mardi 30 novembre 2010

Ouvrons les archives

Que racontent ces photos dont je ne sais que faire et qui encombrent mon disque dur? Par exemple cette photo a été prise à la mi-août 2009. R. et moi allions passer la journée à Manchester. Nous évoquons souvent ces quelques merveilleux jours passés ensemble dans le nord. On était vraiment heureux et on le savait. Je ne sais pas pourquoi les canards me fascinaient à l’époque. Aujourd’hui c’est les mouettes, les pies et les rouge-gorge (et toujours les corbeaux)! Celui-ci fait trempette dans le parc de Buxton. Ce soir-là on allait à l’Opéra. On logeait dans un Bed & Breakfast à l’autre bout de la ville, perché au sommet d’une colline – comme la bicoque d’un film d’horreur - il nous fallait une plombe pour le rejoindre. Nul besoin de préciser que ce n’était pas moi qui m’étais occupée des réservations !En août 2009 je me rendais quotidiennement au British Museum. C’est la seule photo qui me reste de ces visites. Depuis le printemps mon intérêt pour l’art s'était transformé en une vraie passion. Alors que j’ai déjà noté dans mon agenda toutes les expos que je compte aller voir en 2011, j’évite de penser à toutes celles que j’ai ratées au British Museum et ailleurs avant 2009 !Cet été-là je lisais un livre de Marc Fumaroli. Il avait fait une expo de photos d’arbres. J’avais aussi vu une expo de photos d’Abbas Kiarostami qui photographie aussi les arbres. Je m’y suis risquée... Cette photo a été prise en août 2009 au Jardin du Luxembourg à Paris. J’étais venue pour une petite journée. J’avais déjeuné avec une amie près de la place Saint-Michel. Je ne sais pas quand j’avais trouvé le temps d’aller voir Notre-Dame.J’aime les représentations d’Eve et d’Adam.
Ils observent la foule qui se presse à l’intérieur de la cathédrale en se tenant la tête... Je n’ai jamais réussi à savoir quel personnage cette statue représente .
Ce jour-là j’avais visité pour la première fois le musée du Quai Branly. Juste avant le début des cours, à l’automne 2009, j’y étais retournée voir l’expo Teotihuacan. C’était la dernière fois que je n’allais que pour une journée à Paris. Ma fringale pour les musées « m’oblige » à y aller plus souvent et plus longtemps maintenant.
Quand j'y pense, 2009 est une vraie année pivot où beaucoup de choses se sont mises en place petit à petit et qui me semblent toutes naturelles aujourd’hui.

lundi 29 novembre 2010

Où vas-tu Benedict?

Au départ on ne le connaissait pas trop. Pourtant il avait joué dans de nombreux films et des pièces de théâtre, mais il n’avait pas encore « éclaté ». Et puis soudain, cet été, il a tourné dans un feuilleton à succès et sa carrière était lancée. Depuis, on se l’arrache.Il était sympa, cool, bien dans sa peau, intelligent et cultivé... Mais sa vie s’est accélérée, il ne sait plus où donner de la tête, il s’écoute de plus en plus parler vu qu’on l’écoute comme un oracle. Il est devenu médiatique.Le jour du Prince’s Trust Rock Gala, la semaine dernière, il est arrivé habillé comme l’as de pique. Lui d’habitude si élégant, il s’était affublé d’un chapeau mou et d’un costume noir en laine peignée assorti de tennis bleues. Un journaliste de la BBC s’est précipité sur lui et après avoir rappelé ses hauts faits télévisuels, lui a demandé son avis sur le futur mariage des tourtereaux royaux. C’était un peu pathétique !Ce mois-ci il est dans tous les magazines féminins. C’est devenu une vraie figure de mode. Il prend la pose, l’air si sérieux, si étudié. Le succès lui a monté à la tête. Mais on sent que tout ce buzz est très calculé. On sent que son agent fait tout pour capitaliser sur son succès, pour le faire connaître, pour obtenir des rôles de plus en plus prestigieux (il vient de tourner avec Spielberg), et pourquoi pas, aller faire carrière à Hollywood. Tant mieux pour lui mais c’est vraiment triste quand même, j’ai l’impression qu’il est en train de perdre son âme et de devenir imbuvable. Dommage, moi je l’aimais bien, Benedict.

