À mes pieds

J’ai un cor au pied
l’ignore qui m’accompagne

Havres d’Abbas Kiarostami la sente
n’en finit pas
au-dessus de ma tête
un petit bout de nuage
un nuage comme un oreiller
les chaussures blessent mes pieds

Havres d’Abbas Kiarostami

Chers pieds, dans 10 jours vous serez mis à très forte contribution. Surtout le 12 novembre. Ne vous inquiétez pas, le 11 ce n’est pas vous qui m’amènerez de Londres à Paris, il y a des trains pour ce genre de voyage. Et sur place, vous croirez battre encore le pavé londonien parce que nous allons simplement faire quelques mètres – boulevard Saint-Michel (seulement une petite portion), rue de l’Ecole de Médecine, Odéon - et là, vous reposerez sur le tapis élimé d’une salle de cinéma. Mais le 12... Le 12, chers pieds, vous serez à ramasser à la petite cuillère. Le matin, bon pied bon oeil, c’est à longues enjambées que vous vous dirigerez vers le musée de Cluny. Là-bas, les salles sont si vastes, les oeuvres si monumentales, que vous n’aurez pas à piétiner. Puis nous continuerons à nous dégourdir les jambes en direction du Grand Palais, pour rebondir au Mémorial de la Shoah, pour sauter à pieds joints dans la cour du Louvre ensuite. De nouveau, je ne compte lever le pied que dans une salle de cinéma. Vous comprenez que si vous n’en faites qu’à votre tête, ce petit parcours culturel risque de se hérisser de haies. En faisant les endoloris, Paris deviendra une « ville des pas perdus » !

Ne vous faites pas tirer l’oreille car après le 12, il y a le 13, et Orsay et Jacquemard-André s’attendent à notre visite. Pour vous éviter de faire les cent pas, puisque vous êtes de vrais V.I.P (Very Important Pieds), voyez comme je vous soigne : tous les billets sont déjà réservés ! Comme d’habitude je vous laisserai quartier libre pour traîner vos pattes sur le plancher des librairies et la terre du Jardin du Luxembourg. Ce sera le pied ! Maintenant il s’agit d’éviter d’attraper un rhume, car si c’est le cas, ce serait, vous en conviendrez avec moi, un vrai pied de nez !