jeudi 16 avril 2009

Trois personnages en quête de thé

Envie de thé
Trois parapluies se frôlent
Sur le pont de Waterloo
De loin, on aurait dit une estampe japonaise - ou un spectacle de marionnettes Bunraku - qui se serait intitulée par exemple: Visiteurs à Edo sur le Pont Ryogoku. On distingue les deux hommes, deux riches commerçants d'Osaka sans doute, une large veste de voyage jetée sur leur kimono sombre. C’est la première fois qu’ils viennent dans la capitale et ils observent en silence le panorama qui s’offre à leurs yeux : la Sumida, la pagode du temple d’Asakusa et, au loin, le Palais Impérial et son parc.
L’un deux voyage avec sa femme... ou bien est-ce une geisha? Elle a une jolie ombrelle jaune, un manteau rouge sur un kimono dont l'obi lui donne une allure voûtée.Ils ont un petit creux après ce long voyage, alors ils décident d’aller déguster un de ces plats pour lesquels la capitale est célèbre... et puis ils iront assister à un spectacle de Kabuki dont la saison vient de commencer. Les deux commerçants d’Osaka et la geisha, leur plan arrêté, s’éloignent, d’un pas résolu, pour se mettre à l’abri de cette pluie pénétrante qui ne cesse de tomber. En fait, il s’agit plus vraisemblablement de trois tranquilles retraités qui viennent de débarquer à la gare de Waterloo pour voir un spectacle dans un des théâtres du Strand, et qui ont décidé de s’y rendre à pied. Les voilà qui bravent le temps pourri sur le pont de Waterloo. J’imagine qu’ils se nomment quelque chose comme John, Simon et Gladys, qu’ils ne viennent que rarement à Londres d’où la nécessité qu’ils ont de consulter un plan. Ils meurent d’envie de prendre une tasse de thé, c’est pourquoi John et Simon inspectent des yeux les cafés du National Theatre et du South Bank. La dynamique Gladys, la locomotive du groupe, revient sur ses pas et leur dit qu’ils en prendront un dans un café près du théâtre. Je la comprends, cet endroit à l’architecture compliquée, que l’on ne pourrait restaurer qu'en le rasant entièrement, n’est pas très appétissant de l’extérieur, de surcroît un jour plus gris que son béton caca d’oie...

A l’intérieur ce même béton déprimant sait se faire oublier sous les affiches des différentes pièces de théâtre, dans la voix douce d’une chanteuse de jazz qui chante live sur une petite scène, sous les lumières tamisées. Il y a surtout ce brouhaha joyeux, communicatif, plein d’anticipation, que l’on retrouve dans toutes les salles de spectacle. J’espère que John, Simon et Gladys se sont autant amusés que moi cet après-midi là !

2 commentaires:

asiemutée a dit…

Tout à coup je me suis retrouvée dans le "goût des orties" de Tanizaki ... mais comme j'aime aussi l'ambiance londonienne, je n'ai pas été déçue ;))

Agnès a dit…

C'etait ausssi le manege de l'indecision!