mardi 31 août 2010

L’arbre rêve dans l’air d’être une source vive

L'arbre chante comme l’oiseau.
Tout à coup, coup de vent. — Vent brusque.
Cela vient, s'apaise, revient comme vagues.
Le vent donne au grand arbre une multitude de pensées, le surprend, le trouble, l'attaque en tous points, l'ébranle. Le revêt de l'envers de ses milliers de feuilles nombreuses. L'épouse, le change en rumeur qui grandit et s'affaiblit et le change en ruisseau perdu.
Ceci donne pur rêve du ruisseau.
L'arbre rêve d'être ruisseau ;
L'arbre rêve dans l'air d'être une source vive...
Et de proche en proche, se change en poésie, en un vers pur...
Il y a une combinaison harmonique visible de la vibration affolée de la feuille avec celles de la tigelle, du rameau, puis de la branche mère et de la grosse branche aïeule. La plus grosse lourdement, lentement, se balance et ses parties de plus en plus fines et frêles oscillent, palpitent, scintillent.

Arbre dans Rhumbs de Paul Valéry

Le ciel est bleu et il fera même peut-être chaud. Malgré la buée sur les vitres et l’air qui rappelle l’automne, malgré ces grappes de feuilles brunes parmi les branches, c’est encore l’été, donc encore un jour de pleine liberté... Voilà ce que je me dis depuis ce matin...

lundi 30 août 2010

Ave César !

J’aimerais habiter un château que Jean Froissard, au XIIIe siècle aurait décrit comme « beau et grand, fort et plantureux, un des plus beaux du royaume », dans lequel aurait eu lieu par exemple, le mariage de César Borgia, le frère de Lucrèce Borgia, avec la "belle et riche" Charlotte d’Albret, en mai 1499.Louis XII veut se séparer de Jeanne, la fille de Louis XI, pour épouser Anne de Bretagne.
Il doit pour cela obtenir l’annulation de son mariage auprès du pape Alexandre VI. Le pape accepte mais, en échange, Louis XII octroie à César Borgia – le fils du pape – le duché de Valentinois, et pour sceller leur alliance, lui accorde la main de la belle Charlotte d’Albret.
L’entrée de César Borgia à Chinon (le château de Blois n’était pas encore prêt à le recevoir) fut des plus magnifiques, parmi de nombreux seigneurs juchés sur des coursiers caparaçonnés d’or et de velours, suivis de laquais et d'une multitude de mules chargées de coffres débordant de pierreries.Brantôme vit passer César Borgia : Il était monté sur un grand et gros coursier, harnaché fort richement, avec une robe de satin rouge et drap d’or et bordée de force riches pierreries et grosses perles. A son bonnet était, à double rang, cinq ou six rubis, gros comme une grosse fève, qui montraient une grande lueur. Sur le rebras de sa barrette, avait aussi grande quantité de pierreries, jusques à ses bottes, qui étaient toutes lardées de cordons d’or, et brodées de perles et un collier qui valait bien trente mille ducats. Son cheval qu’il chevauchait était tout chargé de feuilles d’or, et couvert de bonne orfèvrerie. Brantôme dit aussi que Louis XII et ses courtisans, d’une fenêtre, trouvèrent un peu ridicule cette magnificence, cette "vanité de parades".Ce qui me fait rire c’est le commentaire de Brantôme : Je crois que le roi Louis XI en eut bien dit son mot, et bien brocardé, avec sa robe de bure et son chapeau de laine velu, et son image de plomb de Notre-Dame y attaché. César épouse donc Charlotte à Blois. C’était un mariage politique, mais on dit qu’elle ne lui était pas indifférente et qu’elle le trouvait très beau. Ils ne purent filer le parfait amour que 4 mois seulement : en septembre il accompagne Louis XII en Italie pour y faire la guerre et ne revint plus jamais à Blois. Il ne vit jamais leur fille, Louise. Charlotte souffrit-elle de la séparation d’avec César ? Ou bien à cette époque on était aguerri, et savoir son mari combattant aux côtés du roi de France était un trop grand honneur pour le regretter ?
César servit de modèle à Machiavel, qui lui vint deux fois, en diplomate, à Blois en 1501 et 1510. François Ier, Charles Quint, Ronsard – qui y rencontra sa muse Cassandre Salviati – Henri II, François II et Marie Stuart, Charles IX, Henri III, Henri IV – qui s’y fiance avec Marguerite -, Marie de Médicis, Richelieu, Louis XIII et Anne d’Autriche, et pour finir Gaston d’Orléans, le frère de Louis XIV, et bien plus tard Victor Hugo, Honoré de Balzac, Alexandre Dumas, Flaubert, vinrent par la suite au château.
Y a-t-il une pierre d’origine dans ce château, une pierre qui aurait survécu à tous ces siècles et qui pourrait parler – si les pierres le pouvaient - et raconter toutes ces allées et venues ? Un pavé peut-être, qu’auraient heurté la botte de César, le soulier de Ronsard, ou un talon de Louis XIII ? Si j’habitais un tel château, je crois que j’aurais du mal à dormir, vu tous les fantômes qui doivent s’y balader !

