jeudi 24 juillet 2008

Silence et dors!

Une mère et ses cinq enfants en bas âge, voyageaient tant bien que mal hier dans un bus surchauffé. Trois étaient sages comme des images, le bébé vagissait dans sa poussette, et une petite fille cherchait à tout prix à capter l’attention de sa mère qui, imperturbable, ne se préoccupait que du bébé hurleur. J’ai pensé à Anne-Marie, qui partait en congé de maternité et dont nous venions tout juste de fêter le départ. Elle va donner le jour, dans quelques semaines, à son 4e enfant. Elle nous a dit, d’un ton las, qu’elle s’imaginait bientôt « dépassée par les événements » et qu’elle avait peur.
Après des journées et des journées de ciel plombé, la chaleur nous est tombée dessus, à l’improviste, transformant bus, bureaux, et maisons en étuves. Que c’était bon de dormir la fenêtre ouverte ! Mais je n’ai pu fermer l’oeil que dans la grande profondeur de la nuit, à ces heures enfin silencieuses où les voitures ont étrangement disparu et où les joyeux fêtards ont regagné leurs pénates. Depuis lundi, je suis nostalgique du silence. Ce jour-là, j’attendais l’heure de mon rendez-vous devant l’ancienne Bourse, en plein coeur de la City. Il y a quelques bancs autour de l’imposante statue de Wellington. Le soleil jouait à cache-cache avec les nuages, causant une alternance de froid et de chaleur intenses. Toute à ces sensations, je ne tournais plus les pages de mon livre, je m’assoupissais, bercée par la conversation d’affaires de mes voisins. Soudain, je n’ai plus entendu que le bruit oppressant de la circulation, comme un grondement sans répit. J’ai pensé au silence des nuits d’Espagne, quand il n’est troublé que par un camion poussif, cahotant sur une route de montagne, et que l’on s’endort dans la paix des vacances. Hier, à la faveur de ce début d’insomnie, j’ai découvert que si j’avais du mal à m’intéresser aux pièces de George Etherege et de William Congreve, avec leurs Dorimant, Millamant, Fopling Flutter, Wilfull Witwoud, c’était différent avec celles de Sheridan. C’est en pensant que c’était la dernière marche avant le Genji que j'ai fini par m'endormir.

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