Il suffit, par une belle journée de printemps ensoleillée, de s’installer sur le pas de sa porte avec une tasse de thé, pour avoir une vision différente de sa rue. On découvre par exemple qu’on la partage avec un couple de corbeaux voltigeurs ou que le mur des voisins est percé d’une nouvelle fenêtre avec vue plongeante sur l’intérieur de leur maison.
Les passants nous sourient, y vont de leurs commentaires enthousiastes sur le temps, qui est « gorgeous », comme le sont les belles fleurs violettes de nos parterres. Ils nous racontent leur propre après-midi passée sur un banc du parc sous les arbres en fleurs : On se sent renaître concluons-nous tous en choeur.
Soudain le jardinier d’à-côté pousse un cri : « I locked myself out ! » Il a oublié ses clés à l’intérieur et il faut le faire passer par notre jardin à l’aide d’une échelle en lui racontant que, nous aussi ça nous est arrivé, tiens... même pas plus tard que le mois dernier, et heureusement qu’on avait notre portable pour appeler quelqu’un à la rescousse !
Dès qu’un nuage s’interpose entre le disque solaire et nous, il se met à faire frisquet. Satisfaits d’avoir refait le monde, de s’être imaginés laisser derrière nous cette rue et notre nid douillet pour nous installer aux antipodes et recommencer une nouvelle vie - avant de retomber sur nos pattes et de se dire que nous serions tristes de ne plus voir nos amis - on finit par se réfugier au chaud à l’intérieur.
Quelle est cette forme étrange qui bouge dans le salon ? Un chat orange et blanc a profité des portes ouvertes pour fureter chez nous. Effarouché il s’enfuit par la porte du jardin qu’on ferme alors à double-tour. Comme celle de l’entrée d’ailleurs. Le soleil a beau nous éblouir de derrières nos carreaux, il ne pourra plus rivaliser avec un confortable canapé, un carré de chocolat et les sunlights de la télé !
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