jeudi 9 avril 2009

Onze têtes, pas une de plus, pas une de moins!

Dans la ville de Hase se trouve un célèbre temple dédié à Kannon, la déesse de la Miséricorde. Selon la légende, en 721, le moine Tokudo Shonin se promenait une nuit dans une forêt aux alentours du village de Hase près de Nara, au sud de Kyoto, quand il aperçut une lumière qui « brillait autant que la lune » émanant du tronc d’un grand camphrier qui gisait sur le sol. Comme un délicieux parfum s’en échappait, il se dit qu’il s’agissait d’un arbre sacré. « Le tronc est si large qu’on pourrait y sculpter deux statues de Kannon aux 11 têtes » pensa-t-il. Aussitôt dit aussitôt fait. L’empereur fit construire un temple – le Hasedera - et l'une des statues y fut placée. L’autre, la plus grande, fut jetée dans la mer près d’Osaka. La statue flotta jusqu’à la côte de Kamakura. Le 18 juin 736, des pêcheurs furent alertés par cette lueur qui venait de la mer et ils ramenèrent la statue sur la plage. Un temple fut construit pour y loger la statue (le Shin-Hase-dera) sur la montagne appelée Kaiko-San. A Hase se trouve aussi le Grand Bouddha (Daibutsu) dont j'ai parlé ici.
Des gens pique-niquaient sur la terrasse surplombant la mer. Des corbeaux essayaient de leur chiper leur nourriture et des milans survolaient dangereusement la scène... En voyant la mer danser le long du golfe clair et ses blancs moutons – j’avais l’impression d’être sur les bords de la Méditerranée, au Balcón de Europa à Nerja par exemple - j’ai plié bagage et pris la direction d’Enoshima.
As we leave the temple of Kwannon behind us, there are no more dwellings visible along the road; the green slopes to left and right become steeper, and the shadows of the great trees deepen over us. But still, at intervals, some flight of venerable mossy steps, a carven Buddhist gateway, or a lofty torii, signals the presence of sanctuaries we have no time to visit: countless crumbling shrines are all around us, dumb witnesses to the antique splendour and vastness of the dead capital; and everywhere, mingled with perfume of blossoms, hovers the sweet, resinous smell of Japanese incense. Be-times we pass a scattered multitude of sculptured stones, the forgotten tombs of a long-abandoned cemetery; or the solitary image of some Buddhist deity--a dreaming Amida or faintly smiling Kwannon. All are ancient, time-discoloured, mutilated; a few have been weather-worn into unrecognisability.
Lafcadio Hearn, 1890

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