Il y a un an, presque jour pour jour, j’avais écouté un entretien avec Abbas Kiarostami sur France Culture au sujet de ses poèmes. Il s’apprêtait à tourner Copie Conforme en Toscane avec Juliette Binoche. Aujourd’hui ce film est présenté sur la Croisette et il sort demain en France. Cette nuit, lors de mon insomnie, j’ai écouté Abbas Kiarostami dans Cosmopolitaine (ici). Une très belle interview, très inspirante. Voilà, un an après, il va monter les marches de Cannes, s’asseoir dans un cinéma sous les applaudissements, et voir son film. Il va peut-être même se retrouver au palmarès. Je me suis posé de grandes questions cette nuit, alors que je cherchais désespérément le sommeil. Que produit-on quand son métier est d’enseigner ? Est-ce que je peux éprouver la même satisfaction que Kiarostami en fin d’année ? Hier une de mes étudiantes m’a dit « j’ai beaucoup appris ». Pour me remercier les étudiants emploient souvent cette formule et c’est là que je me rends compte que c’était mon but, en préparant mes cours pendant l’été précédent, qu’ils apprennent quelque chose, mais je ne me le formule jamais ainsi. Je veux amuser, surprendre, éveiller, donner envie de découvrir par soi-même, je veux créer une bonne atmosphère en cours, je veux faire un dossier agréable à feuilleter, je veux faire aimer le français et la culture française... mais jamais je ne me dis : je vais leur apprendre quelque chose. Peut-être le verbe apprendre, il ne faudrait le conjuguer qu'au passé composé. On vit un tas d’aventures et après-coup on dit « j’ai appris ». Et pendant cette année, de Kiarostami à Kiarostami, moi aussi , j’ai beaucoup appris.
1 commentaire:
Learner or teacher?
That's the question ..
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