dimanche 28 novembre 2010

Laurence Orson Welles Olivier

Comment ai-je pu les confondre? Je n’en reviens pas ! Je crois que je n’avais jamais vu Laurence Olivier avant – ou je l’avais vu sans savoir que c’était lui - alors je lui ai donné le corps de Orson Welles. Orson Welles pouvait être à la fois lui-même et Laurence Olivier. Jusqu’au jour où j’ai vu Richard III avec Laurence Olivier. Comment cette petite personne avait-elle pu se transformer en grand et gros bonhomme barbu ? C’est en réalisant mon erreur qu’ils ont pu regagner chacun leur corps respectif. Maintenant Laurence Olivier est partout : je suis allée voir Hamlet à l’Olivier Theatre, quand je déjeune à la National Portrait Gallery son portrait orne le mur et le menu ! Quand je vais à Paris le cinéma en bas de la rue joue The Boys from Brazil dans lequel il joue et je passe devant sa bobine tous les jours. Ce qui me choque c’est que cela ne me perturbait pas plus que ça de mettre le même visage sur deux noms différents. Maintenant je regarde tous les films dans lesquels Laurence Olivier a joué. En regardant Rebecca de Hitchcock, que j’avais déjà vu il y a longtemps, je me suis aperçu que j’avais toujours cru que le rôle était tenu par Orson Welles. J’ai vraiment du mal à donner un corps au nom de Laurence Olivier.

samedi 27 novembre 2010

La dinde de la farce

Ce matin, à l’heure où blanchit la ville, dans un froid de canard – les toits étaient recouverts d’une fine pellicule de gel – je suis montée à bord d’un bus vide qui, comme le chat-bus d’un film de Miyazaki, brûlait tous les arrêts. Je me suis retrouvée au centre ville en quelques minutes.Les rues étaient quasi désertes. Le temps de m’acheter un café pour me réchauffer dans une gargote qui, en semaine, déborde de clients, me voilà dans le hall de la fac. Surprise : il fourmillait d’étudiants. On y donne des cours de langues le week-end ai-je appris à mes dépends. Je trouve ma photocopieuse préférée, et moi qui pensais que le samedi je serais tranquille, j’étais dérangée toutes les 5 minutes... J’avais vraiment bien choisi mon jour ! Une heure plus tard, quittant la fac avec la satisfaction du devoir accompli, je m’aperçois que le décor avait totalement changé.Dans la rue, on installait un écran géant, des baffles gigantesques, des kilomètres de lampions et de lasers multicolores... Des paniers à salade et des ambulances s’étaient garées le long des rues – cela me choque toujours de voir qu’un événement sensé égayer une journée occasionne aussi la venue de policiers et d’infirmiers. Justement, çà et là, des escadrons d’infirmiers, de policiers et de balayeurs, endossaient leur affreux petit gilet jaune fluo en affûtant seringues, bâtons et balais.
Les rues étaient bien sûr interdites à la circulation – mais pas celle des badauds qui affluaient comme un vol de sauterelles sur les magasins du West End pour dépenser toutes leurs économies. J’imagine les directeurs des grandes enseignes et des plus petites se frotter les mains et se lécher les babines devant l’arrivée de ces clients si motivés !Résultat des courses, il n’y avait plus de bus. Je me suis donc retrouvée avec mes tonnes de photocopies « Gros Jean comme devant », à devoir descendre tout Oxford street dans le sens inverse des shoppers rapaces, qui commençaient à jouer des coudes dans tous les magasins qui bordent la rue.
J’ai enfin trouvé un bus qui m’a ramenée chez moi, dans mon quartier calme. Pendant toute cette épopée, je me suis efforcée de garder mon calme. En fait, j’aime bien cette saison, j’aime bien l’idée qu’il y ait des gens qui vont passer leur samedi à faire flamber leur carte de crédit, qui vont aller de magasin en magasin comme des abeilles, et acheter des cadeaux pour auntie Daisy et uncle Basil. J’ai vu un groupe de copines qui sortaient d’un des premiers magasins de la rue, les bras déjà chargés de paquets. Elles avaient l’air de bien s’amuser. Elles finiront leur périple à Marble Arch au bout de l’après-midi, satisfaites de leur Christmas Shopping. Je les enviais quelque part – je ne sais pas qui je pourrais convaincre de faire ce chemin de croix avec moi ! Je me suis imaginée me joignant à elles... quel boulet je serais ! Elles auraient tôt fait de me fausser compagnie.
J’ai pris mon bus adoré près du musée vénéré. Il paraissait abandonné sous ce ciel plombé... Comme tous les musées d’aujourd’hui, il regorge de produits dérivés, on peut y trouver de quoi remplir tous les « petits souliers », ce sont ses étagères que j’aimerais mettre sans dessus dessous, non celles de H&M à la recherche d’une exclusivité Lanvin! Mais les week-ends avant Noël, il faudrait que les momies se mettent à danser le French cancan pour qu’on vienne se les farcir !
(Les photos de ce billet ont été prises dans une des musées les plus fantasques : le Pitt Rivers Museum d’Oxford)

