mardi 10 février 2009

Fermer la parenthèse enchantée

Et puis un jour il faut partir. On se lève à l’aube, on « check out », et on attend le bus - aux vitres claires cette fois-ci -pour Narita, le coeur gros. On rencontre des gens qui logeaient dans le même hôtel que soi mais qu’on n’avait jamais croisés avant.
Le bus file dans les rues désertes du quartier de Shiba. La plupart des passagers s’endorment et moi... moi je ravale mes larmes...Le Limousine Bus fait étape devant certains grands hôtels de la baie de Tokyo et d’Odaiba. A chaque fois c’est le même rituel : le chauffeur à gants blancs descend, ouvre la soute, un employé s’approche, ils se saluent, ils se passent des documents, de nouveaux passagers mal réveillés grimpent dans le bus. Et lorsque le bus s’éloigne, l’employé le salue très bas. Pas âme qui vive dans les rues... Tokyo dort comme Paris dans le film de René Clair, mais ce n’est pas un rayon maléfique qui l’a endormie. Avec sa baie ainsi déserte et ses bateaux, j’ai l’impression de voir le petit village de pêcheurs qu’elle était il y a des siècles.Une dernière fois, emprunter le Rainbow Bridge mais cette fois-ci ce n’est pas à bord d’une rame de la Yurikamome pour aller voir un film au Mediage... Le bus a pris de la vitesse maintenant, et on a juste le temps d’apprécier la beauté de la baie au soleil levant. Quelle injustice de laisser derrière soi un si bel endroit ! La prochaine fois, c’est promis, un autre jour que celui du départ, on viendra en apprécier le silence et la beauté. On dirait que l'on quitte une ville espagnole... On joue à cache-cache avec un soleil qui n’en finit pas de se lever... mais ce jour ensoleillé nous ne le vivrons pas sous ces tropiques. Derniers regards pour Odaiba et ses rues endormies... Surtout ne pas penser que dans quelques heures cafés, restaurants et boutiques reprendront vie, qu’ils seront nombreux à déambuler sur la promenade et à se prendre en photo avec le pont en toile de fond... et qu’on n’y sera pas. Combien de fois je joue avec l’idée de demander au chauffeur de me laisser là, de me redonner ma valise, que demain, promis, je partirai mais pas aujourd’hui...Ça y’est, c’est parti: prochain arrêt Narita. Mes larmes se sont taries. Je pense aux beaux souvenirs que j'emporte et au prochain voyage.Les formalités sont très rapides. Après la douane je ne peux plus faire machine arrière, ou sauter les barrières comme une danseuse soviétique demandant l’asile politique à l’Ouest au nez et à la barbe du KGB. Les avions, derrière les vitres, me font penser à de grands oiseaux qui picorent quelques graines avant de nous emporter vers notre destination. C’est un peu Jurassic Park mais avec des oiseaux ! J'essaye de me distraire comme je peux...De salle d’attente en salle d’attente, dans ce lieu si impersonnel, on oublierait presque que l’on est au Japon. Ce nom de Narita, quand on l’aperçoit de son hublot à l’arrivée, est un gage de promesses... mais maintenant, vu de la salle d’embarquement... il n'est plus qu'un agencement de feuilles vertes.Aller et revenir du Japon est d’une simplicité enfantine : c’est un chemin balisé qu’il suffit de suivre et le tour est joué ! Le voyage au Japon est surtout une parenthèse enchantée dont le charme déteint ensuite sur toute ma vie... jusqu’au prochain départ !

4 commentaires:

Madjid Ben Chikh a dit…

Beaucoup de jolies photos... La visite a Kamakura... Le depart c'est toujours triste...

Gwen a dit…

Ta nostalgie me rend encore plus précieuse ma vie dans tous ces lieux... Je transforme la tristesse de ton départ en joie d'habiter là !

Agnès a dit…

Gwen, je ne sais pas si cela me soulage! Ce n'est pas non plus de la nostalgie, car c'est encore vivant en moi, je les garde vivants ces lieux. La nostalgie c'est un peu trop immobile et negatif.

Agnès a dit…

Merci Suppaiku. Ce qui est bien c'est que la tristesse s'estompe de plus en plus vite car je sais que je peux revenir.