages inquiétants. J’imagine toujours qu’il parle de criminels et de planques, mais peut-être demande-t-il seulement à sa femme de faire chauffer la soupe ! En écrivant le mot escapade au tableau je pense à aujourd’hui, au week-end. Puis je marche jusqu’à Tottenham Court road avec L. Ça fait beaucoup de bien de parler de ses cours, des problèmes qu’on rencontre, comment on les gère et des bons trucs qui y sont arrivés aussi ! Dans le bus je continue de bouquiner. Peut-être vais-je enfin savoir ce qui s’est passé dans la forêt du Mans quand Charles VI a été pris d’un accès de folie. J’arrive chez moi, il est tard. Je suis encore pleine d’énergie et je décide de lire mes mails. Il y en a un qui me cloue sur place. Les gens ne finiront jamais de m’étonner. A ce moment-là j’ai dû appeler à la rescousse « Dame Philosophie », la « mie » de Christine de Pizan, pour ne pas jeter au panier toutes les bonnes ondes glanées au cours de cette belle journée. Aujourd’hui, Dame Philosophie est libre, je lui ai demandé de ne pas me lâcher d’une semelle !

jeudi 26 novembre 2009

Sisyphe dans le bus

Laurent de Premierfait, Jean Chanteprime, Bureau de Dammartin... quels jolis noms avaient ces hauts personnages du XIVe siècle! Je suis contente aujourd’hui de prendre mon bus dès 7h du matin. J’aurai une place assise et je pourrai les retrouver, ces « élégants » de l’entourage de Charles VI. Je vais siroter un café en leur compagnie avant de retrouver la vie réelle parsemée de satanées copies à corriger, véritable tonneau des Danaïdes en ce moment !

mercredi 25 novembre 2009

« Tu restes dans le coin de notre oreille »

J’ai passé mon heure de déjeuner à copier les mots de Kriss (ici) pour ne pas les oublier :

Auditrices de ma vie, auditeurs de mon coeur, il vous arrive parfois de trouver votre vie quotidienne ennuyeuse, comme une routine, rayée, où tout est établi d’avance. Alors, sans doute vous rêvez d’être embarqués au coeur d’une saga puissante et bouleversante porteuse de bonheurs inouïs et de cataclysmes démesurés. Vous avez envie d’exploration, d’horizons mystérieux, de moeurs étranges, de couleurs et de significations indéchiffrables. Mais le monde vous semble tellement exploré, bah... bof... Et pourtant, il existe un espace invisible, quotidien, faussement anodin, où nous nous aventurons tous les jours sans y penser, qui vaut tous les dépaysements du monde, et peut fournir des questions en quantité suffisante pour ne plus jamais s’ennuyer dans une vie. C’est un espace qui se révèle habité seulement à ceux qui savent le voir. Un rétrécissement de pupilles. La manière dont vos amis se placent autour de votre table quand vous les invitez ; les mystères qui vous poussent à vous asseoir à côté de quelqu’un dans le métro plutôt qu’ailleurs. Mais aussi, tenez, la manière dont vous embrassez vos proches ; ce qui vous agace sans la moindre raison chez vos collègues ; les émotions qu’un frôlement dans un couloir éveille en vous... Mais aussi, plus vertigineux encore, une sorte de monde en creux qui serait aussi vrai sinon plus que celui que nous énonçons, où nous voyons. Les silences qui transgressent les codes non dits ; les rituels que l’on respecte sans même y penser ; la durée d’un regard ou celle d’un silence. Toutes ces choses auxquelles on ne prêtait pas attention jusqu’ici et qui racontent à la fois votre histoire personnelle, celle de votre civilisation, celle de l’espèce dont vous faite partie et qu’on appelle humaine. Et cette espèce humaine possède un carburant invisible et gratuit. C’est lui qui nous fait dire « Pourquoi ? ». Et il suffit de l’appliquer à tout ce qu’on rencontre dans une vie pour voyager à l’infini.

mardi 24 novembre 2009

« En musant sur quelque livre »

