mercredi 9 juillet 2008

Tentation de l’île

Mais quelle grande artiste a réalisé ce chef d’oeuvre ?

Hier soir, à ma plus grande joie, j’ai pu voir, par hasard, un épisode de L’île de la Tentation sur TF1. Ça me fait toujours rire quand N me demande, quand nous tombons sur un truc idiot à la télé française, en prenant un air dégoûté: Tu regarderais ça, toi ? (c’est-à-dire : si tu avais une télé, qui plus est avec les chaînes françaises) Ma réponse est toujours la même : Ben oui, et plutôt deux fois qu’une ! Elle disait: Affligeant Affligeant en remuant la tête, tandis que je savourais chaque scène en me retenant de battre des mains.

Hier, on nous présentait les « Tentateurs »... J’avais en tête un truc entendu à la radio dimanche, que le mec idéal serait Lino Ventura. Celui qui disait cette ânerie se targuait de tout savoir sur les femmes, sur leurs désirs secrets. On ne s’étonnera pas d'apprendre que c’était un célibataire des plus endurcis ! Moi j’imaginais Lino, avec son imper crème, avec son air renfrogné, son look de boxeur... Toujours cette idée horripilante que nous, pauvres femmes, avons besoin d’être protégées par un gros nounours au coeur tendre. Ça m’horripile ! Nos Tentateurs d’hier donc, se ressemblaient tous. On aurait dit ces bonhommes en pain d’épices que l’on trouve au Starbucks, affublés d’une casquette ou d’une raquette en sucre. De vrais clichés sur pattes, et quelles pattes ! : des quartiers de boeuf qui leur donnaient une démarche de gorilles. Des bellâtres, adeptes de la gonflette, exposant des tablettes de chocolat en veux-tu en voilà, avec des fesses rebondies en béton armé, moulées par un maillot de bain des plus révélateurs. Ils moulinaient des bras épais comme des colonnes antiques. Et tout là-haut, posée sur un cou de taureau, une toute petite tête, une baudruche à moitié dégonflée, sur laquelle on aurait dessiné une bouche, un nez, et deux yeux. Ils proféraient des fadaises, ils pouffaient, roulaient des mécaniques bien huilées et bronzées... Puis ils dansaient, lascivement, sur des rythmes antillais, buvaient des cocktails d’un blanc évocateur, et finissaient par murmurer langoureusement à une future conquête, avec un petit accent chantant qui cassait un peu leur personnage de séducteur: « Toi, je t‘ai repérée depuis le début... », avant de la faire passer à la casserole illico presto sous la moustiquaire. J’avais tout le temps l’impression qu’une soucoupe volante – comme dans Still Life de Jia ZhangKe – allait se pointer et les aspirer hors de notre vue, et que ce serait ça, le clou du spectacle. Peut-être cela se passera-t-il dans l’épisode de ce soir que je ne verrai pas, à mon grand dam! En fait, peut-être aimerais-je moi aussi me retrouver sur cette île du bout du monde, émoustillée par un de ces Apollon, soit-il de pacotille, vu le temps qu’il fait ici ... ?

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