Après avoir dépassé le riant Hyde Park, et avant le célèbre Harrods, le bus a viré sur la gauche pour continuer sa route dans Sloane street vers Chelsea. Un coup de volant subtil, et me voilà, sans transition, dans un Londres aux antipodes de celui que je connais. J’aurais pu me croire, en cette journée ensoleillée, en vacances dans une station balnéaire du sud de l’Europe. L’air me paraissait lumineux, l’atmosphère langoureuse, les bâtiments élégants, les rues larges, les jardins bien tenus. Ne manquaient plus que des palmiers à cet oasis! Plusieurs terrasses de cafés, aux noms évoquant la dolce vita et le farniente, s’étalaient autour d’un square ombragé. Des habitués, bronzés, élégants, y paressaient, sirotant leur boisson avec nonchalance. Leurs vêtements chics provenaient sans doute des boutiques huppées des alentours. Je pouvais voir, à travers les vitrines, les étagères bien arrangées, les vendeurs bienveillants. Et quel calme feutré, même à cette heure de pointe ! Comme j’aurais aimé, oisive, m’attabler et commander un café bien tassé, ouvrir mon livre et, l’espace d’une journée, ne plus bouger de cet îlot de douceur raffinée !
J’ai repris le bus dans l’autre sens. Je me suis réhabituée, au fur et à mesure du trajet, au vacarme de la circulation, à la foule désordonnée se bousculant dans des magasins bon marché pour assouvir sa fringale de « nouveautés », aux papiers gras jonchant les rues. Tout me semblait criard et brouillon, inachevé et vulgaire. Je voyais des chantiers partout, les mêmes enseignes, les mêmes fast-foods. Mais comment pouvais-je vivre dans une telle ruche bourdonnante!
Au bout d’un long périple, le bus s’est enfin remis à serpenter dans les rues paisibles de mon quartier. J’ai revu son vendeur de kebab, son traiteur italien, sa superette mal achalandée, et ses trottoirs qui auraient bien besoin d’un coup de balai. Je ne regrettais plus l'Eden entrevu le matin-même. En fait, ces deux univers ne sont pas si éloignés que ça, même si ici de quels trésors d’imagination il faut faire preuve pour voir la vie du bon côté et se créer un havre de paix où l’on se sente heureux !
Au bout d’un long périple, le bus s’est enfin remis à serpenter dans les rues paisibles de mon quartier. J’ai revu son vendeur de kebab, son traiteur italien, sa superette mal achalandée, et ses trottoirs qui auraient bien besoin d’un coup de balai. Je ne regrettais plus l'Eden entrevu le matin-même. En fait, ces deux univers ne sont pas si éloignés que ça, même si ici de quels trésors d’imagination il faut faire preuve pour voir la vie du bon côté et se créer un havre de paix où l’on se sente heureux !
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