Une fois Henri IV assassiné (le 14 mai 1610) et enterré à Saint-Denis - les livres de Jean-Christian Petitfils sont fantastiques, mais là où il excelle c’est dans les funérailles des rois ! - j’ai remonté dans le temps jusqu’au milieu du XIVe siècle... Christine de Pizan est née en 1365. Enfant, elle a vu un équilibriste marcher sur une corde tendue entre les deux tours de Notre Dame.

lundi 23 novembre 2009

Sous le déluge

Il pleut des cordes depuis hier. Hier, je me suis réfugiée dans un café au moment où les trombes d’eau se sont mises à tomber. J’évite de me rendre vers Piccadilly Circus le week-end, mais à chaque fois que je le fais je m’aperçois que j’aime l’ambiance festive de ses cafés bondés. Ce dimanche matin, vers 11h, c’était un vrai cinéma permanent. La rue s’était vidée en un clin d’oeil. Soudain un piéton solitaire est apparu. Il marchait tranquillement, sans parapluie, sans manteau, les mains dans les poches. Il était trempé, mais il ne se précipitait pas se mettre à l’abri.J’ai horreur de voir un tel spectacle parce que je me mets à la place du passant, j’ai l’impression que c’est sur moi que la pluie ruisselle et pendant les quelques minutes de son passage je me demande ce qui le motive, quand il pourra se sécher et si, le lendemain, il aura la crève !

dimanche 22 novembre 2009

Le loup à ma porte

J’étais bien partie, pourtant, pour tout corriger. Mais après une première pile, je me suis couchée et j’ai dormi comme jamais. Toute l’après-midi ! Je me sens comme une écolière qui n’a pas fait ses devoirs et qui doit trouver le temps de les faire entre la poire et le fromage. Ou plutôt entre les tartines du matin et le dim sum de midi à Soho.

samedi 21 novembre 2009

L’inconstance et la joie d’une rivière

L’Art de l’eau... consiste à observer avec malice le cours des choses. On regarde. On commente le monde. Par dessus tout, on apprend à accepter la réalité. On s’entraîne à ne rien faire. Ne pas dompter, ne pas diriger, ne pas ordonner le monde. On découvre qu’il ne faut pas dévier le cours des rivières. Nos envies, nos peurs, nos affinités secrètes : autant de rivières. Nous n’y bâtissons pas d’absurdes digues que la première crue venue ferait céder. Et la magie commence là ; quand on écoute l’eau et qu’on accepte d’avoir l’inconstance (et la joie) d’une rivière.

L’Ancien Temps : Le roi n’embrasse pas de Joann Sfar
Dehors il fait gris et pluvieux. Nous sommes samedi, mais on a l’impression que les gens se sont calfeutrés chez eux, comme un dimanche ou un jour férié. Moi, j’ai une pile de copies à corriger. Dans un train, récemment, j’ai observé une prof qui corrigeait des copies. Certaines se lisaient sans peine, et son stylo rouge rentrait rarement en contact avec la page. Pour la plupart, il ne chômait pas : deux traits pour signaler un manque d’accord, annotations dans la marge, points d’interrogation, flèches... Tous ces gestes que je m’apprête à faire pendant des heures. Mais dans ce train il se dégageait de cette prof un tel professionnalisme, un tel calme efficace, que je l’enviais presque. Maintenant que c’est à mon tour de faire ce travail, je préfèrerais mieux continuer la lecture du merveilleux livre de Joann Sfar, avec ses planches si colorées. L’Art de la Sourcellerie ce sera pour demain!

vendredi 20 novembre 2009

Comme je t'aime, vendredi!

Qui commence la semaine comme ça...Pour la finir comme ça...
Qui se sent aussi crevé que s'il avait escaladé une à une les centaines de marches de la pyramide de la Lune...

