On voit son nom partout. La pub géante pour son album s’étale en long et en large sur tous les murs. Elle fait la une de tous les journaux à scandale dans des tenues affriolantes ou étalée les quatre fers en l’air après une énième beuverie. Je demande autour de moi : « Mais c’est qui, cette Lady Gaga ? » On me répond : une chanteuse. Cela ne me suffit pas. J’aimerais qu’on me donne une opinion tranchée, qu’on me raconte des potins croustillants sur elle, qu’on me fredonne quelques mesures de son dernier tube... Je voudrais vraiment tout savoir, ce n’est pas une blague. Pour satisfaire ma curiosité, je pourrais regarder sur internet, me direz-vous... Mais voilà, c’est un phénomène que je voudrais qu’on m’explique sans lever le petit doigt, en quelques mots, autour d’une tasse de thé, pour m’en débarrasser et l’oublier aussitôt.
Zuihitsu ou "notes au fil du pinceau", comme en composaient les gentes dames de la cour de Heian au Japon, aux environs de l’an 1000: « J’ai rassemblé des notes sur les événements qui s’étaient déroulés devant mes yeux et sur les réflexions que j’avais faites en mon âme » (Sei Shōnagon dans Notes de chevet)
jeudi 30 avril 2009
mercredi 29 avril 2009
« Passant, mange, bois, divertis-toi ; tout le reste n’est rien. » (Assurbanipal)
S’il y en a un que j’avais complètement oublié, c’est bien Assurbanipal, le roi d'Assyrie (Mésopotamie) de 669 av. J.-C. à 627 av. J.-C.Quant aux caractères cunéiformes... je n’en avais plus vu depuis belle lurette...
Le fabuleux palais de Ninive, la dernière capitale assyrienne, avait beau se trouver sur la rive orientale du Tigre...... c'est contre des lions, au corps à corps, que se battait Assurbanipal.
Quand on fait le pied de grue au British Museum et qu’on a la flemme de gravir un escalier monumental pour aller vérifier les bandelettes des momies égyptiennes, les galeries consacrées à la Mésopotamie sont là pour nous égayer et tromper notre ennui. 2400 ans d’oubli : avant les fouilles du XIXe siècle, on ne savait rien sur les Assyriens. Et quand notre propre mémoire nous fait défaut, en se promenant devant les frises du palais de Ninive, on est un peu dans la peau du premier archéologue qui les a découvertes. On comprend qu’Assurbanipal ne vivait pas que d’amour et d’eau fraîche.Que c’était une société belliqueuse... Toujours en guerre ou s'y préparant...Mais les frises ne montrent pas seulement des villes assiégées et des piles de têtes coupées. On y voit aussi des Assyriens faire leurs courses chez l’ancêtre de IKEA... Des Assyriens monter des oeufs en neige... Des Assyriens discuter des mérites de la cuisine japonaise...Et un aperçu de la collection d’été du Vuitton de l’époque.
mardi 28 avril 2009
Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras...
C’est une idée qui se pavane et fait la roue...
Un rêve qui dormait sous des monceaux de terre et qui soudain peut germer et porter ses fruits.Mais il ne faut surtout pas perdre la tête, la garder bien vissée sur les épaulesParce que tout peut tomber à l’eau et on n'y pourra pas grand chose. Je ne veux pas être déçue. Il ne faudra surtout pas jouer petit bras
Mais garder la main quoi qu’il arrive!Et surtout ne pas avaler de couleuvres...Pourtant, malgré toutes mes précautions, mon esprit se grippe et je me surprends à imaginer ce qui changerait dans ma vie si...
Si... « la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu’aujourd’hui, la plus brillante, la plus digne d’envie » se décidait... C’est une pandémie qu’il me faut contenir coûte que coûte !
lundi 27 avril 2009
Poaime
Le poète Fujiwara no Toshitada (1073-1123) ayant écrit à Yushi Naishinno-ke no Kii qu’il aimerait venir à elle comme « les vagues que le vent fait s’écraser sur la grève à Ariso » (lieu dont le nom signifie à la fois côte rocheuse et probable), celle-ci lui répondit par le poème suivant :
Famous are the waves
That break on Takashi beach
In noisy arrogance
If I should go near that shore
I would only wet my sleeves.
