dimanche 29 août 2010

Vertigineuses conceptions

Je me souviens que, dès les premières mesures, je subis une de ces impressions heureuses que presque tous les hommes imaginatifs ont connues, par le rêve, dans le sommeil. Je me sentis délivré des liens de la pesanteur, et je retrouvais par le souvenir l’extraordinaire volupté qui circule dans les lieux hauts ... J’avais subi une opération spirituelle, une révélation... Pendant plusieurs jours, pendant longtemps, je me dis : « Où pourrais-je bien entendre ce soir de la musique de Wagner ? » Ceux de mes amis qui possédaient un piano furent plus d’une fois mes martyrs.
Richard Wagner et Tannhäuser de Charles Baudelaire
(Le 25 janvier 1860, Baudelaire assista au premier concert de Wagner à Paris)
Ce n’est pas que je sois fan de la musique de Wagner, à vrai dire je n’y connais pas grand chose, mais depuis les magnifiques émissions sur le Ring dans Les vendredis de la musique (France Culture), j’avais envie d’en savoir plus. Et puis j’ai lu l’essai de Baudelaire. Il m’a encore plus donné envie d’en savoir plus... mais c’était surtout imaginer un monde sans vendeurs de disques ni mp3 qui me fascinait. Et puis hier j’ai vu, pendant 6h d’affilée, les deux premiers DVD (sur trois) sur la vie de Richard Wagner avec le fabuleux Richard Burton dans le rôle du compositeur.
Je n’ai pas vu les heures passer. Non seulement je découvrais la vie de Wagner avec tous ses incroyables rebondissements mais que dire du magnifique Richard Burton ? La façon dont est conçue cette fresque est passionnante. Des fois on ne comprend rien à ce qui se passe, on fait des allers-retours incessants dans le temps, une action se poursuit commentée en voix off par des bribes de dialogues déjà entendus, ou bien on laisse de côté le présent et on nous emporte vers le futur : quand Wagner est en Bavière auprès du roi Louis II. On est avec Wagner, avec le roi, avec Wagner et le roi, avec les médisants conseillers du roi, on est partout à la fois. L’épisode Wagner-Louis II n’est pas encore fini, que l’on suit, par un détour narratif un peu hallucinatoire, le suicide du roi dans le lac de Starnberg... « Il semble parfois, en écoutant cette musique ardente et despotique, qu’on retrouve peintes sur le fond des ténèbres, déchiré par la rêverie, les vertigineuses conceptions de l’opium » écrit Baudelaire. Je ne connais pas, comme le poète, les effets de l’opium, mais voir ce film doit m’en rapprocher. Il me reste encore 3h à voir, je suis en manque, je suis complètement accro !

1 commentaire:

McdsM a dit…

U comme revenue. Heureuse d'avoir lU tes 'billets-RimBEAUX'.
Communauté d'esprit: début juillet, j'ai choisi ce poème pour préparer la découverte voyelles-consonnes de mes apprentis lecteurs dès jeudi.
Pour Wagner, j'attendrais un peu !