dimanche 29 août 2010

Vertigineuses conceptions

Je me souviens que, dès les premières mesures, je subis une de ces impressions heureuses que presque tous les hommes imaginatifs ont connues, par le rêve, dans le sommeil. Je me sentis délivré des liens de la pesanteur, et je retrouvais par le souvenir l’extraordinaire volupté qui circule dans les lieux hauts ... J’avais subi une opération spirituelle, une révélation... Pendant plusieurs jours, pendant longtemps, je me dis : « Où pourrais-je bien entendre ce soir de la musique de Wagner ? » Ceux de mes amis qui possédaient un piano furent plus d’une fois mes martyrs.
Richard Wagner et Tannhäuser de Charles Baudelaire
(Le 25 janvier 1860, Baudelaire assista au premier concert de Wagner à Paris)
Ce n’est pas que je sois fan de la musique de Wagner, à vrai dire je n’y connais pas grand chose, mais depuis les magnifiques émissions sur le Ring dans Les vendredis de la musique (France Culture), j’avais envie d’en savoir plus. Et puis j’ai lu l’essai de Baudelaire. Il m’a encore plus donné envie d’en savoir plus... mais c’était surtout imaginer un monde sans vendeurs de disques ni mp3 qui me fascinait. Et puis hier j’ai vu, pendant 6h d’affilée, les deux premiers DVD (sur trois) sur la vie de Richard Wagner avec le fabuleux Richard Burton dans le rôle du compositeur.
Je n’ai pas vu les heures passer. Non seulement je découvrais la vie de Wagner avec tous ses incroyables rebondissements mais que dire du magnifique Richard Burton ? La façon dont est conçue cette fresque est passionnante. Des fois on ne comprend rien à ce qui se passe, on fait des allers-retours incessants dans le temps, une action se poursuit commentée en voix off par des bribes de dialogues déjà entendus, ou bien on laisse de côté le présent et on nous emporte vers le futur : quand Wagner est en Bavière auprès du roi Louis II. On est avec Wagner, avec le roi, avec Wagner et le roi, avec les médisants conseillers du roi, on est partout à la fois. L’épisode Wagner-Louis II n’est pas encore fini, que l’on suit, par un détour narratif un peu hallucinatoire, le suicide du roi dans le lac de Starnberg... « Il semble parfois, en écoutant cette musique ardente et despotique, qu’on retrouve peintes sur le fond des ténèbres, déchiré par la rêverie, les vertigineuses conceptions de l’opium » écrit Baudelaire. Je ne connais pas, comme le poète, les effets de l’opium, mais voir ce film doit m’en rapprocher. Il me reste encore 3h à voir, je suis en manque, je suis complètement accro !

