jeudi 19 juin 2008

Envies érémitiques


Si j’avais une demeure de l’autre côté des monts de Miyoshino,
je pourrais m’y réfugier lorsque le temps est à la tristesse.

Kokin Waka-shû
Anthologie impériale de poèmes anciens et modernes (905)


Cette semaine, sur mon agenda, dans toutes les cases, sont inscrits des horaires de réunions et de rencontres diverses. Certaines très agréables, et je les attends avec impatience, mais d’autres qui promettent de me plonger dans un ennui insondable.
Je chasse ces idées noires en pensant au poète Bashō. En 1691, il fait un nouveau séjour à Sagano, dans l’ouest de Kyoto, au pied du Mt Ogura, derrière Hinoyashiro. Il visite son disciple Kyorai dans son ermitage au toit de chaume, le Rakushisha – j’aime son nom en anglais : The Hut of Fallen Persimmons. A travers le feuillage de cet arbre aux kakis, il aperçoit le Mt Arashiyama (le Mont des Tempêtes). Il tient son Journal : le « Saga Nikki ». J’imagine sa vie là-bas : il visite les temples du coin, il se promène en barque, il écrit des haïkus avec des amis de passage, il bouquine : il a apporté avec lui les poèmes du Chinois Bai Juyi et surtout Le Dit du Genji.
Il se dit que Murasaki Shikibu a commencé son écriture en août 1004, au temple Ishiyama, sur les rives du Lac Biwa. 1004 ans plus tard, je vais moi aussi me mettre à lire ce livre. J’aimerais le faire comme Bashō, dès maintenant, sur la terrasse du Rakushisha, un verre d’eau fraîche citronnée à portée de la main, et qu’au lieu de ces fâcheux que je vais devoir me coltiner cette semaine, avoir des réunions quotidiennes avec l’Empereur du pot aux Paulownias, la Dame des Mauves, la Dame du Grémil, la Dame du Séjour où fleurs au vent se dispersent, et surtout badiner moi aussi, comme certaines d’entre elles, avec le beau Prince Brillant !

2 commentaires:

Gwen a dit…

Il y a toujours matière à se consoler : pendant tes réunions mornes comme la pluie, tu vas pouvoir laisser vagabonder ton esprit et écrire mentalement un billet savoureux dans un climat tempéré.
Sur les rives du lac, tu serais distraite de ta lecture par la chaleur moite et les moustiques !
Cela dit.. Bon courage quand même !!!!

Agnès a dit…

Tu sais lire entre les lignes et dans les pensées. Mais des fois on préfère certaines piqûres à d’autres !