Le vendredi venu verra ses journées ne peser pas plus qu’une plume (de serpent).

jeudi 19 novembre 2009

Vraie pause

J’attendais sur le quai de la gare d’Amboise mon train pour Tours. J’étais assise sur un banc. Des cris de corbeaux se répondaient dans les ramures.. Quelqu’un, dans une maison au toit d’ardoises, devait faire une soupe de légume, on en sentait le parfum caractéristique. Il y avait encore ces effluves de feu de cheminée dans l’air. On sentait la forêt toute proche. Le ciel, gris toute la journée, s’assombrissait et prenait peu à peu une couleur bleu nuit. De temps en temps, un train à grande vitesse passait dans un bruit effrayant, dédaignant la petite gare. Le silence revenu, on pouvait savourer le silence et les parfums. Je pense souvent à ces quelques minutes d’harmonie sur ce banc.

mercredi 18 novembre 2009

Bon profil

Selon qu’on la regarde par en dessous ou de profil, cette gargouille de la Chapelle Saint Hubert à Amboise, glace le sang (si on est peureux) ou prête à rire (si on est heureux). « C’est un peu comme dans la vie » n’est-ce pas ? En tout cas c’est ce que je me dis en affrontant les avalanches de réunions et autres obligations qui me tombent dessus en ce moment. Il suffit de se décaler un peu et tout paraît plus drôle et plus supportable.

mardi 17 novembre 2009

Prestige de l'uniforme

« Ha ! le prestige de l’uniforme ! », me disais-je en approchant de cette armure, dans la salle des gardes nobles du château d’Amboise. Pas très discret, un peu trop bruyant, mais si mystérieux et altier. Sauf que certaines gentes dames ont dû avoir des surprises, parce qu’une fois le chevalier décortiqué, ce n’était pas toujours un doux minois qui leur souriait !

lundi 16 novembre 2009

Ci-gît Leonardo da Vinci

La modeste tombe de Léonard de Vinci se trouve dans un coin de la chapelle Saint-Hubert, à Amboise. La première fois que je l’ai vue, j’étais une toute petite fille. Quand je repensais à cette première visite, je revoyais cette tombe que je plaçais en plein air, carrément devant la porte du château. Je revoyais aussi un bois, au pied du château, mais il n’y en a pas bien sûr... Peut-être se trouve-t-il au Clos-Lucé, à 500m de là, la « dernière demeure » du peintre, « où il vécut les trois dernières de sa vie... jusqu’au 2 mai 1519 » comme dit le guide. Si, de cette première visite, je n’ai retenu que la tombe de Leonardo da Vinci, c’est qu’à l’époque la mort, le monde invisible, les fantômes, ça me foutait une trouille bleue. A Bruges, dans une église, en apprenant ce qu’étaient ces gisants que je trouvais jolis, j’avais pris la poudre d’escampette. Quant au site romain de Volubilis au Maroc, je me revois encore en train de décamper vers la sortie en pleurant. Un couple d’Américains se refusait à croire que ce soit la vraie tombe de Leonardo et ils consultaient fiévreusement leur guide pour le confirmer. C’est vrai qu’on imagine que sa tombe est un monument fabuleux, quelque part en Italie, à la hauteur de son génie, mais non. Mais cette chapelle est magnifique. Quand il était enfant, François 1er y venait tous les jours entendre la messe. Il y a deux cheminées, ce qui était, paraît-il, exceptionnel pour l’époque. C’était marrant d’avoir dans son sac le magazine Historia de novembre titrant que Saint Louis « n’était pas un saint » sous des vitraux racontant ses hauts faits!

dimanche 15 novembre 2009

Une histoire de Fushimi

Le premier dessin de la mini-expo (au British Museum of course) sur le manga Professor Munekata de Hoshino Yukinobu, représente le fin limier au temple Fushimi Inari près de Kyoto. Le dessinateur explique que l’enfilade de toriis rouges représente la complexité de l’enquête que mène le Professeur. Devant cette image, j’ai repensé à ma visite là-bas en décembre dernier (ici), j’y voyais clairement ce que j’y avais vu, ce que j’y avais vécu et ressenti. Je me suis revue descendre du train, arriver devant le temple, commencer à gravir la colline, les chats, l’odeur de l’encens, mon état d’esprit (nageant dans un bonheur total)... J’ai vraiment marqué un temps et je me suis perdue dans mes pensées. Quand je suis « revenue à moi », j’avais une caméra braquée sur moi : l’équipe d’une télé japonaise faisait un petit reportage sur cette expo. Elle ne me lâchera pas d’une semelle! J’aurais voulu rentrer dans le trou d’une souris... Maintenant j’aimerais bien voir la tête que je faisais quand j’étais en trance devant le dessin du Fushimi... Ils ont dû se dire que j’admirais vraiment beaucoup le trait de Hoshino Yukinobu !

