mardi 14 avril 2009

Vide grenier perpétuel


Robert devra bientôt quitter à contre-coeur la maisonnette de l’East-End de Londres où il a vécu pendant 25 ans. Alors, il lui faut trier ses affaires et se débarrasser de tout ce qui risque de l’encombrer dans sa nouvelle vie. Mais s’il y a une chose que ce cher Robert déteste le plus au monde justement, c’est bien de se séparer de la moindre chose. Jeter n’appartient pas à son vocabulaire. Bazarder n’est pas une de ses habitudes : c’est un crève-coeur. Garder, empiler, accumuler, entreposer, le rassure. Comme si se défaire du plus petit objet le « déferait » lui par la même occasion... Il a dû être écureuil dans une autre vie ! Comme je l’ai envié d’avoir un aussi grand chantier, un aussi vaste champ de fouille, à sa disposition! Quand nous nous sommes parlé, il était dans sa chambre et venait de découvrir des piles de papiers jaunis – vieilles coupures que j’aurais balancées, sans regret, dans la première corbeille venue ! Si cela n’était pas aussi impossible d’aider quelqu’un à faire le vide, je me serais précipitée chez lui pour lui prêter main forte.
J’aimerais garder l’essentiel - c’est le mot que je préfère dans la langue française. L’essentiel ne signifie pas « moins » mais « plus » : ce qui fait vivre plus, qui élève au dessus des aléas de l’existence. Régulièrement, je fais le « grand nettoyage », pour que ce que j’ai sous les yeux me corresponde au plus près et m’apporte le plus de joie. Et j’aimerais que cela tienne dans le plus petit espace possible.

C’est pour cela qu’un soir, à Tokyo, ce minuscule ticket m’a paru la chose la plus précieuse au monde, la chose la plus essentielle que je possède, comme si j’entr’apercevais ce que serait mon rêve le plus cher, s’il se réalisait.

2 commentaires:

asiemutée a dit…

Ne serait-ce que pour donner un autre sens à ma vie ordinaire ... je suis incapable de me séparer de ces petits bouts de papier à mes retours de voyage.
Souvent, ils me servent de marque-page ... des repaires pour le jour où la mémoire me fera défaut ;))

Agnès a dit…

Je rougis en pensant aux etuis en papier des baguettes avec lesquelles j'ai mange, aux tickets de musees, de temples... (c'est vrai qu'ils sont beaux) et meme une page dechiree du bloc-note de mon hotel avec un message que je ne comprends plus que je garde aussi sous pretexte qu'ils font de bons marque-pages...