mardi 17 août 2010

Un livre à la mer

J’ai enfin fini Flush de Virginia Woolf, un livre « d'une grâce hors du commun » (Télérama). C’est sûr... Ce livre me laisse sur ma faim et je me retrouve dans un drôle d’état : je ne sais plus ce que j’ai envie de lire. J’ai ramené pleins de bouquins de Paris, et je m'en moque. J’ai eu beau vider mes étagères et considérer chaque livre un par un, en lire deux sur le champ presque debout, comme on avale un hot-dog dans une rue de New York, et dévorer deux histoires décapantes de Saki, par terre au milieu d’un océan de livres... malgré cette débauche de lecture, toujours cette insatisfaction, ce manque du Livre qui soulèvera, qui emportera, qu’on ne lâchera plus, auquel on s’accrochera comme à une bouée ou une planche de surf. Ou au contraire, qui nous fera plonger dans nos profondeurs. Toujours au dessus de la vie, ou au dessous. Où est-il ce livre ? Où le débusquer (to flush en anglais)?

La semaine dernière, j’ai passé plus d’une heure dans une des plus jolies librairies de Londres - Daunt Books – un paradis pour tout lecteur invétéré. Normalement, quand il m’arrive de passer parmi ses rayons, je veux tous les livres. Pas cette fois-ci. J’ai fait la fine bouche et je n’en suis sortie qu’avec Flush sous le bras... Je n'ai choisi aucun autre livre et aucun des livres ne m'a choisie. Je me disais : le livre que tu veux lire t'attend chez toi... Si seulement... Et rien ne sert de m’en conseiller ou de m’en prêter... rien ne me servirait de courir les bouquinistes... ou de fureter dans les bibliothèques les mieux achalandées de Londres...

Et si je faisais la liste de tous les livres que je possède ? Peut-être en la parcourant plusieurs fois, un nom, un titre, attireraient enfin mon regard ? J’en arrive à douter du besoin de la librairie personnelle, si le livre le plus tentant est toujours ailleurs qu’à portée de ma main ? Quand je pense à ces pauvres momies qui n’ont que le Livre des Morts à bouquiner pour toute l’éternité... mais j’en mourrais !

J’écrivais cela quand la couverture d’un livre posé près de moi a attiré mon attention. Elle évoque une estampe japonaise : le bas représente une plage jaune sable, avec des feuilles d’érable couleur d’automne éparpillée dans un coin ; le haut est occupé par la mer et ses vagues bleues. Un grand oiseau noir et blanc survole l’écume. Il s’agit de Pays Natal d’Osamu Dazai où il raconte son voyage dans la péninsule de Tsugaru au nord du Japon. Je m’en suis saisi, j’ai lu la quatrième de couverture, je l’ai machinalement feuilleté... j’étais conquise en un instant !

C'est vrai... la dernière fois que j’ai vu la mer, que je me suis assise sur le sable d’une plage au soleil, c’était au Japon, à Zushi, un 25 décembre ! Autant j’ai envie de lire autant j’ai envie de voir la mer. Ce sont mes deux obsessions du moment. Je n’ai pas envie de m’y baigner, je veux seulement la regarder. Ça se résume bêtement au besoin d’avoir sous les yeux une grande étendue bleue.

Alors maintenant que j’ai le livre qui va m’y amener sans bouger, au premier rayon de soleil ici, c’est décidé, je file prendre le premier train en partance pour la grande bleue!

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