lundi 30 août 2010

Ave César !

J’aimerais habiter un château que Jean Froissard, au XIIIe siècle aurait décrit comme « beau et grand, fort et plantureux, un des plus beaux du royaume », dans lequel aurait eu lieu par exemple, le mariage de César Borgia, le frère de Lucrèce Borgia, avec la "belle et riche" Charlotte d’Albret, en mai 1499.Louis XII veut se séparer de Jeanne, la fille de Louis XI, pour épouser Anne de Bretagne.
Il doit pour cela obtenir l’annulation de son mariage auprès du pape Alexandre VI. Le pape accepte mais, en échange, Louis XII octroie à César Borgia – le fils du pape – le duché de Valentinois, et pour sceller leur alliance, lui accorde la main de la belle Charlotte d’Albret.
L’entrée de César Borgia à Chinon (le château de Blois n’était pas encore prêt à le recevoir) fut des plus magnifiques, parmi de nombreux seigneurs juchés sur des coursiers caparaçonnés d’or et de velours, suivis de laquais et d'une multitude de mules chargées de coffres débordant de pierreries.Brantôme vit passer César Borgia : Il était monté sur un grand et gros coursier, harnaché fort richement, avec une robe de satin rouge et drap d’or et bordée de force riches pierreries et grosses perles. A son bonnet était, à double rang, cinq ou six rubis, gros comme une grosse fève, qui montraient une grande lueur. Sur le rebras de sa barrette, avait aussi grande quantité de pierreries, jusques à ses bottes, qui étaient toutes lardées de cordons d’or, et brodées de perles et un collier qui valait bien trente mille ducats. Son cheval qu’il chevauchait était tout chargé de feuilles d’or, et couvert de bonne orfèvrerie. Brantôme dit aussi que Louis XII et ses courtisans, d’une fenêtre, trouvèrent un peu ridicule cette magnificence, cette "vanité de parades".Ce qui me fait rire c’est le commentaire de Brantôme : Je crois que le roi Louis XI en eut bien dit son mot, et bien brocardé, avec sa robe de bure et son chapeau de laine velu, et son image de plomb de Notre-Dame y attaché. César épouse donc Charlotte à Blois. C’était un mariage politique, mais on dit qu’elle ne lui était pas indifférente et qu’elle le trouvait très beau. Ils ne purent filer le parfait amour que 4 mois seulement : en septembre il accompagne Louis XII en Italie pour y faire la guerre et ne revint plus jamais à Blois. Il ne vit jamais leur fille, Louise. Charlotte souffrit-elle de la séparation d’avec César ? Ou bien à cette époque on était aguerri, et savoir son mari combattant aux côtés du roi de France était un trop grand honneur pour le regretter ?
César servit de modèle à Machiavel, qui lui vint deux fois, en diplomate, à Blois en 1501 et 1510. François Ier, Charles Quint, Ronsard – qui y rencontra sa muse Cassandre Salviati – Henri II, François II et Marie Stuart, Charles IX, Henri III, Henri IV – qui s’y fiance avec Marguerite -, Marie de Médicis, Richelieu, Louis XIII et Anne d’Autriche, et pour finir Gaston d’Orléans, le frère de Louis XIV, et bien plus tard Victor Hugo, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Flaubert, vinrent par la suite au château.
Y a-t-il une pierre d’origine dans ce château, une pierre qui aurait survécu à tous ces siècles et qui pourrait parler – si les pierres le pouvaient - et raconter toutes ces allées et venues ? Un pavé peut-être, qu’auraient heurté la botte de César, le soulier de Ronsard, ou un talon de Louis XIII ? Si j’habitais un tel château, je crois que j’aurais du mal à dormir, vu tous les fantômes qui doivent s’y balader !

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