La surface polie de la bouteille thermos formait un miroir convexe qui reflétait les moindres détails de la pièce éclairée, mais terriblement déformés. La chambre apparaissait immense avec un plafond infiniment élevé. L’image de Satchi ko sur son lit semblait toute petite, extrêmement lointaine.
- Regardez-moi, dit-elle
Et tout en parlant elle remuait la tête, levait le bras. Le miroir convexe montrait une forme qui remuait la tête, le bras. Etait-ce une fée enfermée dans une boule de cristal, la fille d’un roi-dragon dans son palais sous les mers, une princesse du sang dans son palais ? Teinosuke se demandait combien de temps s’était écoulé depuis que sa femme ne s’amusait plus à ces jeux d’enfant. Sans le dire, les époux retrouvaient les sensations éprouvées au cours de leur voyage de noces, il y avait plus de dix ans.
-Il faudra que nous fassions de temps en temps un voyage comme celui-ci, murmura le soir Satchi ko à l’oreille de son mari.
- Regardez-moi, dit-elle
Et tout en parlant elle remuait la tête, levait le bras. Le miroir convexe montrait une forme qui remuait la tête, le bras. Etait-ce une fée enfermée dans une boule de cristal, la fille d’un roi-dragon dans son palais sous les mers, une princesse du sang dans son palais ? Teinosuke se demandait combien de temps s’était écoulé depuis que sa femme ne s’amusait plus à ces jeux d’enfant. Sans le dire, les époux retrouvaient les sensations éprouvées au cours de leur voyage de noces, il y avait plus de dix ans.
-Il faudra que nous fassions de temps en temps un voyage comme celui-ci, murmura le soir Satchi ko à l’oreille de son mari.
Quatre soeurs de Tanizaki Jûnichiro
J'ai tourné la 889e page... Et elle a bien raison Satchi ko, il faut faire de temps en temps un tel voyage. Jamais je n’ai eu autant de patience, et d'indulgence, moi si à cheval sur la ponctualité, pour tous les petits retards, acceptant des rendez-vous aux quatre coins de Londres pour mieux éprouver ce plaisir indicible de n’avoir que quelques minutes pour lire, pendant un trajet en bus ou entre deux conversations. 3 pages, un chapitre, une demi-page par ci par là... Et puis 100 pages d’un coup, mais interrompues par le sommeil. Cette lecture intermittente ne m’a pas gâché mon plaisir, au contraire. C’étaient des respirations salutaires pour mieux me replonger dans ma lecture. J’ai eu l’impression que ce livre et moi nous nous échangions notre bonheur d’exister, lui dans les librairies, dans les sacs, dans les mains, et moi dans les rues, avec mes amis, au cinéma, dans ma classe. Parce que ces dernières semaines ont été euphoriques. Peut-être ai-je ressenti, par delà les mots, le plaisir que Tanizaki a eu à l’écrire ?
Abbas Kiarostami est à Paris, et le 8 juin il commence le tournage de son prochain film - Copie conforme - à Lucignano, en Toscane. Hier soir il était sur France Culture pour parler de ses poèmes (ici). L’écouter ce matin avant d’aller faire passer des oraux – je les ai organisés et je suis un peu stressée – est un vrai cadeau. La journée commence sous les meilleurs auspices.
2 commentaires:
j'écoute, c'est magnifique.
N'est-ce pas? Regarde Archives, L'anniversaire de la salade, c'est super aussi, mais AK c'est... je ne savais pas qu'il etait sur France Culture et l'ai decouvert ce matin: j'ai eu une journee magnifique!
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