Las imágenes, los recuerdos, las figuraciones fragmentarias – todas esas sensaciones, visiones y semipensamientos que aparecen y desaparecen en el espacio de un parpadeo, mientras se camina al encuentro de...
El mono gramático de Octavio Paz (1974)
J’avais ce livre dans mon sac et j’allais l’abandonner sur une étagère. J'imaginais qu'un brillant étudiant en espagnol, curieux, cultivé, studieux, à l’âme poétique, l’adopterait un jour au passage : ce livre trouverait ainsi « a good home », comme on le dit pour un chien de la SPA. Mais j’avais des doutes quand même... A cause de son titre obscur - Le singe grammairien – et de sa couverture peu alléchante, marron et jaunâtre, qu’orne le dessin fané de Hanūman (le primate en question, héros du Râmâyana).
Aprender el arte de la inmovilidad en la agitación del torbellino, aprender a quedarse quieto y a ser transparente – puede ser un programa de vida.
Je n’avais aucun état d’âme à m’en débarrasser. De toute façon je ne l’avais pas ouvert depuis au moins 20 ans. Et d’ailleurs, l’avais-je vraiment lu à l’époque, ou seulement feuilleté ? Je me revois acheter cet exemplaire dans une librairie du centre de Madrid en août 1997.
La fijeza es siempre momentánea. Es un equilibrio, a un tiempo precario y perfecto, que dura lo que dura un instante. Cada metamorfosis, a su vez, es otro momento de fijeza al que sucede una nueva alteración y otro insólito equilibrio.
Si en 1997 je voulais tant posséder ce livre que je n’avais pas vraiment lu, 7 ans après l’avoir tenu dans la main une première fois, c’est qu’il me rappelait mes toutes premières années à Londres, et cette jolie maison de Seven Sisters qui donnait sur une ruelle calme se finissant en cul de sac. J’y dormais parfois dans une chambre spacieuse, douillette, décorée avec goût, qui aurait pu figurer dans les pages de Marie-Claire Maison.
Une immense bibliothèque de bois blanc, comme on en voit sur les photos d’écrivains et devant laquelle ils posent souvent, courait sur tout un pan de mur, juste en face du lit. Un dimanche d’hiver, ne pouvant m’endormir, j’avais parcouru les rayons de cette bibliothèque. C’est cette nuit-là, ou ce petit matin-là, que j’avais découvert le singe grammairien. Peut-être pensais-je y trouver des idées pour mieux enseigner le subjonctif : je débutais comme prof !
El cambio es una incesante búsqueda de fijeza. Constante ir y venir: la sabiduría está en lo instantáneo. Es el tránsito. Edifico torres de aire.Jeudi dernier, avant de le livrer à des mains anonymes, j’ai feuilleté ce livre et depuis je ne peux plus m’en détacher. C’est exactement le livre que j’attendais, ici et maintenant, et je n’en reviens pas. J’ai l’impression que ce livre m’a choisie, qu’il m’implorait de ne pas l’abandonner. Mais aujourd’hui ce n’est pas par nostalgie que je le garde, pour des raisons qui sont un peu éloignées de la littérature, mais surtout pour la beauté, la sensualité de ses mots. J’ai bel et bien tourné la page.
Je sens qu’il m'attire car j'y retrouve un peu de la littérature japonaise et les oeuvres de Bashō en particulier. Je sens une certaine connivence entre ce Singe cheminant sur le camino de Galta en Inde et le poète japonais voyageant sur sa sente étroite du Bout-du-monde. Et ce matin j’ai appris que le mexicain Octavio Paz avait traduit Bashō en espagnol. Il n’y a pas de hasard.
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