samedi 28 août 2010

Propos d’alcôve

Hier j’ai vu le film Flickan som lekte met elden, titre que l’on aurait pu traduire, mot pour mot, par La fille qui jouait avec le feu (The Girl who played with fire est le titre anglais). Tout en gardant l’idée qu’elle a l’allumette facile, il aurait souligné les risques que cette fille prend et qui la laissent, inexorablement, aux portes de la mort, comme un jouet disloqué. Mais en français on a traduit cela par : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette. Cette fille n’est plus une justicière redresseuse de torts, elle est cruelle et perverse : elle ne regrette pas son action, elle y a pris goût, et serait même prête à recommencer à a première occasion.
Nous avons eu droit à trois bandes annonces, films qui sortiront aussi en France dans les prochains mois. Petits veinards...La première était celle de Cherry Tree Lane de Paul Andrew Williams : « Dans leur propre maison, des parents sont terrorisés par un groupe de jeunes voulant s'en prendre à leur fils. » Je me souviens de gens ligotés et bâillonnés, de hurlements, de sueur dégoulinant sur un visage, d’un gros couteau...Puis celle de Winter’s Bone de Debra Granik : « Une jeune fille de 16 ans vivant dans les montagnes Ozarks, se met en danger lorsqu'elle se lance sur les traces de son père, vendeur de drogue qui a hypothéqué la maison familiale. Elle doit à tout prix le retrouver et le forcer à se présenter au tribunal ou prouver qu'il est mort avant que la maison ne soit saisie par les autorités. » Je me souviens d’une image gris bleu, de gueules ravagées, de gros fusils, de menaces, de cris, de coups.Et pour finir celle de Enter the Void de Gaspar Noé : « Oscar et sa sœur Linda habitent depuis peu à Tokyo. Oscar survit de petits deals de drogue alors que Linda est stripteaseuse dans une boite de nuit. Un soir, lors d'une descente de police, Oscar est touché par une balle. Tandis qu'il agonise, son esprit, fidèle à la promesse faite à sa sœur de ne jamais l'abandonner, refuse de quitter le monde des vivants. Son esprit erre alors dans la ville et ses visions deviennent de plus en plus chaotiques et cauchemardesques. Passé, présent et futur se mélangent dans un maelstrom hallucinatoire. »Le slogan de ce film, que l’on retrouve sur des cartes postales dans le hall du cinéma, est quelque chose comme: Sex-Drug-Murder. Alléchant programme!Je me souviens de « Tokyo » by night – quelques néons multicolores et salaces, et le tour est joué, des cris, du sang, de la crasse, du sordide.Et puis, après ces hors d’oeuvre à vous faire tourner de l’oeil, on vous amène le plat principal. On se croirait dans l’auberge de campagne où se rend Louis de Funès dans L’aile ou la cuisse, et où il manque s’empoisonner.
Au menu : viol, hurlements, menaces, attaques à la hache, à l’électricité, à l’arme automatique, pendaison, bains de sang divers, révélations éventées, coups de théâtre bidons... Vous sortez du cinéma écœurés, assommés, le moral en berne, pour constater qu’il pleut encore et que le ciel est toujours aussi gris. Je ne tournais pas rond.Je me débattais contre cette noirceur. J’avais du mal à en émerger. Qu’est-ce que cela pouvait me faire la corruption en Suède, leurs magouilles, la vengeance de cette fille zinzin ? Comment ces livres avaient-ils pu avoir autant de succès ? Je savais pertinemment que ma curiosité me pousserait - malheureusement - à aller voir Luftslottet som sprängdes alias The girl who kicked the hornet’s nest alias La reine dans le palais des courants d’air. Quel titre à la c.. ! J’en aurais pleuré !
Je regardais par la fenêtre du bus ces rues grises et tristes, je pensais à la fin des vacances... bref, un joli cocktail pour se faire pleurer. Pleurer pour pleurer, j’ai repensé aux dernières cases des Années douces (tome 1). Taniguchi a réussi, magistralement, à traduire le roman de Kawakami, jusqu’à la plus petite particule d’atmosphère. Il suffit de relire un passage du roman et de le comparer avec le dessin qui l’illustre – ce qui a été supprimé ou les images qui sont nées des mots - pour s’en émerveiller.
En rentrant chez moi, je me suis précipitée sur le roman de Kawakami: « Je ne détachais pas les yeux du paysage qui défilait à travers la vitre. J’ai appelé le maître, j’ai prononcé son nom. Dans le paysage que la voiture dépassait, des cerisiers sont apparus. Les arbres, jeunes ou vieux, fleurissaient dans la nuit, resplendissants. Maître ! J’ai appelé encore une fois, mais comment ma voix aurait-elle pu l’atteindre ? » (en japonais elle doit murmurer Sensei, ce qui est plus doux, plus sensuel à l’oreille et aussi à prononcer.)

Si j’avais chez moi un tokonoma (« petite alcôve au plancher surélevé en tatami où l'on expose des calligraphies, des estampes, des ikebanas (arrangement floral), des objets d'art ou autres okimono (statuettes) ») comme dans les maisons japonaises traditionnelles, j’y mettrais ce livre, bien en évidence.

vendredi 27 août 2010

Henri et Rython

Le plus beau c’est Henri III
Quelles jolies ballerines!Il savait s’amuser! Mais pas seulement...
Il savait faire des brochettes aussi...
Et il s'est aussi fait embrocher.Tout comme son papa...Henri II of course!
Qui lui s'est fait embrocher lors d'un fameux tournoi!
Nostradamus l'aurait lu dans les astres...Et qui laissait traîner son H partout, du Louvre à Blois.
Je suis sûre que personne ne s'avisait à les appeler Riton...
Même au coin du feu!

Tandis que le potier Sotades, lui, qui avait un atelier à Athènes au Ve siècle avant notre ère, c’est LE spécialiste du rython. On s’arrachait ses rytha de la Grèce à l’Italie en passant par la Mésopotamie, la Crimée et le Soudan.

« Du verbe grec signifiant "couler", le rython est un vase à boire d'apparat en terre cuite ou en métal, en forme de corne, à une anse, percé d'un trou par lequel le liquide s'écoule, et dont l'extrémité se termine par une tête animale ou humaine. » (Louvre) A celui-ci, Sotades a donné l’allure d’un Sphynx. Sur la coupe il a représenté Kekrops, un roi légendaire d’Athènes, et sa femme Aglaurus, ainsi que la déesse Iris au pieds tourbillonnants, la messagère des dieux.

