(...) Je me demande ce que c’est, le “contenu” de quelqu’un.
- (...) Ma mère adorait la peau de saumon, et elle disait souvent que ce serait bien qu’il existe des saumons qui n’aient que de la peau. Ce qui veut dire que, dans certains cas, il vaut mieux qu’il n’y ait pas de contenu et seulement un contenant. (...)
- (...) Ma mère adorait la peau de saumon, et elle disait souvent que ce serait bien qu’il existe des saumons qui n’aient que de la peau. Ce qui veut dire que, dans certains cas, il vaut mieux qu’il n’y ait pas de contenu et seulement un contenant. (...)
Un ovni a atterri à Kushiro
Haruki Murakami – Après le tremblement de terre (2000)
Haruki Murakami – Après le tremblement de terre (2000)
Cette nouvelle de Murakami, la première que j’aie jamais lue de lui et qui m’a fait tomber amoureuse de ses livres (le prochain sort ici dans un mois), se passe dans « le Hokkaido », un nom qui m’a toujours attiré depuis que, pour les besoins du Bac, j’ai dû apprendre par coeur le nom des îles principales du Japon - Honshū, Kyūshū, Shikoku, Hokkaidō – et où celui de l’île « la plus septentrionale » de l’archipel était le plus facile à retenir. Si l'on m’avait demandé à brûle-pourpoint il y a encore un mois, comment je m’imaginais Hokkaidō, j’aurais dit que c’était un endroit glacial et peu hospitalier, sauvage, où l’on va soigner ses peines d’amour, comme le Komura de la nouvelle, et où l’on renaît ainsi à la vie, mieux, où l’on découvre le sens de la vie. Début juillet, j’ai vu le film The Yellow Handkerchief, et j’ ai parlé plus loin de ce film de Yoji Yamada qui se passe à Hokkaidō. Hier soir j’ai vu Kazoku (A wedding en anglais ; Une famille en français) du même réalisateur. Un film de 1970, dans lequel la famille Kazami quitte leur Kyūshū natal pour aller élever des vaches dans le Hokkaidō, et se lance dans un très long périple en train, jalonné de multiples étapes, d’aventures et de malheurs - comme s’ils devaient tout perdre et se détacher entièrement du passé pour pouvoir commencer une nouvelle vie. Nous passons progressivement de terres brûlées par le soleil, aux cerisiers en fleurs de Tokyo (et même au cinéma, l’arrivée en train à Tokyo, avec la Tokyo Tower aperçue entre deux immeubles est émouvante pour moi), à la quasi toundra des terres du Nord. Le plus intéressant du film c’est la visite de l’Expo d’Osaka, quand le film se transforme en documentaire. De l’Expo elle-même on ne voit rien, à part la foule compacte et étouffante, et les vaines tentatives de la visiter des Kazami. Seiichi, le père, avant de se laisser emporter par la foule, nous annonce qu’ils ont 3h et demie devant eux avant leur prochain train. L’équation foule + temps, vous rend fous, surtout si, comme moi, vous arrivez toujours largement à l’heure pour prendre un avion ou un train. Vous avez vous aussi l’impression d’être ballottés par cette masse infinie, et quand ils se cassent le nez devant les portes, et qu’ils doivent rebrousser chemin, pour arriver 5 minutes avant le départ du train, vous êtes aussi épuisés et à bout de nerfs qu’eux. L’arrivée épique à Hokkaidō en pleine nuit n’augure rien de bon, mais vite, nous sommes plongés dans l’attente de l’été, des fleurs des champs, des pâturages, et tout redevient possible, l’avenir recommence à sourire. Il y a sûrement de mauvais côtés à la place que semble toujours tenir Hokkaidō dans l’esprit des Japonais mais sur un plan plus romantique et romanesque, c’est une vraie aubaine !
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