vendredi 26 novembre 2010

Quel Amboise!

We went on shore at Amboise, a very agreeable village, built of stone, and the houses covered with blue slate, as the towns on the Loire generally are; but the castle chiefly invited us, the thickness of whose towers, from the river to the top, was admirable. We entered by the drawbridge. It is full of halls and spacious chambers, and one stair-case is large enough, and sufficiently commodious, to receive a coach. There is some artillery in it : but that which is most observable is in the ancient chapel, viz. a stag's head, or branches, hung up by chains, consisting of twenty brow-antlers.

John Evelyn, 2 mai 1644
The town of Amboise lies, like Tours, on the left bank of the river, a little whitefaced town, staring across an admirable bridge, and leaning, behind, as it were, against the pedestal of rock on which the dark castle masses itself. The town is so small, the pedestal so big, and the castle so high and striking, that the clustered houses at the base of the rock are like the crumbs that have fallen from a well-laden table.The platforms, the bastions, the terraces, the high-perched windows and balconies, the hanging gardens and dizzy crenellations, of this complicated structure, keep you in perpetual intercourse with an immense horizon.I remember, in particular, a certain terrace, planted with clipped limes, upon which we looked down from the summit of the big tower. It seemed from that point to be absolutely necessary to one's happiness to go down and spend the rest of the morning there; it was an ideal place to walk to and fro and talk.

A Little Tour in France de Henry James (1900)

J'aurais aimé visiter Amboise avec John Evelyn ou Henry James... [ici] et [ici]. Surtout avec John Evelyn [ici]. La première fois où je suis allée à la National Portrait Gallery, j’avais acheté une reproduction de ce portrait. Je l’ai encore. Je ne savais rien de sa vie fascinante, et je n’avais pas encore lu les milliers de page de son célèbre journal. Son visage, sa chemise, me plaisaient. Il devait représenter pour moi cet Anglais que j’avais entrevu dans les romans étudiés à la fac... Aujourd’hui – et je le vérifie à chaque fois – on ne vend plus cette carte au magasin du musée. L’ont remplacée les portraits de la famille royale et des vedettes de rock. Le chargé du marketing ne peut s’imaginer qu’il y a parmi les visiteurs une fan de John Evelyn, diplomate et diariste du XVIIe siècle, qui possédait du côté de Greenwich, un des plus vastes jardins d’Europe, et qui, en 1644, visita le Val de Loire.

jeudi 25 novembre 2010

Dans un mois...

Dans tout juste un mois... ce sera Noël ! Fantastique ! Je ferme les yeux et j’imagine...
J’aurai remisé au placard ma panoplie de prof, j’aurai regardé pour une dernière fois mes emails, j’aurai fait un grand ménage d’hiver chez moi, et toutes mes cartes de Noël auront été expédiées à temps.
Alors je profiterai de mes vacances à fond.
Le matin, je me lèverai tôt pour écrire (un article pour une revue universitaire). Aurais-je la discipline nécessaire pour cela ? Je me souviens d’un Noël où j’avais dormi comme une marmotte.
Puis je lirai les derniers bouquins qui se sont accumulés partout. J’en lirai un par jour ou presque. Et pourquoi pas deux ? Je me vois vautrée, et bouquiner bouquiner jusqu’à plus soif...
Je ne me ferai pas tirer l’oreille pour aller au cinéma voir tous les feel good movies de la saison.
Je ne prendrai pas un thé sans l’accompagner d’un mince pie agrémenté d’une noix de Brandy butter.
Je me baladerai dans Londres, dans ses musées, dans ses parcs en oubliant la fièvre acheteuse de mes compatriotes.
Je rencontrerai mes amis et on fera comme si ces vacances duraient toute la vie.
J’écouterai l’impressionnant silence de la rue le soir de Noël et le matin de Noël.
Vivement que ces réjouissances commencent!

