Le jour du départ. Le jour de l'arrivée. Du retour. Envie de rester, bien sûr. Envie de réserver immédiatement un nouveau séjour. Et savoir que c'est puéril.
Quand j'arrive à Saint Pancras, que je lève la tête vers la grande horloge dorée et bleue à l'intérieur de la gare, je suis toujours surprise de réaliser que j'habite à Londres, je n'arrive pas à le croire. Et puis j'attends le bus, et je regarde autour de moi toute étonnée de savoir où je vais, je me laisse porter, je monte dans le bus... Bientôt voilà ma rue, mes fenêtres, mon courrier...
Et mes clés. Avoir des clés dans ma poche, ça signifie que je ne suis plus à Paris. A Paris où une chambre douillette m'attend mais dont je n'ai pas la clé tout le temps sur moi, et c'est chez moi quand même, mes affaires y sont. Je peux aller et venir. Ne pas avoir de clé, ne pas avoir de montre, mais être en sécurité quand même. C'est une chance.
Alors c'est le retour des clés dans le sac.
Hier je n'ai pas résisté à aller voir The Ghost Writer de Polanski, qui est un film génial. On y voit Londres sous la pluie. Pour nous signifier qu'on est à Londres il y a une fois Big Ben et une fois Saint Paul's, mais très flous, dans le fond de l'image, et une profusion de bus rouges et de taxis noirs... et la pluie. Sinon, on pourrait être n'importe où...
J'ai tenu à voir le dôme des Invalides avant de partir, car une phrase me trottait dans la tête depuis mes visites au Louvre et le portrait de son architecte: "le chef d'oeuvre d'Hardouin Mansart". J'ai donc vu "le chef d'oeuvre d'Hardouin Mansart", et ses dorures.
J'ai vu l'immeuble, Quai Voltaire, où Voltaire est mort et celui où Ingres a vécu. Et la statue de Sully devant l'Assembléé Nationale - je venais d'acheter un magazine sur Henri IV.
Voir toutes ces plaques, le long des quais par exemple, signalant que de jeunes hommes sont morts là le jour de la libération de Paris, 22, 23 ans... On les imagine essayant de s'abriter derrière le mur. Et tous ces immeubles classiques, couverts d'armures antiques, de casques, de lances...
Dans le nouveau Philosophie Magazine j'ai lu, sous la plume de Thierry Paquot: "Celui qui n'a pas éprouvé sa géographie existentielle par ses sens, peut-il en révéler les secrets".
J'ai repensé à ce couple qui se protégeait de la pluie vendredi dernier. Ils avaient couru les boutiques des grands couturiers. A chaque main ils portaient 3 ou 4 pochettes. Un seul de leurs sacs m'aurait aidée à transporter mon surplus de bagages: des livres, évidemment.
Je me sens aussi triste que quand je quittais le Japon, c'est étrange. J'ai même envisagé, et c'est la première fois, de revenir vivre en France... ou "rentrer vivre", il y a une nuance.
Mais bon, Paris c'est à deux pas et Londres, c'est pas mal non plus!
Et demain, le retour des images...
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