lundi 31 mai 2010

Que les soleils sont beaux dans les chaudes soirées !

« Les étoffes parlent une langue muette, comme les fleurs, comme les ciels, comme les soleils couchants » écrit Baudelaire dans La chambre double (Petits poèmes en prose). Dans Elévation (Les Fleurs du Mal), il écrit : « Heureux celui (...) qui plane sur la vie, et comprend sans effort/Le langage des fleurs et des choses muettes ! » Comme le poète j’aimerais planer sur la vie et comprendre la langue muette du soleil couchant. Mais comment faire pour y parvenir ? Il nous faudrait tendre l’oreille à toutes ces langues muettes, comme celle que les toits chuchotent pour parler aux étoiles:

Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s’alourdissent,
que s’alourdit la langue des chœurs alternés.
C’est l’heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S’accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement.
Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s’éteint dans l’intimité d’odeurs âcres et douces.

« Nuit de Sine » (Chants d’ombre) de Léopold Sédar Senghor

dimanche 30 mai 2010

Je comprends la reine d’Angleterre

Je comprends, depuis peu, la passion d’Elizabeth II pour les Corgies. Qu’il était affectueux ce jeune chiot ! Si mignon, si pataud, si espiègle ! La dame au chien, qui nous l’a montré, l’appelle Lex. Moi je l’appellerais Gérard, Marcel, Eric ou Patrick. C’est que la dame au chien n’est pas très sentimentale envers ses toutous. Ce sont des animaux, des bêtes à concours, pas des chienchiens à sa mémère ! Moi, j’avais envie de couvrir de baisers le museau de ce bébé corgi, comme doit le faire sa gracieuse majesté quand personne ne la regarde.
Pendant que nous batifolions avec le chiot, d’énormes chiens, plus grands que moi, aboyaient, se jetaient de toute leur masse sur la porte, pour la briser et venir nous dévorer. Quand nous passions près d’eux, ils aboyaient de plus belle, la gueule béante, tous crocs dehors. S’ils avaient réussi à ouvrir la porte, ils auraient fait de la charpie de nous. Je n’aurais pu m’échapper qu’en montant à cru sur le cheval qui paissait dans l’enclos d’à côté, comme un Sioux... C’est à dire que j’aurais fini en chair à pâté. J’en frémis rétrospectivement !

samedi 29 mai 2010

L'insecte et la pâquerette

J’ai rêvé, dans la nuit qui suivait la « grande messe des corrections », j’ai rêvé qu’au matin, en me levant, je découvrais qu’un insecte immonde avait fait son nid dans mon couloir, près de ma porte d’entrée. Rien à voir avec ce joli insecte vert sur cette marguerite ! Un énorme insecte, visqueux, pris dans une toile, une sorte de ver géant. Dans mon rêve, au lieu de me démonter, je me saisissais d’un balai et, ni une ni deux, je décapitais cette monstruosité, puis la coupais en deux par le milieu, sans l’ombre d’un dégoût. Quand je me suis réveillée, c’est là que j’ai fait la grimace. En réfléchissant, le sens de ce rêve me paraît évident : cet insecte gluant c’est le stress généré par le travail. Ça m’a fait rire de boucler cette année par ce rêve. Cela montre vraiment que dans ma tête j’ai tiré un trait, que je suis passée à autre chose.

vendredi 28 mai 2010

Les travaux d'Hercule (Poirot). Pour N.

Vous vous souvenez de Hart to Hart (L’Amour du risque en français), le feuilleton américain avec Stefanie Powers et Robert Wagner ? De Jonathan et Jennifer « les justiciers milliardaires », avec leur cuisinier futé et leur chien qui les suivait partout sur la banquette arrière de leur voiture de sport ? J’ai un peu joué à ça hier, en sillonnant les petites routes du Hampshire en décapotable.Quel abominable crime avait donc été commis, quelle terrible disparition constatée, quel précieux objet escamoté pour que l’on fasse appel à notre sagacité ? C’est bien simple : le bonheur, le repos, la paix de l’esprit, la joie de vivre au naturel, l’optimisme, avaient pris la clé des champs. Et c’est là, en pleine nature, que Basil, notre fin limier, a reniflé leurs premières traces. Autant chercher une aiguille dans une botte de foins, vous dites-vous... Mais c’est sans compter sur notre infaillible flairNous avons récupéré le repos éternel dans un petit cimetière...L’optimisme, qui trouve tout super chouette, nous l’avons déniché dans la petite église attenante.Nous avons pris la paix dans nos filets...En tournant trois fois ces têtes vers la gauche et 6 fois vers la droite...La joie de vivre, extrêmement rusée, se dissimulait derrière cette porte verte à l’insigne du renard.
Mais notre plus grande prise, c’est là que nous l’avons faite!Il nous a suffit de chuchoter le mot de passe - « Two cream teas » - au serveur extravagant...Pour prendre au piège celui qui nous file sans cesse entre les mains, que nous poursuivons sans relâche jour et nuit, l’Arsène Lupin de notre vie... le bonheur, l’élusif bonheur.... pour le mettre à l’ombre... pardon, au soleil, pour longtemps!

