Pour trouver le Ciném@rt où était projeté Tokyo Sonata de Kiyoshi Kurosawa, il fallait aller à Roppongi et, devant « L’Hôtel b », tourner à droite. A 19h, la ruelle était silencieuse et mal éclairée. Elle se prolongeait par des escaliers au-delà desquels on devinait un dédale inquiétant, plongé dans l’obscurité. Le cinéma, d’où s’échappait une lumière vive, était comme un phare dans le fond de cette petite rue. Son nom, en lettres de néon sur son fronton, m’a appris que j’étais enfin arrivée à bon port. Un homme téléphonait fiévreusement devant la porte.
3h plus tard il n’avait pas bougé, toujours pendu à son portable. Mais la rue, elle, avait totalement changé d’aspect et s’était animée: néons multicolores des boîtes de nuit, ballet de limousines déversant des couples sur leur trente-et-un, en smoking et en robes pailletées, portières qui claquent, rires cristallins, salutations sonores et infinies courbettes des serveurs de restaurants... Le monde de la nuit était de sortie et la fête battait son plein. Un peu plus loin, vers le métro, deux jeunes hommes font signe et glissent quelques mots à deux employés de bureau qui titubaient, un coup de saké dans le nez. Ils partent d’un grand éclat de rire. Je regarde en direction de ce qui l’a déclanché: sur une affiche, à la devanture d’un club, s’étalent des photos de jeunes filles en tenues affriolantes.
Samedi dernier, pour revoir le film à Londres, c’est un territoire plus balisé et moins interlope qu’il m’a fallu traverser sous un soleil glacial: il est projeté à l’ICA, une galerie d’art contemporain que longe la large avenue qui se termine par Buckingham Palace.
Ce n’était pas la seule différence entre les deux projections du film. Il est rare que je voie deux fois le même film en un si court laps de temps, mais c’est toujours très intéressant et instuctif, une fois le déroulement de l’histoire connu, de pouvoir se concentrer sur l’image elle-même. On remarque alors une foule de détails passés inaperçus la première fois et la mise en scène, le montage, apparaissent plus clairement. Bref, on peut mieux savoir pourquoi on a aimé le film.
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