Je ne savais pas ce qu'était un rython avant d’aller au Louvre, début août, mais maintenant mon oeil les repère de loin ! Et parfois je crois même voir, à la place de Dionysos, Henri III en forme de rython !

jeudi 26 août 2010

Le nouveau Jirô Taniguchi


Je viens de le trouver dans ma boîte aux lettres !

Pluie-momies-Pluie-bises-Pluie-thé-Pluie-Pluie-Pluie

Par les deux fenêtres qui sont en face de moi, les deux fenêtres qui sont à ma gauche et les deux fenêtres qui sont à ma droite, je vois, j’entends d’une oreille et de l’autre tomber immensément la pluie. Je pense qu’il est un quart d’heure après midi : autour de moi tout est lumière et eau. Je porte ma plume à l’encrier, et, jouissant de la sécurité de mon emprisonnement, intérieur, aquatique, tel qu’un insecte dans le milieu d’une bulle d’air, j’écris ce poëme. Il n’est point à craindre que la pluie cesse ; cela est copieux, cela est satisfaisant.
Connaissance de l’Est de Paul Claudel
Hier, il pleuvait. Le jour d’avant, il pleuvait. Et aujourd’hui, il pleut. En plus il fait froid. Mais le matin, ayant lu le haïku de Momoko Kuroda « Il faudrait/aller prendre froid./Chant de milans. », j’ai pensé qu’une petite sortie me ferait du bien, quitte à attraper un rhume.

Sinon, à quoi serviraient les parapluies? Paradoxalement, quand il pleut à verses et que l’on sort pour sortir, c’est pour rechercher un abri... Le cinoche ? Mais pour voir quoi ? Il sort un bon film par semaine et je vais le voir immédiatement. Bouquiner dans un café ? Mais ils sont bondés vu que c’est le refuge numéro 1 des promeneurs. Faire les magasins ? C’est pas mon truc. Flâner dans une librairie ? Mais j’ai déjà trouvé mon bonheur. Reste les musées. Reste LE musée. J’y ai trouvé que les dessins sur ces vases grecs ressemblaient à des peintures japonaises.

Il y avait un vrai chassé-croisé sous la colonnade du musée entre ceux qui s’ébrouaient en refermant leurs parapluies tout contents d’oublier pour un temps le déluge, et les autres qui, quittant des objets antédiluviens, lançaient des regards noirs vers les nuages avant de se décider à rouvrir leurs parapluies ou à rabattre leurs capuches. Moi, je me dis toujours que la pluie va cesser à un moment donné. Malheureusement elle a accompagné toute ma balade, en tambourinant de plus belle. Elle a redoublé de force quand je suis allée faire la bise à l’Apollon du quartier. Nous sommes allés prendre le thé en zigzagant entre les flaques. Les pavés disjoints trempaient nos godasses – les miennes s’étaient transformées en aquarium, les taxis rasant les trottoirs nous ont éclaboussés sans pitié... Je suis rentrée chez moi transie. Ça en valait la peine... mais aujourd’hui, c’est avec un plaisir infini que je vais rester dans ma bulle et jouir de la sécurité de mon emprisonnement !

mercredi 25 août 2010

Du pareil au même

Un masque Nô ?
Ou le visage d’une statue égyptienne au Louvre ?Le phénix du Pavillon d’Or à Kyoto vu de loin?
Ou les dorures des statues du Pont Alexandre III?
Le petit singe du Toshogu à Nikko ?
Ou une décoration de la cour du Musée de Cluny?


Quand je suis allée en France, on m’a demandé : « Alors, qu’est-ce que tu deviens ? » Même si sa question était au présent, ma tante voulait en fait savoir ce qui s’était passé dans ma vie depuis notre dernière rencontre. J’ai fouillé ma mémoire et je n’ai pu que lui répondre « ben, ça va... ». Et nous sommes passées à autre chose. Depuis, j’y pense souvent. Je me revois me creuser la tête à la recherche d’un événement remarquable qui aurait fait sensation dans notre petit cercle familial. Mais rien ne me venait. Plus tard, j’ai eu beau tremper maintes madeleines dans ma tasse de thé, je n’avais toujours rien de bien juteux à raconter. Et c’est tant mieux ! C’est dans ce genre de situations qu’on se rend compte que l’on vit des « années douces » où à la fois tout change et rien ne change.... Et ce qui les rend plus douces encore c’est la sortie du livre éponyme de Jiro Taniguchi aujourd’hui !

mardi 24 août 2010

Ô Bleus

« O bleu.../ O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
(l'incomparable bleu du ciel japonais)Silences traversés des Mondes et des Anges- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! »
(Voyelles de Rimbaud)J’aime le bleu par dessus tout. Et le rose.
(La baie de Tokyo)Sur tous les tons.J’aime les atmosphères bleutées

Le bleu de la mer et le rose de mon foulard.