Expérience multisensorielle de premier choix
Le jeune Marcel va le dimanche grignoter une madeleine chez sa tante. Cette expérience multisensorielle renouvelée se traduit dans son cerveau par une poussée de connexions neuronales, impliquant des phénomènes à la fois électrochimiques et la production de protéines, qui stimule et renforce durablement certains circuits. Ceux-ci vont constituer un souvenir, "stocké" dans l'hippocampe. Des décennies plus tard, une saveur oubliée réactive ce réseau délaissé, d'abord sous la forme d'une émotion sans objet, qui dans l'écheveau des neurones finit - miracle ! - par trouver son origine, faisant le pont entre l'affection toujours présente de sa mère et celle, retrouvée, de sa tante disparue. Le reste est littérature : "Tout Combray et ses environs, tout cela qui prend forme et solidité, est sorti, ville et jardins, de ma tasse de thé"...
Hervé Morin - L'hippocampe de Proust (ICI)
Dans plusieurs décennies, s’il m’arrive, comme je l’espère, de revoir le film Manin Densha (A full-up train) de Kon Ichikawa (1957), je suis certaine que surgiront de mon hippocampe les rires bécassons des deux têtes de linottes derrière nous, qui se bidonnaient à chaque fois qu’un toutou traversait l’écran ou qu’un personnage ouvrait son parapluie les pieds dans la boue... - gloussements qui se sont taris dès que le film est vraiment devenu drôle, mais d’un humour noir mâtiné de burlesque ! Je me demande ce que sera devenu le National Film Theatre, qui s’est déjà tant métamorphosé en 10 ans, que nous en sommes tout désorientés. Quel genre de restaurants y aura-t-il aux alentours ? Pourra-t-on encore y déguster des pizzas et rigoler en commentant le « warp and woof » de nos vies ? Ou bien peut-être y aura-t-il des restaurants chinois partout où l’on se délectera de « de langues de moineau frites, de tortue au sucre glace et jambon, de ragoût d'yeux de boeuf, de lèvres de poisson à la vapeur. » (ICI) Qui vivra verra !
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