Des cérémonies, assez discrètes, rendaient hommage hier aux 52 victimes du 7/7, quand des bombes avaient explosé dans les transports londoniens en 2005, dont trois tout près de l’endroit où je me trouvais. J’y ai repensé en passant devant la gare de King’s Cross. Pour une raison inconnue, on nous a annoncé que notre bus ne suivrait pas sa route habituelle, quelqu’un a eu alors un mouvement d’humeur et, soudain, les jours qui ont suivi les attentats et la terreur qui nous prenait au ventre quand nous devions monter dans un bus, la tension entre les passagers, me sont revenus. Je ne pouvais pas la contrôler ni la raisonner, cette peur affreuse, dévorante. Et puis on s’habitue, on l’oublie.
Je me suis souvenu de la bâche qui recouvrait le bus explosé à Tavistock square. Pendant tout l’été il était resté là, symbole écoeurant de l’absurde, et les rues alentours étaient interdites à la circulation. Par le jeu des perspectives, on pouvait l’apercevoir de plusieurs lieues à la ronde. Je faisais tout pour éviter cette vision d’horreur et les images qu’elle soulevait en moi et qui me donnaient envie de vomir. Un jour, je me suis perdue dans le quartier et j’ai débouché, malgré moi, juste en face de sa carcasse. Je me souviens du silence pesant, terrifiant, qui régnait dans ces rues si animées d’habitude, et des fleurs séchées des couronnes déposées contre les grilles du square, et qui sont restées là encore plusieurs mois.
En lisant les biographies des victimes publiées dans les journaux, qui racontaient ces vies fauchées pour rien, avec leurs rêves brisés, ce qui m’avait frappée à l’époque c’était comment elles opposaient leur insouciance à cette barbarie. Tous les événements banals revêtaient une importance incroyable dans ces portraits : tomber amoureux, partir en vacances, fêter un anniversaire, commencer un nouveau boulot, aimer la photographie, être passionné d’informatique... Ces portraits montraient combien la vie quotidienne est belle et précieuse dans sa simplicité et pour sa simplicité, combien toutes sont uniques et se ressemblent au fond, comme autant de variations et d’improvisations sur une même partition, chacune avec sa petite musique, dans une symphonie gigantesque.
Hier, à deux pas de là, nous observions le ciel nuageux et pestions contre cette satanée pluie qui tombait depuis le matin. On a beau en connaître le phénomène, le bruit d’une averse nous fait toujours tourner la tête. Vers 16h, il pleuvait toujours mais le soleil a réapparu de derrière les nuages, éclatant et chaud. Délaissant nos tâches, nous nous sommes précipités pour le regarder. Alors quelqu’un a dit d’un ton savant : c’est qu’il va y avoir un arc-en-ciel. Ce joli espoir nous a suffit à nous faire reprendre le travail sans attendre : les choses suivaient leur cours rassurant.
Je me suis souvenu de la bâche qui recouvrait le bus explosé à Tavistock square. Pendant tout l’été il était resté là, symbole écoeurant de l’absurde, et les rues alentours étaient interdites à la circulation. Par le jeu des perspectives, on pouvait l’apercevoir de plusieurs lieues à la ronde. Je faisais tout pour éviter cette vision d’horreur et les images qu’elle soulevait en moi et qui me donnaient envie de vomir. Un jour, je me suis perdue dans le quartier et j’ai débouché, malgré moi, juste en face de sa carcasse. Je me souviens du silence pesant, terrifiant, qui régnait dans ces rues si animées d’habitude, et des fleurs séchées des couronnes déposées contre les grilles du square, et qui sont restées là encore plusieurs mois.
En lisant les biographies des victimes publiées dans les journaux, qui racontaient ces vies fauchées pour rien, avec leurs rêves brisés, ce qui m’avait frappée à l’époque c’était comment elles opposaient leur insouciance à cette barbarie. Tous les événements banals revêtaient une importance incroyable dans ces portraits : tomber amoureux, partir en vacances, fêter un anniversaire, commencer un nouveau boulot, aimer la photographie, être passionné d’informatique... Ces portraits montraient combien la vie quotidienne est belle et précieuse dans sa simplicité et pour sa simplicité, combien toutes sont uniques et se ressemblent au fond, comme autant de variations et d’improvisations sur une même partition, chacune avec sa petite musique, dans une symphonie gigantesque.
Hier, à deux pas de là, nous observions le ciel nuageux et pestions contre cette satanée pluie qui tombait depuis le matin. On a beau en connaître le phénomène, le bruit d’une averse nous fait toujours tourner la tête. Vers 16h, il pleuvait toujours mais le soleil a réapparu de derrière les nuages, éclatant et chaud. Délaissant nos tâches, nous nous sommes précipités pour le regarder. Alors quelqu’un a dit d’un ton savant : c’est qu’il va y avoir un arc-en-ciel. Ce joli espoir nous a suffit à nous faire reprendre le travail sans attendre : les choses suivaient leur cours rassurant.
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