lundi 23 février 2009

A Blois, on mange du couscous!

J’aime bien la route entre Tours et Blois.
Sur notre gauche défilent, comme dans un panorama de fête foraine, l’Abbaye de Marmoutier et ses hautes grilles; de petits manoirs qui se dissimulent derrière un rideau de peupliers; des champs à perte de vue où paissent vaches et chevaux, d’où s’élèvent soudain des nuées d’oiseaux, où s’aventurent les biches (une traversera la route juste devant notre voiture); une multitude de villages et de fermes; des caves où se dégustent les bons vins du terroir ; des collines percées de grottes troglodytes; et toutes sortes d’arbres : saules pleureurs, peupliers, ormes, frênes...Sur notre droite, c’est encore plus évocateur : nous longeons la majestueuse Loire. Sous un soleil d’hiver, elle ressemblait à un fjord norvégien ! Ce serait si bon d’arrêter la voiture et de s’y promener...
Je serai bien incapable de dire quand nous franchissons la frontière entre l’Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher, mais je me souviens du panneau indiquant le village de Veuves, celui barré de rouge à la sortie d’Amboise (apercevoir son château est toujours un spectacle réjouissant), et celui annonçant que le château de Chenonceaux se trouve à quelques mètres de là, tout au bout de cette allée ombragée... et j’aime le chercher des yeux à travers une forêt profonde et fascinante.
Quand nous arrivons à Blois, juste avant le pont qui enjambe les voies de chemin de fer, il y a toujours quelqu’un pour s’exclamer : voilà la chocolaterie Poulain ! et pour regretter la bonne odeur de chocolat qui flottait dans l’air jusqu’en 1992.
Mais depuis toujours, depuis 30 ans en fait, c’est quand je vois cette pâtisserie que je sais que le court voyage touche à sa fin. J’ai toujours aimé aller à Blois chez mon oncle et ma tante.Juste avant d’arriver chez eux, nous passons près de la ZUP où ils habitèrent à la fin des années 1970. On la rénove aujourd’hui en abattant ses tristes tours de béton. J’ai des souvenirs très précis de leur étroit appartement : mon premier été en France j’avais acheté un disque de Billy Joel que nous écoutions en boucle avec mes cousins. Je me souviens très précisément du soleil de cet après-midi-là, de ses rayons qui inondaient le salon. De mon cousin assis sur un fauteuil. De nos tentatives pour déchiffrer les paroles en anglais.
Dans la nuit qui a suivi cette visite, je rêverais que, retournant dans le quartier des Roches Noires à Casablanca, je ne retrouvais plus que des champs retournés, d’un marron sombre, où se devinaient les ruines de la maison où j’avais habité. Nous nous sommes tous régalés avec ce délicieux couscous ! Les images me font encore saliver, je sens encore son fumet, sa consistance, ses saveurs épicées...Mais on rentre toujours trop tôt de Blois. Dès que le soleil décline nous levons le camp, à regret. Les bords de Loire sont toujours aussi impressionnants... A la nuit tombée ils savent se charger de mystère. A une période très difficile de ma vie, la maison de mon oncle et ma tante à Blois était devenue mon cocon. Je m’y rendais très souvent le week-end, comme mes copines qui rentraient dans leur famille après une semaine en cité U à Tours. J’aimais les bonnes joues rouges de ma tante, entendre râler mon oncle contre les chanteurs qu’on voyait à la télé – quand c’était mon père ça m’énervait ! – regarder le foot avec mon cousin et rigoler avec ma cousine. Ma reconnaissance envers eux est infinie car je ne sais pas ce que je serais devenue sans leur amour.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh tu parles de notre famille...de mes grands-parents, de mon père, de ma tante... c'est beau et triste à la fois. Je suis vraiment heureuse d'avoir fait ta connaissance ce jour-là, ce samedi de février, autour d'un bon mets marocain^^(et d'avoir "parlé" japonais!! Moi aussi je me marre en pensant à ce que Yuuki peut raconter sur notre famille^^)

Bisous à très bientôt

Lily

Agnès a dit…

Moi aussi Lily. C'est etrange mais j'ai beaucoup de souvenirs sur ton pere! Et je suis vraiment contente d'avoir enfin connu ta mere qui est vraiment sympathique! J'espere vous revoir bientot.