Plus tard elles se rempliraient, puis se videraient, et moi, moi, à ce moment-là, je serais libre comme l’air.Je n’imaginais pas alors que ce ciel, entr’aperçu de l’intérieur des murs, si soudainement bleu, se mettrait à rosir à la minute où je traverserais Oxford Circus. Je n’ai pas eu le temps d’en profiter. Qu'importe, le crépuscule a aussi ses charmes.Rien sur la façade sobre n’indiquait ce qui se cachait derrière ses vitres fumées. Ecole de Haïku ? Temple ou Musée dédié à cet art et à ses génies tels que Bashô ou Issa? Espoirs déçus : il s’agit d’un énième restaurant de spécialités culinaires dites du « monde asiatique ».Dans Saville Row, les tailleurs chics ont pignon sur rue. Qui allait porter ce costume de gala et brandir l’épée rutilante ? Un prince, un acteur, ou un valet de Buckingham Palace ?
J’essayais d’imaginer à quoi pourrait bien me servir un si grand espace quand d’une voiture avec chauffeur un vieux monsieur fort élégant est descendu. On lui faisait mille manières. Le ciel n’en finissait pas de rosir du côté de l’ouest de Londres. Mais j’avais l’impression que le temps s’écoulait très lentement, au compte-gouttes. Au terme d’un très grand détour, je suis arrivée à Piccadilly Circus qui fait peau neuve en ce moment. Palissades, grues géantes, devantures noircies nous font espérer un Londres pimpant au printemps. Lumières de Soho et du quartier chinois. Chercher un café sympa, bouquiner, attendre que passe le temps, enfin.Leicester square. Se retourner une dernière fois pour voir le rose du ciel. J’ai soudain pensé à une chanson de Serge Reggiani qui commence ainsi : « Moi j’ai le temps je vous le donne...»
1 commentaire:
Le couloir vide est digne de "Playtime" de Tati...
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