jeudi 27 mai 2010

Souvenir d'un jour bleu

Quand le ciel est aussi bleu sans l’ombre d’un nuage à l’horizon, on aimerait en découper une tranche, la garder au chaud, pour les jours gris, comme aujourd’hui. Conserver un petit coin de ciel azur au frigo, parmi les sorbets et les « doigts de poisson ». Comme une épice, un ingrédient de plus à mélanger à toutes les sauces, à saupoudrer sur ses cornflakes, à ajouter à ses salades.Quand le ciel est aussi bleu, on imagine se promener dans les jardins suspendus de Babylone...Ou dans le Horti Sallustiani, à Rome, dont l'illustre jardinier fut l’historien Salluste, ami de César.Soudain, un coup d'aile et une voix attirent votre attention de « sous la ramée ». Quel est cet oiseau moucheté, aux plumes léopard? Les corbeaux et les pigeons vont-ils se faire damer le pion cet été dans mon quartier?Le soir, à la fraîche, le jasmin embaume. On entre dans le jardin et on dit « le jasmin », comme une évidence, comme s'il avait annoncé sa venue avec tambours et trompettes. Si j’étais une fleur, j’aimerais être une fleur de jasmin.
Si j’étais chat j’aimerais être la douce (mais zinzin) Zoé, avec sa robe couleur jasmin.

mercredi 26 mai 2010

La découverte du légume bleu

J’ai enfin trouvé la montre de mes rêves ! (ici) Etrange de s’acheter enfin une montre le jour où justement le temps commence à m’appartenir. C’est une montre d’été. Je vais avoir plein de temps pour moi, c’est l’otium de l’an dernier qui recommence, avec des réunions à foison – on ne s’en lasse pas – mais des périodes libres, rien qu’à moi, où je ne compterais pas les heures. Comme d’habitude ce soir, j’étais en avance sur le rendez-vous, alors pour tromper le temps, je suis allée dans le café aperçu par la vitre du bus : Blue Légume (ici) sur Church street à Stoke Newington. C’est un café dont on tombe instantanément amoureux. En ce début de soirée il y avait peu de monde, une fille lisait, une autre écrivait sur son ordinateur, les clients arrivaient peu à peu. En lisant les critiques sur le net, je m’aperçois que c’est un café très connu et apprécié. Je l’ai senti tout de suite dans la décoration, l’atmosphère calme, les sourires...Moi j’allais dîner indien dans un restaurant rose, Rasa (ici). J’avais pensé toute la journée à ce dîner. Je corrigeais, et j’y pensais, et je pensais à ma montre rose encore dans son écrin au magasin, je pensais que j’allais être libre, enfin, et je me sentais devenir euphorique.
Après le dîner, de la fenêtre du bus, quand il tourne et débouche sur Albion road, j’ai vu deux hommes qui discutaient devant un pub. Il est vrai que cette scène n’avait rien de remarquable : il y a des pubs à chaque coin de rue, et pleins de gens qui discutent en dehors un verre à la main ! Mais c’est dans ces flashes que je me rends compte où je vis, que je réalise que c’est mon quotidien. Et que ça m’étonne et me réjouisse encore, ça fait du bien.

