Depuis qu’un jour de printemps - où il avait neigé comme en plein hiver - je l’avais pris en photo, l’arbre que je vois d’une des fenêtres de ma cuisine m’intrigue. Il a une vraie présence dans ma vie. Il me sert de baromètre et d’almanach des saisons.
Le Singe grammairien d’Octavio Paz comprend de longs passages sur la « arboleda » et sur le vent qui secoue jusqu’à se faire tordre les arbres. Mais ils restent obstinément enracinés : El viento sacude los árboles y los golpea hasta hacerlos aullar. Los árboles se retuercen, se doblan, se yerguen y se estiran como si quisiesen desarraigarse y huir. No, no ceden. Si estos árboles se echasen a andar, destruirían a todo lo que se opusiese a su paso. Prefieren quedarse donde está: los habita una obstinación silenciosa. No ser ni león ni serpiente: ser encina, ser pirú.Le poète les compare à d'immenses crabes, tout en pinces et en bras entremêlés: A trechos, donde no hay hojas, se ve el tronco nudoso y las bifurcaciones de sus ramas larguísimas. Profusión de brazos, pinzas, patas y otras extremidades armadas de púas: un cangrejo inmenso.
Moi, depuis quelques jours, je sentais une présence de l’autre côté de ma fenêtre. quand j’ai aperçu cette feuille jaune en forme de visage qui s’agitait sous les rafales. Ces branches, ce tronc, semblaient contenir un esprit figé dans son envol. Sur la branche voisine s’agitait une tête de mort à la Munch.
Je me suis attachée à ce visage fantôme, et comme je savais que la feuille finirait par tomber, je me levais plusieurs fois vérifier si elle était toujours là, surtout quand j’entendais le vent souffler.
Moi, depuis quelques jours, je sentais une présence de l’autre côté de ma fenêtre. quand j’ai aperçu cette feuille jaune en forme de visage qui s’agitait sous les rafales. Ces branches, ce tronc, semblaient contenir un esprit figé dans son envol. Sur la branche voisine s’agitait une tête de mort à la Munch.
Je me suis attachée à ce visage fantôme, et comme je savais que la feuille finirait par tomber, je me levais plusieurs fois vérifier si elle était toujours là, surtout quand j’entendais le vent souffler.
Ce matin, elle n’était plus là. Je suis allée faire des courses dans mon quartier et je l’ai cherchée au pied de l’arbre. Il y avait de nombreuses feuilles jaunes tachées de vert, éparpillée un peu partout, mais j’avais la certitude que je reconnaîtrais la mienne entre mille. Je m’apprêtais à soulever des tas de feuilles mortes quand mon imagination a pris le dessus : imaginons que ce soit vraiment un esprit, et qu’elle n’attendait que ça, me séduire, et une fois que j’aurais mordu à l’hameçon... elle se serait jetée de l’arbre pour que je la ramasse, et une fois dans mon appartement.... ce scénario digne des films d’horreur de Kiyoshi Kurosawa m’a tenue jusqu’à la pâtisserie. Une fois mon pain au chocolat avalé, je l’avais oubliée... enfin, je l’espère, la nuit tombe vite !
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