jeudi 14 janvier 2010

Tant va la barque à l'eau

Ce canot que vous voyez, passants, fut, à l'entendre, le plus rapide des navires. Jamais aucun vaisseau ne put le devancer de son étrave, soit que les voiles, soit que les rames le fissent voler sur l'onde. Il vous défie de le nier, rivages de l'Adriatique menaçant, îles Cyclades, illustre Rhodes, horrible Propontide de Thrace, et vous, golfe sauvage du Pont : oui, les sommets du Cytore ont souvent retenti du sifflement de sa sonore chevelure ! Dès l'origine du monde il se dressait, dit-il, sur vos rives, il plongeait ses rames dans vos flots. C'est de là qu'à travers tant de mers en furie, il a porté son maître, soit que le vent l'appelât à gauche ou à droite, soit que Jupiter propice vînt frapper d'un coup ses deux flancs. Jamais on ne fit de voeux pour lui aux dieux des rivages, quand il quitta la mer pour finir sur les bords de ce lac limpide. Mais cela, c'est le passé ; maintenant, il vieillit dans une calme retraite, et se consacre à toi, Castor jumeau, à toi, jumeau de Castor.
Dédicace d'un canot de Catulle (87-54 av. J.-C.)
En lisant le poème du poète latin Catulle, j’ai repensé à ce modeste « pointu », amarré sous le pont d’Amboise, ballotté au gré des eaux de la Loire. Je ne crois pas qu’il aurait les mêmes exploits à raconter que son lointain cousin. Je lui imagine une existence pépère, entre deux parties de pêche. Mais l’eau paraissait bien froide et son existence bien solitaire en ce mois de novembre !

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