That break on Takashi beach
In noisy arrogance
If I should go near that shore
I would only wet my sleeves.
Takashi no Hama est une plage près d’Osaka, et son nom signifie aussi « haut, fort, célèbre ». Un jeu complexe de sonorités donne le sens suivant à ce poème: je ne cèderai pas à vos avances car je ne vous fait pas confiance, et toute liaison se solderait par des larmes. Takashi no Hama est aussi appelée Hamadera. Poètes et peintres - comme Hiroshige (ici) – ont célébré ses pins et son sable fin. C’est là que le 6 août 1900, au deuxième étage de l’Auberge de Longue Vie, le poète Yosano Tekkan organisa un atelier de poésie. Parmi les 7 autres jeunes poètes présents se trouve Ōtori Akiko, qui deviendra sa femme un an plus tard.
Le déroulement de cette journée me semble idyllique : il faisait extrêmement chaud ; ils ont écrit des poèmes toute la journée ; ils se sont promenés le long de la plage pour profiter de la brise de mer ; ils ont écrit des poèmes sur le sable et laissé les vagues les effacer ; à la nuit tombante, ils ont allumé des bougies et continué à composer des vers à l’auberge, en buvant et en dégustant les petits plats de la patronne avant de se séparer.
Le cinquième chapitre de Embracing the Firebird de Janine Beichman, un livre consacré à Akiko, s’intitule « Tekkan enters » et raconte minutieusement et magnifiquement cette journée du 6 août 1900. Ce chapitre est particulièrement génial et d’une telle sensualité que je le lis à petites doses pour faire durer le plaisir. Deux poètes tombent follement amoureux à Takashi no Hama et on aurait bien envie que ce soit contagieux.
I gaze at the evening sun as it slips
into the waves and the pine breeze from the beach
twists my hair around the railing.
Ōtori (Yosano) Akiko, 6 août 1900
into the waves and the pine breeze from the beach
twists my hair around the railing.
Ōtori (Yosano) Akiko, 6 août 1900
dimanche 26 avril 2009
« Il faut saisir les doux moments de notre vie »
Sois comme l'eau courante pour la générosité et l'assistance.
Sois comme le soleil pour l'affection et la miséricorde.
Sois comme la nuit pour la couverture des défauts d'autrui.
Sois comme la mort pour la colère et la nervosité.
Sois comme la terre pour la modestie et l'humilité.
Sois comme la mer pour la tolérance.
Ou bien parais tel que tu es ou bien sois tel que tu parais.
Rûmî (XIIIe siècle)
Sois comme le soleil pour l'affection et la miséricorde.
Sois comme la nuit pour la couverture des défauts d'autrui.
Sois comme la mort pour la colère et la nervosité.
Sois comme la terre pour la modestie et l'humilité.
Sois comme la mer pour la tolérance.
Ou bien parais tel que tu es ou bien sois tel que tu parais.
Rûmî (XIIIe siècle)
Les monts Savalan, au nord-ouest de l’Iran, à quelques kilomètres de la mer Caspienne...
Les épaisses forêts qui couvrent leurs pentes...
Les sources de Beele-Darreh, de Sar'eyn, de Sardabeh, de Booshloo, célèbres pour leurs vertus curatives...
Les rives des lacs Ne'or, Shoorabil, ShoorGel, NouShahr, Aloocheh...
L’immense plaine où se trouve la ville d’ Ardabil, berceau de la dynastie des Séfévides.
Cela me suffit pour que se dresse devant moi un décor digne d’un film d’Abbas Kiarostami.
Les épaisses forêts qui couvrent leurs pentes...
Les sources de Beele-Darreh, de Sar'eyn, de Sardabeh, de Booshloo, célèbres pour leurs vertus curatives...
Les rives des lacs Ne'or, Shoorabil, ShoorGel, NouShahr, Aloocheh...
L’immense plaine où se trouve la ville d’ Ardabil, berceau de la dynastie des Séfévides.
Cela me suffit pour que se dresse devant moi un décor digne d’un film d’Abbas Kiarostami.
Hier est passé, n’y pensons plus
Demain n’est pas là, n’y pensons plus
Pensons aux doux moments de la vie
Ce qui n’est plus, n’y pensons plus
Ce vase était le pauvre amant d’une bien-aimée
Il fut piégé par les cheveux d’une bien-aimée
L’anse que tu vois, au cou de ce vase
Fut le bras autour du cou d’une bien-aimée!
