La sédentarité et le nomadisme ont changé de nature. Le sédentaire, c'est celui qui est partout chez lui, avec le portable, l'ordinateur, aussi bien dans l'ascenseur, dans l'avion, que dans le train à grande vitesse. C'est lui le sédentaire. Par contre, le nomade, c´est celui qui n'est nulle part chez lui.
Paul Virilio (
ici)
Sédentaire, je l’étais dans les Jardins du Palais Royal, sous le regard indéchiffrable d’André Malraux : des problèmes de radiateurs à régler par portable interposé me maintenant mentalement chez moi dans ma cuisine londonienne!
Vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d’érable..., dériver comme une calebasse sur la rivière, c’est ce qui s’appelle
ukiyo.
Le Dit du Monde flottant (Ukiyo Monogatari) d’Asai Ryôi, 1665 (
ici)
C’était une jolie expo, à la BNF, rue Richelieu. L’expression “viens chez moi je te montrerai mes estampes japonaises” prenait tout son sens dans la dernière salle: le pauvre gardien sur sa chaise semblait perdu au milieu de ces images suggestives de couples en extase, exhibant leurs énormes sexes !
Un petit coup d’aile et me voilà dans le 11e. Dans la boutique on entend des « Il vous reste des... ? » « Vous en recevrez quand ? » « C’est ravissant, j’ai le même en bleu ! » Tout est mignon mais hors de prix.. vraiment. Je déniche malgré tout une paire de boucles d’oreille dont j’amortis le prix en ne les quittant plus !
Un autre coup d’aile et me voilà à la FNAC devant le rayon littérature japonaise que je dévalise. Une femme s’égosille dans son portable : « Je te prends L’Assommoir de Zola ? Et Madame Bovary, tu l’as lu ? Le Rouge et le Noir plutôt ? Les Fables de La Fontaine ? » Elle bat le rappel de tous les classiques. Mais à qui peut-elle bien parler ? Quelle chance de ne pas avoir encore lu ces livres ! Affalé sur un pouf, tout près du rayon littérature russe, un ado dit à une copine : « T’es vachement jolie avec cette coiffure ! » Elle se lève précipitamment.
L’heure de mon train avance. Il fait un froid de canard. « Nous on rogne sur tout : la bouffe, les vacances... » dit un homme dans la rue. Son ami acquiesce. Rogner, j’entendrais plusieurs fois ce verbe tout au long de ces quatre jours... Bientôt un TGV m’emporte vers la Touraine.
Pardon... toujours mon côté sédentaire... je ne file pas vers Uji voyons!
Mais vers la bonne ville de Tours! C’est sur la Loire que je vais dériver comme une calebasse... De passage d’Outre-Manche, j'aurai visité Paris en coup de vent. Paris n’était qu’un tremplin, une outre-ville (Paul Virilio), celle « du départ, à l´instar des gares, des aéroports et des futurs spatioports. »
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