samedi 14 novembre 2009

Apocalyptique

Quelle ânerie 2012! Moi qui en attendait tant ! Ce que j’aime c’est voir ce qu’il advient de la terre après un tel cataclysme. J’ai été très marquée par l’image de La Planète des Singes où les héros découvrent la Statue de la liberté ensablée jusqu’au cou. Affligeant 2012. Le degré 0 du cinéma. Bête à manger du foin. Les dialogues sont cul-cul la praline (longues tirades larmoyantes et creuses), les acteurs sont d’une niaiserie inédite, sans âme ni imagination, et les meilleurs effets spéciaux on les voit dans la bande-annonce. Et même ces effets spéciaux ne sont pas si spéciaux que ça. Du toc. Du vide sidéral. Caricatural au possible (l’avide et sans coeur milliardaire russe, les Chinois méfiants et égoïstes, le Français esthète...) Un chapelet de clichés bêtas. Le pompon a été l’apparition de la reine d’Angleterre et de ses chiens corgies, et aussi le tunnel du pont de l’Alma, le sourire de la Joconde (clin d’oeil stupide à un autre film stupide), et la mention de mon cher British Museum, mais là sans dire quelle oeuvre est mise à l’abri (j’imagine que le scénariste n’y a jamais mis les pieds... Moi je serais d’avis de sauver d’abord son directeur), les allusions au 11 septembre sous la forme d’une pluie de cendres... avec des figurants maquillés à la va vite...C’était si bête que j’ai failli autant pleurer que devant Bright Star de Jane Campion, sur la vie et les amours du poète Keats, mais pour d’autres raisons ! Le cinéma était bondé de spectateurs bruyants, turbulents, dont les mandibules n’ont pas cessé de fonctionner pendant plus de 2h, répondant sans gêne à leur portable, migrant en vagues successives vers les toilettes tant la bière avait coulé à flot avant la séance de 20h12. En sortant la salle était un vrai champ de bataille, jonchée de popcorn (il y en avait plus par terre que dans les gosiers !), de gobelets, de papier divers... il y avait tant de personnes se précipitant vers la sortie tels les moutons de Panurge – certains ont quitté la salle sans attendre la dernière image une fois l’affaire dans le sac - qu’on aurait dit une des scènes clé du film... Là je me suis dit que si on annonçait la fin du monde, je préfèrerais mourir tout de suite écrasée sous le buste du beau Ramsès II au British Museum ! Une belle mort !

vendredi 13 novembre 2009

Week-end style Henri II

J’aime le vendredi. Je cours partout, j’ai pleins de corrections, mais cela ne me pèse pas. Dès le jeudi soir en fait, c’est comme si je grimpais sur une sorte de lit Henri II (celui-ci est au château d’Amboise) et que je tirais les rideaux sur le reste de la semaine.

jeudi 12 novembre 2009

Automne au château

Il faut, en sortant de la gare d’Amboise, aller tout droit, un peu au hasard. Puis traverser la Nationale à ses risques et périls. Et voilà le pont qui enjambe la Loire. J'ai peur de ne plus retrouver mon chemin... Le paysage fluvial rappelle le tableau de Max Ernst « Le Jardin de la France », bien sûr. Le château est à l’horizon. Des parfums de cheminée empreignent l’air.Dans la cour de la première maison à gauche, près du château, il y a cette statue de Louis XI. Nul besoin de rentrer dans la cour pour vérifier l’identité du personnage. On dirait qu’il va descendre de son socle et se diriger vers vous pour vous ouvrir la porte.
La ville est un peu morte, mais vu le nombre de cafés, pâtisseries, et marchands de souvenirs, il est facile d’imaginer l’effervescence estivale. Peut-être visite-t-on les châteaux en été parce que dans notre imagination cette saison s’accorde bien à la vie des rois et des reines. Moi je préfère l’automne ou l’hiver. Il y a environ 500 ans, il faisait peut-être le même temps sur Amboise, et quelqu’un avait pris soin de faire une belle flambée dans la chambre de François 1er ...

