Au Maroc, à la maison, il y avait le Jour des Cuivres : on circulait de pièce en pièce ramassant çà et là sur notre passage les cuivres dépolis (il n’y en avait pas tant que cela quand même !) qu'y s'y trouvaient, on les entreposait sur le balcon, on les enduisait d’un liquide noirâtre à l’odeur âcre, on nettoyait, on frottait avec un chiffon... à la fin de l’opération, c'est brillant de mille feux qu'ils retrouvaient leurs places assignées sur les étagères. Faire les cuivres, ça revenait régulièrement, je ne sais plus à quelle fréquence. C’est vrai aussi que c’était une corvée à l’époque.
Je n’ai pas de cuivres mais j’ai des livres. Mais c’est un peu à la même opération de polissage que je vais me livrer : je veux les voir tous étalés devant moi, je veux les feuilleter, regarder leur couverture, me rappeler pourquoi je les ai choisis, pour en faire une sorte d’inventaire, mais sans registre, sinon celui de la mémoire.
Je n’ai pas de cuivres mais j’ai des livres. Mais c’est un peu à la même opération de polissage que je vais me livrer : je veux les voir tous étalés devant moi, je veux les feuilleter, regarder leur couverture, me rappeler pourquoi je les ai choisis, pour en faire une sorte d’inventaire, mais sans registre, sinon celui de la mémoire.
Ce qui me revient maintenant, c’est ce bruit de cymbales, ce cliquetis particulier, que faisaient ces cuivres quand on les posait en vrac sur le sol du balcon ou quand on les manipulait, les vieux chiffons qu’on utilisait et je nous revois, assises sur le sol du balcon, avec le beau soleil marocain autour de nous. C’est peut-être en réminiscence de ces cuivres que j’aime régulièrement étaler mes livres sur le sol et m’asseoir devant eux pour les refaire briller dans ma mémoire?
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