mercredi 4 février 2009

A l'affiche: Tokyo Sonata

Je suis toujours intriguée par les affiches de cinéma. J'imagine que c'est un vrai casse-tête pour un réalisateur: comment donner envie au plus grand nombre de courir voir le film ? Comment s’adapter aux différentes cultures, tout en restant fidèle à l’esprit de l’oeuvre ? Il faut bien connaître son époque pour taper dans le 1000. Il existe ainsi plusieurs affiches du dernier film de Kiyoshi Kurosawa: Tokyo Sonata.La première (ici) à être diffusée comportait deux parties : un ciel bleu, jaune pâle, rose – l’image que l’on se fait d’une nouvelle aube – partageait 90% de l’affiche avec quelques immeubles en béton gris. Le reste, avec le titre du film, était blanc. Doit-on lire dans ce ciel une lueur d’espoir pour une famille dont la vie a volé en éclats? Ou bien est-ce un ciel sinistre qui, malgré ses couleurs acidulées, indique le début d’une nouvelle journée de galères pour les habitants de la ville et les sans travail en particulier? Le fait que la partie supérieure de l’affiche avec le ciel se termine comme un couperet, me fait pencher pour ma deuxième interprétation.

La deuxième affiche (ici) – peut-être accompagnera-t-elle la sortie en France de Tokyo Sonata le 25 mars prochain – montre un miroir dans lequel la famille Sasaki au grand complet se reflète: Ryuhei (le père qui cache qu’il a perdu son travail), Megumi (presque prisonnière de ses quatre murs), Takashi (le fils aîné qui part s’engager dans l’armée américaine) et Kenji (le jeune pianiste prodige). Ils sont assis chez eux, autour de la table où on les voit dîner - on les verra une seule fois briser cette habitude à la fin du film, mais je n’en dis pas plus... Le soir étant le seul moment où la famille peut se retrouver, c’est là que les conflits et les rancoeurs éclatent : sur l’affiche, le miroir est brisé. Sur la troisième ci-dessus, prise au Ciném@rt, la table n’est pas du tout celle qui se trouve dans l’étroite maison des Sasaki! Les acteurs portent des vêtements qui symbolisent leur personnage et qui correspondent à des scènes précises se déroulant en dehors de chez eux: le père porte le costume qu’il met pour aller travailler ; la mère la tenue (couleur d'automne, comme toujours) dans laquelle elle vivra une aventure rocambolesque; le fils aîné porte l’uniforme de l’armée américaine ; le jeune fils sa tenue de concertiste dans laquelle on ne le voit qu’une fois à la fin du film. La table est disproportionnée pour souligner son importance dans la vie familiale, et les attitude et la tenue des personnages montrent que chacun vit isolé dans son propre univers, qui reste impénétrable aux trois autres.

La quatrième affiche, prise à l’ICA, montre Kenji exécutant magistralement la Sonate au Clair de Lune de Claude Debussy. Il n’y a aucune subtilité dans cette affiche. Elle tente de correspondre au titre, et donne l’impression qu’il s’agit de l’histoire d’un petit génie que l’on empêche de pratiquer son art et qui, contre vents et marées, y arrive... s’il y a un peu de ça dans le film, ce n’est pas un scénario à la Hollywood ! Point l’ombre de la récession ici : on a mis l’accent sur la musique qui adoucit les moeurs.

Des quatre affiches de Tokyo Sonata, c’est la première qui me plaît le plus, car c’est la plus énigmatique, celle qui fait se poser le plus de questions sur le film, et qui m’a donné une folle envie de le voir.

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