mercredi 11 novembre 2009

Beaux Arts

Dans la cour du Musée des Beaux-Arts de Tours se trouve un vénérable cèdre du Liban et quand je vais aux cinémas Studios, je ne manque pas d’y jeter un coup d’oeil. Ce sont toujours les mêmes banales questions qui viennent à l’esprit : comment peut-on être aussi massif, aussi vieux, aussi gigantesque jusqu’à « tutoyer le ciel » ? La lumière dorée qui passait entre ses branches est un des plus beaux souvenirs de mon court séjour à Tours.
Je m’attendais à voir une expo sur la Pompadour, mais j’étais en retard d’un an. A la place on pouvait visiter une très belle et originale expo sur Max Ernst qui a vécu en Touraine entre 1955-1968 et y a fait des collages et des peintures « riches et variés » comme on dit. Le musée a aussi une nouvelle salle dédiée à L’Art à Tours entre Moyen Age et Renaissance et moi, lire : « ce foyer d’exception que fut la Touraine de Louis XI, Charles VIII et Louis XII » me fait rêver. Louis XII est le fils de Charles d’Orléans.En me dirigeant ensuite vers les Studios, je tirais des plans sur la comète: Et si je faisais une maîtrise d’Histoire de l’Art ? ou bien non, une maîtrise d’histoire tout court ? De toute façon, ce quartier a toujours le même effet sur moi. J’imagine toujours, en le traversant, les autres vies que j’aurais pu avoir ou que je pourrais avoir si... Peut-être parce que c’est là que j’ai passé mon bac, et qu’avec toutes les cartes en main j’aurais pu faire des études différentes. Je pense de plus en plus que j’aurais dû faire de l’histoire car c’est le sujet, entre tous, qui me passionne le plus.
J’ai ensuite vu Les Herbes folles, le film d’Alain Resnais. Je me souviens combien j’étais enthousiaste en sortant du musée. Il y avait beaucoup de Tourangeaux qui avaient suivi ce même itinéraire en ce samedi après-midi ensoleillé, au lieu de faire les magasins de la rue Nationale assez déprimante. Il régnait comme un esprit de découverte et de curiosité entre le musée et le cinéma. Mais ce film bizarre nous a laissés dubitatifs, et en sortant du cinéma j’avais l’impression d’être ventriloque parce que tous les spectateurs qui sortaient de la salle posaient tout haut les questions que je me posais tout bas...

mardi 10 novembre 2009

Rituels gourmands

J’aime les oeufs en gelée – aujourd’hui quand la tranche de saumon fumé remplace le jambon on les appelle aspics norvégiens. C’est un plaisir multiple : celui d’aller en acheter un (ce qui veut dire que je suis en France et en vacances) toujours au même endroit, celui de savoir qu’après mon premier tour en ville qui m’a menée dans ma librairie préférée, il m’attend dans mon assiette. Ça se passe toujours comme ça : je me presse sur les pavés disjoints de la rue où habitent mes parents comme quand je revenais de la fac autrefois, je suis en retard (bien que personne ne s’en formalise), je pense aux années passées dans cette même rue et à tout ce qui s’est passé depuis, je sonne à la porte, je gravis les marches, je jette sur mon lit les paquets pleins de livres, et quand je rentre dans la cuisine je le vois tout doré, tout miel, tout ambré, dans mon assiette. Certains me disent que c’est facile à faire les oeufs en gelée, qu’importe ! Toute mes années à Tours, entre 15 ans et 23 ans, se nichent dans ce moelleux édifice. C’est comme une boule de neige en plastique qui raconterait cette histoire un peu triste.Vu leurs ressemblances, je soupçonne même mon attirance pour les babas au rhum de découler de ma passion pour les oeufs en gelée. Au soir de ma première journée, au retour du cinéma, c’est un baba au rhum que j’ai en dessert. En fait c’est un rituel, une fois ces deux « madeleines » avalées, dégustées, savourées, je me moque un peu de ce qu’il y a dans mon assiette.