mercredi 24 novembre 2010

Jusque dans mes rêves

J’étais assise à l’ombre d’un cocotier, sur une plage de sable fin. Cette plage se perdait à l’horizon. Le sable était presque blanc sous le soleil.Devant moi une mer bleue, d’un bleu profond, s’étalait. Il y avait quelques vaguelettes. Je devais être sur un atoll du Pacifique. Une île déserte peut-être.
Un chien a surgi de la jungle derrière moi, il s’est lové contre moi. Et je me suis demandé si l’heure n’était pas venue d’aller nous ébattre dans l’eau.
Avant, j’ai ouvert mon ordinateur portable pour répondre à mes emails. Cela ne me pertubait pas du tout de le faire... Le chien chahutait, il voulait aller dans l’eau ! Ses coups de museau m’ont réveillée... Mais ce rêve m’a permis d’être moins stressée en ouvrant ma boîte email ce matin-là.

mardi 23 novembre 2010

La fête de 17h50

A 17h50, le mardi, en fin d’après-midi, je suis toute hébétée.
Je range mes affaires, une à une, lentement. J’efface le tableau machinalement. Je m’emmitoufle dans mon manteau. Je prends l’ascenseur. Je passe ma carte dans le tourniquet...
Je sens alors combien j’ai donné de ma personne toute la journée, combien je me suis dépensée sans compter. A 17h50, c’est fini : je ne peux plus donner une parcelle de moi-même, accorder une seconde de mon temps, à qui n’est pas un ami proche.
Ma fatigue s’envole quand je me retrouve dans la rue, quand je me faufile parmi les passants pour aller prendre mon bus, quand je vois les guirlandes de Noël dans les vitrines des magasins.
C’est un moment si doux, je suis si heureuse alors que je pourrais danser la gigue, faire des cabrioles, ou chanter à tue-tête. C’est une bonne récompense !

lundi 22 novembre 2010

I beg your pardon?

Que venait faire Sa Gracieuse Majesté sur un mur du Quartier Latin ? Comment la Reine d’Angleterre a-t-elle pu servir de support aux manifs sur l’âge de la retraite ? Le plus drôle c’est que cette affiche qui m’a laissée aussi perplexe se trouvait rue Champollion !

dimanche 21 novembre 2010

Les flammes ont poussé sur moi comme des feuilles (Apollinaire)


J'ai jeté dans le noble feu
Que je transporte et que j'adore
De vives mains et même feu
Ce Passé ces têtes de morts
Flamme je fais ce que tu veux

Le Brasier
Guillaume Apollinaire
Il y a quelques années, pas loin d'ici, je louais une grande chambre avec une cheminée. Je passais des jours entiers allongée devant, à bouquiner et à faire du russe, car à l’époque j’apprenais le russe. Il faut dire que cette chambre sous les toits était humide, que les fenêtres fermaient mal, et que les radiateurs n’étaient pas géniaux non plus. J’y pense, en ce matin de novembre glacé, dans mon petit appart douillet. C’est la journée idéale pour lire un bon roman en sirotant du thé.Mais voilà... je dois travailler un peu, un peu... et lire – mais pas un roman. Quelque chose d’agréable et d’érudit, mais pas un roman. Avec tous les bouquins que j’ai engrangés ces derniers mois, cette envie de lire un bon roman est en train de tourner à l’incendie. Je pense à quelqu’un qui, au coin d’un bon feu de bois, dans un vert hameau du Hampshire, va tourner les premières pages de Total Khéops de Jean-Claude Izzo. Son chien va venir se blottir devant la cheminée aussi. Le thé sera prêt à 16h45, comme dans toutes les bonnes maisons d’Angleterre. Et les flammes vont danser, danser, dans la cheminée...