« Les étoffes parlent une langue muette, comme les fleurs, comme les ciels, comme les soleils couchants » écrit Baudelaire dans La chambre double (Petits poèmes en prose). Dans Elévation (Les Fleurs du Mal), il écrit : « Heureux celui (...) qui plane sur la vie, et comprend sans effort/Le langage des fleurs et des choses muettes ! » Comme le poète j’aimerais planer sur la vie et comprendre la langue muette du soleil couchant. Mais comment faire pour y parvenir ? Il nous faudrait tendre l’oreille à toutes ces langues muettes, comme celle que les toits chuchotent pour parler aux étoiles:
Voici que décline la lune lasse vers son lit de mer étale
Voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s’alourdissent,
Voici que s’assoupissent les éclats de rire, que les conteurs eux-mêmes
Dodelinent de la tête comme l’enfant sur le dos de sa mère
Voici que les pieds des danseurs s’alourdissent,
que s’alourdit la langue des chœurs alternés.
C’est l’heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S’accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement.
C’est l’heure des étoiles et de la Nuit qui songe
S’accoude à cette colline de nuages, drapée dans son long pagne de lait.
Les toits des cases luisent tendrement.
Que disent-ils, si confidentiels, aux étoiles ?
Dedans, le foyer s’éteint dans l’intimité d’odeurs âcres et douces.
« Nuit de Sine » (Chants d’ombre) de Léopold Sédar Senghor
« Nuit de Sine » (Chants d’ombre) de Léopold Sédar Senghor
5 commentaires:
J'ai fait mon travail de fin d'études secondaires sur la fadeur chinoise... à partir des écrits de Verlaine (et bien sûr le livre de F. Jullien). Avec le mot "planer", j'y repense. Envie de me replonger dans les mots de Baudelaire.
PS : Je ressens encore un sourire intérieur en pensant à cette pièce du dossier de police Rimbaud/Verlaine, découverte à la Bibliothèque royale de Belgique. Une lettre de Rimbaud qui commençait comme ça : "Je soussigné Arthur Rimbaud, 21 ans, homme de lettres." Pouvoir se définir avec autant de précision et en aussi peu de mots.
ici, première nuit où on aperçoit les étoiles, le vent du pôle sud a chassé les nuages de pluie.
Marie, tu devrais lire le Magazine Litteraire qui vient de sortir avec des documents inedits sur Rimbaud! C'est amusant que tu parles de Verlaine. samedi, j'etais dans une librairie francaise de South Kensington, et j'ai achete un magazine pour enfant sur Verlaine. Je me suis rendue compte que je ne le connaisais pas tant que cela. Et je me suis rachete les Fleurs du mal, j'en avais marre de mon vieil exemplaire tout rabougri. Je n'en reviens pas de cette odeur de violette!
Christine, j'ai entendu parler d'Auckland hier, j'ai pense a toi.
Je vais suivre ton conseil pour le Magazine Littéraire... Aussi grosse envie de racheter "Les Fleurs du Mal". Oh, le thé à la violette, c'est une longue histoire, j'en bois depuis presque 10 ans... Au Comptoir à thé, je suis "Madame Violette".
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