En juillet 1874, la mère et la soeur d’Arthur Rimbaud lui rendent visite à Londres. D’après le Journal de Vitalie, le matin du 12 juillet 1874, ils se rendent à l’église Christ the King, près de leur logement. C’est l’église que l’on voit dans le fond de l’image. On ne peut la visiter que le premier vendredi du mois, m’a dit l’aimable Chaplain que j’ai rencontré dans la chapelle anglicane.Quand il était à Londres, Rimbaud passait ses journées dans la Reading Room du British Museum car « la chaleur, la lumière, et l’encre [y] étaient de grâce ». Il se fait apporter « tous les livres possibles » comme ceux d’Edgar Poe et de Walt Whitman. Il apprend aussi l’anglais en lisant la presse : il établit de longues listes de vocabulaire, des mots que l’on retrouve parfois dans ses poèmes. On dit que le titre Illuminations vient des enluminures qu’il aurait vues (dont certaines racontant la vie du poète Charles d’Orléans) au British Museum car enluminure se dit illumination en anglais. Ces manuscrits doivent se trouver à la British Library aujourd’hui.« Que te dirais-je de tous ces poissons, ces oiseaux, ces reptiles, ces pierres précieuses, et ces diamants qui sont là, exposés à la vue de tous les spectateurs. J’ai vu des antiquités égyptiennes et chinoises, des bustes d’empereurs grecs et romains, des pétrifications, des incrustations, des squelettes d’animaux antédiluviens, tels que : des mastodontes, des rhinocéros » écrit Vitalie à sa soeur Isabelle. Les animaux sont au Natural History Museum aujourd’hui.Mais ce qui la fascine le plus ce sont les « dépouilles du roi d’Abyssinie, Théodoros, et de sa femme : des tuniques dont l’une est garnie de sortes de petits grelots en argent ; sa couronne ; avec de vrais diamants ; ses armes ; plusieurs coiffures ; des chaussures de la reine sa femme, en argent avec des pierres précieuses. » Est-ce devant ces objets que Rimbaud s’est mis à rêver à l’Abyssinie ? La plupart sont au Victoria & Albert Museum aujourd’hui. Tewodros II était Empereur d’Ethiopie. Il s’est suicidé en 1868 après la victoire d’une expédition militaire britannique venue libérer des diplomates emprisonnés. Il est intéressant de lire (ici) ce que dit le V&A sur la provenance douteuse de ces objets... Une des images du site semble représenter une tunique que décrit Vitalie ci-dessus.
Victoria and Albert Museum, Natural History Museum, British Library... mais que reste-t-il donc au British Museum? Bien d’autres trésors inestimables bien sûr, mais toujours et surtout les mêmes « chaleur et lumière » qu’a connues Rimbaud.
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