samedi 15 mai 2010

Le chant des Silènes

Mais t’étais où ? On ne t’a pas vue depuis au moins 2 semaines ! Nous ferais-tu des infidélités ?Tu nous délaisserais pour un autre musée et tu préfèrerais voir Dionysos, mon élève, en peinture plutôt qu’en terre cuite ou en bronze ?Je ne veux pas être désobligeant, mais c’est nous qui avons le directeur le plus chouettissime de la planète, non ? Et ils en ont, eux, de grandes tables qui se vident soudain, flanquées de l'auguste tête d’Amenothep III et d’un lion de granit, et autour desquelles on peut enseigner le passé récent et le futur proche avec, si on se retourne, la Pierre de Rosette? Mais non, eux, ils ont une brasserie chic et monacale.Les tableaux, Gauguin, Van Gogh, Poussin, Titien, c’est bien beau, mais les frises mésopotamiennes, c’est pas de la gnognotte, t’es pas d’accord ?Et c’est pas eux, à la National Gallery, qui te parleraient du roi maya Shield Jaguar III et de sa femme Lady Xook...Tu auras beau chercher, sur leurs murs tu ne verras jamais de reine maya se passer une corde à travers la langue et jamais on ne t’expliquera pourquoi son mari porte une tête fraîchement coupée sur le crâne ! Un dernier truc, le Prix Nobel Wole Soyinka, il était où hier soir ? J’ai bien dû m’incliner, ce Silène avait amplement raison de me faire la leçon. Il est temps que je me remette à user mes sandales sur les dalles du musée de tous les musées. Je ne peux rester trop longtemps loin de lui sans ressentir un manque. Et j’aime bien cette photo parce que j’y distingue mes ballerines rose indien de l’été dernier, usées jusqu’à la corde dans cet endroit, et qui mériteraient bien de partager un petit bout de vitrine avec quelques-unes des cothurnes grecques et autres babouches que Hans Sloane collectionnait! (Je file voir Robin des Bois!)

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