jeudi 2 avril 2009

Etang de rêves

Il était peut-être très profond – insondable à l’oeil en tout cas. Ses bords étaient frangés de joncs si touffus que leur reflet était ombreux comme l’ombre des eaux profondes. Lorsque le vent soufflait, le centre de l’étang semblait couler et ondoyer comme linge qu’on rince. Les étangs exercent une curieuse fascination, on ne sait laquelle. Bien des gens avaient dû y venir au fil de leur vie, au fil des âges, laisser tomber une pensée dans l’eau, lui poser une question. Peut-être était-ce le secret de sa fascination : il retenait dans ses eaux toutes sortes de rêves, de plaintes, de confidences, non pas imprimés ou dits à voix haute mais à l’état liquide, flottant les uns sur les autres, presque désincarnés. Un poisson les traversait, se faisait couper en deux pas la lame d’un roseau ; la lune les annihilait de sa grande assiette blanche.Le charme de l’étang venait de ce que, les gens partis, leurs pensées étaient restées et, sans leur corps, entraient vagabonder le temps qui leur plaisait, libres, liantes et amicales dans l’étang commun.

La fascination de l’étang de Virginia Woolf

Dès que le rythme de ma vie change (je suis en vacances de Pâques), que je ne cours plus partout tambour battant, et que mon esprit n’est plus encombré par les horaires à respecter et les devoirs à corriger, je me mets à rêver à profusion. Comme toujours les premiers rêves évacuent le stress accumulé : j’ai d’abord rêvé que, engluée dans une matière visqueuse, de mes dernières forces je me saisissais d’une ponceuse électrique et me rabotais pour me dégager. A la fin je ressemblais carrément à un de ces bonhommes en pain d’épices que l’on trouve dans les pâtisseries ! Mais j’étais enfin libre ! Dans le rêve suivant je piquais des photocopies à un collègue du Département d’allemand – c’étaient des phrases à traduire d’anglais en allemand – je mettais du typex sur « translate into German » et remplaçais par « into French » ! J’espère que mes prochains rêves seront plus apaisés. Que sont devenus ceux que j’ai confiés à l’étang du parc Inokashira par un jour de grand vent glacial?

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