jeudi 12 août 2010

Le Fétiche


Maintenant, je peux te le dire, il y a en quelque sorte, « prescription ». C’était il y a quelques mois, tu es soudainement entré dans la pièce où je me trouvais. J’ai vivement tourné la tête, prête à fusiller l’intrus d’un regard furibond... avant de m'apercevoir que c’était toi, qui t'excusais d’un sourire. A dire vrai, j’ai eu un peu honte de ma réaction.

Car je ne désirais voir que toi. Et c’est sûrement la coïncidence entre mon désir le plus cher et ton arrivée impromptue qui m’a plongée dans un état étrange et inédit.

J’ai essayé depuis de mettre des mots sur ce qui s’est passé. Au départ je disais que j’avais disjoncté, mais il y a dans ce mot un soupçon de colère et de folie qui ne correspond pas à l’hébétude que je ressentais. J’avais l’impression que mon cerveau ne me répondait plus.

Je ne comprenais plus un mot d’anglais. Ce n’était que du brouhaha. Mais en même temps je pensais que je pourrais comprendre toutes les autres langues ! Dire que si j’étais encore dans cet état là je pourrais lire en ce moment le dernier Murakami dans le texte ! Dommage.

J’entendais en moi une voix d'outre-tombe me demandant de me calmer.

J’avais grand peur de m’évanouir, de mourir, ou de ne plus jamais redevenir comme avant.

Et tout ça en essayant de dissimuler tant bien que mal mon trouble : On eût dit un cratère de volcan artistement caché par des bouquets de fleurs (Baudelaire). Quel exploit !

Ça a bien pris une demi-heure pour retrouver ma sérénité.

Quand j’y pense aujourd’hui, j’en rigole. Ce qui me plaît c’est que ce soit toi le manège qui m’ait fait tourner la tête comme dit la chanson. Toi, tu n’es pas n’importe qui.

Quitte à aggraver mon cas, et pour citer de nouveau mon poète préféré, toi tu es « la forme la plus délicieuse du Beau ».

Mais, tu vois, si la cause de cette extase quasi mystique, n’ayons pas peur des mots, est facile à deviner, le fait que je puisse l’éprouver me fascine. Et il a fallu des mois pour que je comprenne ce qui m’était arrivé. Je l’ai compris lors de cette expo au Musée du quai Branly.

On y voit des masques en forme de coeur et l’un ressemblait étrangement, comme deux gouttes d’eau, à Georges Perec !

Au début de l’expo, j’ai lu ce texte, et j’ai tout compris.

4 commentaires:

christinecho a dit…

Tout cela fait très envie, je mets le texte dans ma musette...

Ren a dit…

Excellent mélange de texte, images et mémoire collective et individuelle.

Marie a dit…

Le hasard des rencontres fait que je connais le commissaire de l'exposition... It's a small world...

Agnes a dit…

Christine: en lisant ton blog et en voyant tes masques ce matin j'ai pense que le texte de l'expo te plairait!
Ren: Merci! J'aime bien trouver des correspondances.
Marie: Tu pourras lui dire de ma part qu'elle est magnifique et que j'avais du mal a la quitter.