mardi 25 mai 2010

Comment j'ai eu envie d'aller au bord de la mer

Il fait un temps divin, et quand on habite au coeur d’une grande ville, toutes les idées sont bonnes pour se rafraîchir. C’est alors que notre « cœur s'envole loin du noir océan de l'immonde cité, vers un autre océan où la splendeur éclate ». Même si cet « océan » le plus proche s’appelle la Manche. Quand on a travaillé comme une brute on se dit que seule « la mer, la vaste mer, consolera nos labeurs ».Etait-ce au milieu d’une récente nuit, en cherchant le sommeil, ou un matin à l’aube en quittant les bras de Morphée, que j’ai soudain eu envie de lire du Baudelaire ? Ne souhaitant quitter mon lit, j’ai écouté par dépit un épisode de Racines du Ciel sur France Culture. Coup de chance à la fin on y fit la lecture de Moesta et Errabunda (Choses tristes et vagabondes), un poème des Fleurs du Mal : « Emporte-moi, wagon ! Enlève-moi, frégate ! Loin ! Loin ! Ici la boue est faite de nos pleurs ! Loin des remords, des crimes, des douleurs, Emporte-moi, wagon, enlève-moi, frégate ? » C'est en entendant ces mots que j’ai échafaudé le projet de passer une journée à Brighton car les autres « paradis parfumés » sont trop loin pour que je m’y rende en un seul jour...

lundi 24 mai 2010

Souffler

Alors comme ça, Juliette Binoche a obtenu une palme pour son rôle dans Copie Conforme d’Abbas Kiarostami ? Tant mieux ! Cela veut dire que le film n’attendra pas mille ans pour sortir en Angleterre... mais qu’il était lourdingue son discours de remerciements... Je vais enfin avoir un peu de temps à moi aujourd’hui. Il fait si beau! Je vais retrouver un peu de normalité dans l’après-midi, avant les grosses journées de corrections de demain et de mercredi. Cela me semble un peu irréel.

dimanche 23 mai 2010

Une chanson dans la nuit


Il fait un temps merveilleux... dehors. A l’intérieur on étouffe, j’essaye de faire des courants d’air, et je travaille à fond en espérant que le temps n’attendra pas la dernière copie pour nous jouer des tours et virer au gris. Il me faut encore une journée intensive pour venir à bout des examens.
J’ai entendu Shooting Star (ici) une chanson de Harper Simon. Je ne connaissais pas ce chanteur. Hier soir, vers 22h. Il y avait une légère brise, bienfaisante. La chanson m’a détendue, et permis de continuer à travailler jusqu’à très tard. Il a une voix que j’aimais quand je faisais mes études d’anglais, elle représentait l’Amérique, donnait envie de partir sur les routes et de lire Kérouac ou Hemingway. Vers la fin de sa chanson il dit « Someday, you’ll be more than just a shooting star and maybe then you’ll realize just how much you meant to me, maybe someday you’ll be free ». Il y a une certaine jouissance à prononcer cette phrase comme lui, avec les différences de tons, les mots sont ronds, comme des bonbons, la phrase coule, on a l’impression qu’on a l’accent américain... ce matin j’ai réécouté cette chanson, mais le charme est rompu. Peut-être n’aurais-je pas dû chercher qui chantait, garder le mystère intact, afin de rester sur la sensation de bien-être d’hier soir.

samedi 22 mai 2010

Le plus dur c’est de s’y mettre

Deux ans aujourd’hui que ce blog existe et que je l’écris avec plaisir.
Aujourd’hui je vais corriger. Le plus dur sera de m’y mettre. Si le bâtiment où je travaille ne datait pas du XIXe siècle et ne craquait pas de partout, j’irai corriger dans mon bureau. J’y suis allée un samedi il y a longtemps, et ça grinçait, j’entendais des pas dans les couloirs, j’ouvrais la porte et ne voyais personne... J’imaginais que tous les fantômes du groupe de Bloomsbury profitaient de notre absence pour reprendre possession des lieux ! J’avais vraiment la trouille. En fait, peut-être devrais-je y aller et les mettre à contribution pour les corrections ? Virginia corrigerait les compositions et elle s’entendrait avec sa soeur pour les notes, Lytton corrigerait les compréhensions, et John Maynard, en bon économiste, pourrait corriger les transcriptions, et en faire le barème qui me pose toujours un casse-tête... Moi ? J’irais bouquiner au soleil dans le square d’en face !

