jeudi 26 août 2010

Pluie-momies-Pluie-bises-Pluie-thé-Pluie-Pluie-Pluie

Par les deux fenêtres qui sont en face de moi, les deux fenêtres qui sont à ma gauche et les deux fenêtres qui sont à ma droite, je vois, j’entends d’une oreille et de l’autre tomber immensément la pluie. Je pense qu’il est un quart d’heure après midi : autour de moi tout est lumière et eau. Je porte ma plume à l’encrier, et, jouissant de la sécurité de mon emprisonnement, intérieur, aquatique, tel qu’un insecte dans le milieu d’une bulle d’air, j’écris ce poëme. Il n’est point à craindre que la pluie cesse ; cela est copieux, cela est satisfaisant.
Connaissance de l’Est de Paul Claudel
Hier, il pleuvait. Le jour d’avant, il pleuvait. Et aujourd’hui, il pleut. En plus il fait froid. Mais le matin, ayant lu le haïku de Momoko Kuroda « Il faudrait/aller prendre froid./Chant de milans. », j’ai pensé qu’une petite sortie me ferait du bien, quitte à attraper un rhume.

Sinon, à quoi serviraient les parapluies? Paradoxalement, quand il pleut à verses et que l’on sort pour sortir, c’est pour rechercher un abri... Le cinoche ? Mais pour voir quoi ? Il sort un bon film par semaine et je vais le voir immédiatement. Bouquiner dans un café ? Mais ils sont bondés vu que c’est le refuge numéro 1 des promeneurs. Faire les magasins ? C’est pas mon truc. Flâner dans une librairie ? Mais j’ai déjà trouvé mon bonheur. Reste les musées. Reste LE musée. J’y ai trouvé que les dessins sur ces vases grecs ressemblaient à des peintures japonaises.

Il y avait un vrai chassé-croisé sous la colonnade du musée entre ceux qui s’ébrouaient en refermant leurs parapluies tout contents d’oublier pour un temps le déluge, et les autres qui, quittant des objets antédiluviens, lançaient des regards noirs vers les nuages avant de se décider à rouvrir leurs parapluies ou à rabattre leurs capuches. Moi, je me dis toujours que la pluie va cesser à un moment donné. Malheureusement elle a accompagné toute ma balade, en tambourinant de plus belle. Elle a redoublé de force quand je suis allée faire la bise à l’Apollon du quartier. Nous sommes allés prendre le thé en zigzagant entre les flaques. Les pavés disjoints trempaient nos godasses – les miennes s’étaient transformées en aquarium, les taxis rasant les trottoirs nous ont éclaboussés sans pitié... Je suis rentrée chez moi transie. Ça en valait la peine... mais aujourd’hui, c’est avec un plaisir infini que je vais rester dans ma bulle et jouir de la sécurité de mon emprisonnement !

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