jeudi 5 février 2009

Eloge de la tranquillité

"I don't like the Tokyo of today. I feel more nostalgic for Kyoto, which has a kind of charm that reminds me of what Tokyo used to be..."
"Then isn't Honen-in best?" said Itsuko, as we were going down the steps from Manjuin. "This temple is too out of the way, and even with Kurodani nobody would climb the hill unless they were making a special visit."
"That's what I think too."
"Honen-in is right in the city now, close to the streetcar line, and when the cherries are in bloom along the canal it's quite pretty; yet the moment you're in the hush of that temple compound you naturally feel calm. I'd say it's just the place for you."

Diary of a Mad Old Man de Jun'Ichiro Tanizaki (1961)
L’indispensable Kyoto city bus travel map indiquait que le temple Honen-in se trouvait juste au dessous du Ginkakuji, du côté des montagnes de l’Higashiyama à l’est de la ville. En quittant ce dernier temple, célèbre pour son Pavillon d’Argent, j’ai tourné à gauche, à tout hasard : un coup de chance car c’était bien là la Tetsuganoku no Michi, la promenade du philosophe, longeant le canal Shishigatani. Au bout de quelques mètres, j’ai aperçu une grande pierre sur laquelle était inscrit – enfin, je l’ai supposé - le nom du temple. Un chemin s’enfonçait dans la forêt, un autre menait à l’entrée principale dont le toit de chaume – il était couvert de feuilles d’érable – est souvent cité. L’endroit était désert. Je me souviens combien l’air était parfumé. Et toujours ces cris et gazouillis d’oiseaux mêlés aux bourdonnements des scies dans la forêt et la montagne toutes proches. D’étranges chevelures de branchage dévalaient de la cime d’arbres imposants.
Quel coiffeur pourrait se risquer à démêler cet enchevêtrement compliqué ?Rien ne vous prépare à la beauté, à la quiétude, et à la douceur de cet endroit.

Un tel sentiment de bien-être m’a saisie que je n’ai pu que m’asseoir pour l’absorber. Cette statue noire m’a fait penser à celle d’une Vierge noire qu’on peut apercevoir dans sa petite grotte des Alpujarras, en allant à Grenade par une sinueuse route de montagne.

Comme j’avais laissé à l’hôtel mes notes prises en préparation de mon voyage, je n’ai pas pu relire les quelques mots se rapportant à l’Honen-in : « 1681. Tanizaki venait s’y promener. Tombe. » Mais est-ce que cela aurait ajouté quelque chose à ma visite ? Il y a encore 6 semaines, je n’avais jamais lu un seul Tanizaki et toutes mes tentatives s’étaient soldées par des échecs.

Désormais, je ne pourrais plus employer l’expression « havre de paix » sans repenser à ce coin de l’Honen-in, près du pavillon principal en bois et de l’escalier de pierre menant à la niche de Jizo. Et Tanizaki... je m’y suis mise... et c’est passionnant ! Sur sa tombe, que je n'ai pas vue, est inscrit un simple caractère: Tranquillité.

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