vendredi 21 mai 2010

Ni vue ni connue

OUF... dernière journée de labeur...
Aujourd'hui je vais, comme toute cette semaine, arriver tôt, un café à la main. Je vais ouvrir tout grand la fenêtre qui donne sur le square, et les cris des corbeaux vont rythmer mes corrections.
Quand j'arrive, on passe encore l'aspi dans les couloirs. Et le portier va me dire "Good morning Ann" avec un accent inimitable. Je vais allumer l'ordinateur et mettre la radio. Personne ne s'imagine que je suis dans mon bureau, alors j'ai une paix royale.
De temps en temps, je fais une petite pause. C'est dangereux car je me mets à commander des bouquins. Je veux enseigner une pièce de Molière l'an prochain et à chaque colis qui m'attend dans mon casier correspond une de ces pausettes entre deux corrections.
Ce que m'aura appris cette semaine besogneuse c'est que j'aime bien mes collègues. C'est à ce moment de l'année qu'on se fréquente le plus et je me suis rendu compte qu'ils avaient beaucoup de qualités et faisaient preuve d'un grand professionalisme.

jeudi 20 mai 2010

Zinzin

Plus que deux jours... J'ai envie de penser à de belles choses, de me sentir comme Gauguin quand il s'embarque pour Tahiti. Dans la biographie, il est arrivé à Nouméa après un long périple. Ma vie s'est arrêtée, il y a un fouillis monstre chez moi, je n'ai rien dans mon frigo, je ne dors plus, et je m'en veux de prendre tout cela si au sérieux, d'être aussi exigeante, pointilleuse, pas cool quoi... quand il s'agit d'organisation.
Je veux être demain à 20h. J'aimerais de nouveau la vie quand Big Ben sonnera ses 8 coups...!

mercredi 19 mai 2010

Ce cher Robert

Bon, la semaine cauchemardesque continue son petit bonhomme de chemin. Plus que trois jours... En fait j’ai compris hier pourquoi elle était horribilis. Parce que la personne qui connaissait tout sur les examens n’est plus là. Il suffisait d’appeler R. et tout était réglé. Les étudiants le connaissaient et l’appréciaient, il était patient, il était toujours là... maintenant c’est une équipe qui est en charge, l’information est dispersée et personne ne sait plus rien... R travaille ailleurs, dans un fort joli bureau qui donne sur un jardin anglais en face du British Museum, si près et si loin à la fois. Pendant des années nous allions ensemble chercher les copies d’examen en traversant le square. Pendant des années il me disait « you need a hug » et il me serrait dans ses bras, ou « you need a massage », et il me massait les épaules, comme du bon pain. On se disait des « I love you » à tout bout de champ, comme dans les films américains... J’aimais rentrer à pas de loup dans son bureau et courir me jeter dans ses bras... Et on chantait tout le temps, surtout Le Gitan de Dalida pour les différences de voix qui nous faisaient rire. C’était une autre ambiance, un autre temps. Il faut s’adapter. Mais en voulant faire des économies, on a cassé le côté humain du travail et on fait perdre du temps à tout le monde.

mardi 18 mai 2010

Créer dans un esprit de partage

Il y a un an, presque jour pour jour, j’avais écouté un entretien avec Abbas Kiarostami sur France Culture au sujet de ses poèmes. Il s’apprêtait à tourner Copie Conforme en Toscane avec Juliette Binoche. Aujourd’hui ce film est présenté sur la Croisette et il sort demain en France. Cette nuit, lors de mon insomnie, j’ai écouté Abbas Kiarostami dans Cosmopolitaine (ici). Une très belle interview, très inspirante. Voilà, un an après, il va monter les marches de Cannes, s’asseoir dans un cinéma sous les applaudissements, et voir son film. Il va peut-être même se retrouver au palmarès. Je me suis posé de grandes questions cette nuit, alors que je cherchais désespérément le sommeil. Que produit-on quand son métier est d’enseigner ? Est-ce que je peux éprouver la même satisfaction que Kiarostami en fin d’année ? Hier une de mes étudiantes m’a dit « j’ai beaucoup appris ». Pour me remercier les étudiants emploient souvent cette formule et c’est là que je me rends compte que c’était mon but, en préparant mes cours pendant l’été précédent, qu’ils apprennent quelque chose, mais je ne me le formule jamais ainsi. Je veux amuser, surprendre, éveiller, donner envie de découvrir par soi-même, je veux créer une bonne atmosphère en cours, je veux faire un dossier agréable à feuilleter, je veux faire aimer le français et la culture française... mais jamais je ne me dis : je vais leur apprendre quelque chose. Peut-être le verbe apprendre, il ne faudrait le conjuguer qu'au passé composé. On vit un tas d’aventures et après-coup on dit « j’ai appris ». Et pendant cette année, de Kiarostami à Kiarostami, moi aussi , j’ai beaucoup appris.