Elle passe bien vite cette caravane de notre vie
Ne perds rien des doux moments de notre vie
Ne pense pas au lendemain de cette nuit
Prends du vin, il faut saisir les doux moments de notre vie
Omar Khayyam (XIIe siècle)
Demain n’est pas là, n’y pensons plus
Pensons aux doux moments de la vie
Ce qui n’est plus, n’y pensons plus
Ce vase était le pauvre amant d’une bien-aimée
Il fut piégé par les cheveux d’une bien-aimée
L’anse que tu vois, au cou de ce vase
Fut le bras autour du cou d’une bien-aimée!
Elle passe bien vite cette caravane de notre vie
Ne perds rien des doux moments de notre vie
Ne pense pas au lendemain de cette nuit
Prends du vin, il faut saisir les doux moments de notre vie
Omar Khayyam (XIIe siècle)
Le mausolée du Sheik Safî ad-Dîn, un saint homme du XIVe siècle, est le joyau de la ville d' Ardabil. Shah Abbas (1587-1629) avait fait don au mausolée de son ancêtre les précieux jades et porcelaines que l’Empereur de Chine lui avait offerts. Les porcelaines étaient entreposées dans le Chini Khaneh (la maison de la porcelaine), dans des niches surélevées (Shah Neshins) qui épousaient leurs formes. Depuis ma visite à l’expo Shah Abbas, c’est à l’effet extraordinaire que devaient faire sur les pèlerins ces porcelaines blanches et bleues aux motifs chinois, que je repense le plus. Il faut faire un véritable effort d’imagination devant les quelques exemplaires qu’expose le British Museum.
Je viens de cette âme
qui est à l'origine de toutes les âmes
Je suis de cette ville
qui est la ville de ceux qui sont sans ville
Le chemin de cette ville n'a pas de fin
Va, perds tout ce que tu as,
c'est cela qui est le tout.
Omar Khayyam (XIIe siècle)
D’exquises miniatures persanes nous apprennent que Riza-yi ‘Abbasi était le plus grand peintre de la cour de Shah ‘Abbas et des manuscrits enluminés qu’il existe une calligraphie dite Nasta’liq, dont la disposition suspendue, en diagonale, serait inspirée d’un vol de grues... Si seulement tous les jours on pouvait consacrer quelques heures à titiller son esprit avec des trucs aussi dépaysants que l’étaient ceux-là, on pourrait dire adieu au stress pour toujours! qui est à l'origine de toutes les âmes
Je suis de cette ville
qui est la ville de ceux qui sont sans ville
Le chemin de cette ville n'a pas de fin
Va, perds tout ce que tu as,
c'est cela qui est le tout.
Omar Khayyam (XIIe siècle)
samedi 25 avril 2009
vendredi 24 avril 2009
Corbeau du beau temps
Enfin, nous avons notre corbeau ! Il a élu domicile dans les arbres de ma rue. C’est un vrai, bon et gros corbeau, qui croasse pour un rien. Qui volète, sautille ou fend les airs. J’espère que l’endroit lui plaira et qu’il restera longtemps dans ces parages pour me faire penser au Japon.
Il fait beau et chaud, et Londres est splendide quand le ciel est bleu. Il y fait bon vivre en ce moment.
jeudi 23 avril 2009
La ligne haricot vert
Sublimes
Haricots Verts
Tout en Finesse !
Débridez votre imagination
Dessinez-vous une belle bouche tapis rouge
Donnez du glow à votre peau
Un coup de peigne fissa
Pour une fiesta
Haricots Verts
Tout en Finesse !
Débridez votre imagination
Dessinez-vous une belle bouche tapis rouge
Donnez du glow à votre peau
Un coup de peigne fissa
Pour une fiesta
Pour briller même sans soleil
Pour entrer happy dans le printemps
Et avant de plonger dans les vagues
Portez à l’épaule le beach bag en toile
Make Everyday Happy
Zen et verte, votre bulle de soins
Votre instant beauté
Orchidées
Miel, rose et gingembre
Lait de chèvre
Huile de graines de potiron
Herbes et fleurs fraîchement récoltées
Fraîches, impertinentes et gaies
Elles vous feront prendre la clé des champs
Senteur de vie, parfum d’envie !
