mercredi 1 avril 2009

La Superba

Certains jours,
Il y a sur la ville
Des oriflammes de sourire
Qui seraient là pour annoncer
De plus beaux jours


Eugène Guillevic
C’est dommage que Genova, le nouveau film de Michael Winterbottom, s’intitule Un été italien en France, où il sortira en avril. Un été italien ça fait très romantique et c’est trompeur car Joe (le père, un prof de fac... il va à la plage après ses cours le veinard... mais je me demande bien ce qu’il enseigne...) et ses deux enfants Kelly et Mary – leur mère vient de mourir dans un accident de voiture - s’installent à Gênes pour une durée indéterminée, pas seulement pour passer des vacances d’été. De plus, ils ne visitent pas du tout l’Italie : cet été-là ils ne quittent pas Gênes et ses environs.
C’est justement cela le but du jeu: d’assister en même temps qu’eux, les yeux écarquillés, à la découverte d’une ville dont on a souvent entendu parler (Christophe Colomb y est né) sans l’avoir jamais vue...
Tous comptes faits on n’en voit pas grand-chose de Gênes, à part quelques vues panoramiques, son labyrinthe de ruelles (i vicoli), des églises, une plage, une colline surplombant une crique... On est aussi désorienté que les personnages qui cherchent leurs marques et tentent de se réinventer une vie après la tragédie.
Il y a des scènes très quotidiennes comme la fois où Joe (Colin Firth) dit devant un plat de spaghettis à la Carbonara : « Just what the doctor ordered », une réflexion d’un naturel... ça fait très documentaire, pris sur le vif...
La scène que j’ai le plus aimée ne dure que quelques secondes: Kelly est sur une Vespa que conduit son copain italien et qui slalome dangereusement dans la circulation – ils sont toujours au bord de l’accident et l’on comprend que dans les risques qu'elle prend elle cache le chagrin que lui cause la disparition de sa mère. Elle ferme les yeux, le jour tombe sur la ville derrière eux... c’était l’image de la liberté, des vacances, de l’été, de la jeunesse...
Depuis ce film, cela me démange de tenter l’expérience, de partir et d’aller m’installer ailleurs...
Elle a mille ans la ville,
la ville âpre et profonde ;
et sans cesse, malgré l' assaut des jours,
et les peuples minant son orgueil lourd,
elle résiste à l' usure du monde.

Emile Verhaeren

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