lundi 17 mai 2010

La semaine de tous les dangers

C’est LA semaine des examens. Pourvu que tout se passe bien ! Que j’ai hâte d’être vendredi soir ! Cela fait trois mois que j’attends cette date, pour une toute autre raison que les examens de fin d’année. J’aurais aimé m’endormir le 26 février pour me réveiller au matin du 17 mai. Mais en fait c’est un peu comme si j’avais dormi, tel cet ours sous les pieds du Duc de Berry.Ou comme Charles V dans son sommeil de pierre. Ce n’est pas drôle de dormir pour l’éternité avec sa couronne, c’est aussi peu confortable que s’endormir avec les écouteurs de son mp3 vissés dans les oreilles !Mais, ce 17 mai, la fin de l’hibernation a sonné. Maintenant, nous, auditeurs de la BBC, sommes au moins assurés d’un quart d’heure de bonheur total tous les matins. De quoi se lever bon pied bon oeil !

dimanche 16 mai 2010

Voyage écourté

Robin des Bois, c’est terriblement ennuyeux. Ce que je retiendrai du film c’est son générique de fin, qui est très beau. Plus beau que le film tout entier. Mais il faut se taper 3h de vide avant de le voir. Le seul mérite du film c’est de m’avoir donné envie d’en savoir plus sur Aliénore d’Aquitaine. Et cette nuit j’ai rêvé que j’allais visiter l’Alhambra de Grenade. Je ne sais pas d’où me vient ce rêve. Peut-être des multiples châteaux forts et leurs remparts crénelés dans le film ? Je voyais devant moi la salle des Abencérages, mais comme le cavalier d’un poème de Lorca – qui lui allait à Cordoue - jamais je ne suis arrivée à Grenade, car le réveil m’attendait.

samedi 15 mai 2010

Le chant des Silènes

Mais t’étais où ? On ne t’a pas vue depuis au moins 2 semaines ! Nous ferais-tu des infidélités ?Tu nous délaisserais pour un autre musée et tu préfèrerais voir Dionysos, mon élève, en peinture plutôt qu’en terre cuite ou en bronze ?Je ne veux pas être désobligeant, mais c’est nous qui avons le directeur le plus chouettissime de la planète, non ? Et ils en ont, eux, de grandes tables qui se vident soudain, flanquées de l'auguste tête d’Amenothep III et d’un lion de granit, et autour desquelles on peut enseigner le passé récent et le futur proche avec, si on se retourne, la Pierre de Rosette? Mais non, eux, ils ont une brasserie chic et monacale.Les tableaux, Gauguin, Van Gogh, Poussin, Titien, c’est bien beau, mais les frises mésopotamiennes, c’est pas de la gnognotte, t’es pas d’accord ?Et c’est pas eux, à la National Gallery, qui te parleraient du roi maya Shield Jaguar III et de sa femme Lady Xook...Tu auras beau chercher, sur leurs murs tu ne verras jamais de reine maya se passer une corde à travers la langue et jamais on ne t’expliquera pourquoi son mari porte une tête fraîchement coupée sur le crâne ! Un dernier truc, le Prix Nobel Wole Soyinka, il était où hier soir ? J’ai bien dû m’incliner, ce Silène avait amplement raison de me faire la leçon. Il est temps que je me remette à user mes sandales sur les dalles du musée de tous les musées. Je ne peux rester trop longtemps loin de lui sans ressentir un manque. Et j’aime bien cette photo parce que j’y distingue mes ballerines rose indien de l’été dernier, usées jusqu’à la corde dans cet endroit, et qui mériteraient bien de partager un petit bout de vitrine avec quelques-unes des cothurnes grecques et autres babouches que Hans Sloane collectionnait! (Je file voir Robin des Bois!)