Parfumez délicatement votre vie
Senteurs « cartes postales »
Parfums épicés et pousse-au-crime
Corsé de poivre, d’opopanax et de patchouli
Lys éclairé de litchi
Des muscs blancs escortés de néroli
Boule duveteuse de mimosa
Des muscs blancs escortés de néroli
Boule duveteuse de mimosa
Etourdie de mandarine et d’héliotrope
Sublimes
Sublimes
Haricots verts
Tout en finesse!
Vous êtes uniques, vous êtes
MAGNIFIQUES
MAGNIFIQUES
mercredi 22 avril 2009
Pierre de taille
Ils étaient Français, touristes, et ils cherchaient LA pierre. Un plan ouvert devant eux, ils essayaient d’expliquer de quelle stone il s’agissait, mais on les regardait, les yeux ronds et les bras croisés.
Il y en avait partout des pierres autour d’eux! Il y avait des frises et des fresques. Il fallait être plus spécifique !
Parlaient-ils des gros blocs de couleur ocre de l’entrée, qui allaient servir à la création d’un jardin indien comme il y en avait à Jodhpur dans le Rajasthan? Non, ils ne voulaient pas de ces pierres-là.
Ils ne savaient plus comment se faire comprendre... J’entendais « Napoléon, Champollion, Egypte ». L’homme sous le panneau Information ne voyait toujours pas de quelle pierre il s’agissait. Moi je passais par là pour prendre rendez-vous avec Shah Abbas...
... et Moctezuma.
« Vous cherchez la pierre de Rosette ?» leur ai-je demandé avant de m’en mordre les doigts : ils n’en étaient pas sûrs... ils voulaient la « pierre de Champollion »... J’ai dû leur décrire la célèbre pierre comme si je l’avais sculptée moi-même !
mardi 21 avril 2009
Dans le sens du poil
« Bonjour ma chérie! Bienvenue ! Comme tu as l’air en pleine forme! Ton visage res-plen-dit de santé ! T’es pas bronzée, toi ? Ça te va la musique Jungle ? Même de bon matin ? Attends, je la baisse un peu... J’te fais un thé ou tu préfères un café ? Tu sais qu’on annonce la canicule pour aujourd’hui ? C’est génial non ? De toute façon, ma chérie, la journée va être splendide, crois-moi ! »
J’aime bien quand mon coiffeur est aux petits soins pour moi !
J’aime bien quand mon coiffeur est aux petits soins pour moi !
lundi 20 avril 2009
Vade retro satanas!
Blue sweep of heavens
Wide and clear -
Might my heart share
Their spaciousness!
Emperor Meiji
J’ai eu du mal à m’endormir après ma séance de cinéma d’hier. Pas pour le film lui-même mais à cause de la bande-annonce de Drag me to hell (Jusqu’en enfer) de Sam Raimi dont voici le résumé : Christine est une spécialiste en crédit immobilier à qui l'on reproche d'être trop gentille. Pour redorer son image, elle va refuser le dossier d'une étrange vieille femme, Mrs Ganush. Mais sa cliente, très en colère, a le pouvoir de communiquer avec des démons...Knowing est un titre qui colle parfaitement au film que j'ai vu. Qu’on l’ait traduit par Prédictions en français ça fait un peu Madame Irma ou, dans ce cas précis, c’est plutôt Madame Soleil - ce n’est pas très juste et c’est très réducteur. Knowing c’est savoir que le "ciel" va nous tomber sur la tête, que c’est irréfutable (au début du film) et qu’il y a autre chose après parce qu’on en a été témoins. Knowing (savoir) s’oppose à believing (croire), la connaissance contre la foi. Et même si on n’est pas du tout intéressé par ce sujet, c’est bien montré dans le film. Quand les lumières se sont rallumées, les conversations allaient bon train sur l’identité des hommes en noir et sur ces étranges capsules cristaux. Franchement, je me serais contentée de rester sur le plancher des vaches avec Nicolas ! C’est en réfléchissant à tout cela que j’ai pu repousser les démons des bandes-annonce et dormir sur mes deux oreilles...
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