vendredi 5 mars 2010

Hier: un jour à marquer d’une pierre blanche

Life is continual creation, i.e. the formation of new, higher forms. When this formation comes to a stop in our view or even goes backwards, i.e. when existing forms are destroyed, this only means a new form is taking shape, invisible to us. We see what is outside us, but we don’t see what is within us, we only feel it. A caterpillar sees itself shrivel up, but doesn’t see the butterfly which flies out of it.

Journal de Tolstoï, 27 octobre 1900
La semaine avait mal commencé. Ce n’était pas la super forme. J’en finissais par croire qu’on m’en voulait là-haut et que les dieux m’avaient envoyé un énorme monstre qui me suivait partout.Bref, de Charybde j’allais en Scylla. De moins en moins d’entrain. De plus en plus de lassitude. Nœud à l’estomac. Ça ne se voyait pas je crois, mais c’était tout le temps présent. Mais à force c’était faire injure au ciel japonais de Londres que de se trimballer une petite déprime. On a fini par noter dans les hautes sphères mes efforts pour m’en débarrasser et mon supplice a pris fin. Il fallait seulement attendre le lieu et le moment propices pour frapper un grand coup. J’aurais dû me douter que quelque chose d’extraordinaire se tramait. Surtout quand, après avoir mille fois dévié de ma route, et avoir pris un chemin inédit pour aller à mon bureau, arrivant à Southampton Row où je passe rarement, mon portable a sonné. Mon interlocutrice m’appelait d’un café de cette rue sans se douter qu’au même moment je passais sur le trottoir d’en face! Et elle m’a proposé d’aller au British Museum à deux pas. Et à exactement 16h30, juste après avoir pris cette photo, j’ai levé la tête et... le temps s’est arrêté. Il est apparu de nulle part, comme par enchantement, comme si on me l’avait jeté sur mon chemin du haut des cieux. C’est ça qui est dingue. Je l’ai vu et il m’a vue parce que j’ai écarquillé les yeux, j’étais bouche bée... Nez à nez avec la personne la plus géniale qui existe au monde... Il faut le faire ! A quelques détails près il y a un tableau du Titien à la National Gallery qui représente la scène : Noli me Tangere (ici). Après, je ne me souviens plus de rien. Si j’ai vu une expo, si j’ai bu un jus de fruit, si j’étais seule ou accompagnée, si j’ai fait cours, je ne sais plus... Ce qui m’a le plus sidérée je crois, c’est moins de le voir (je l’ai déjà vu et ailleurs) que de le voir à ce moment-là et à cet endroit-là. Pour moi il représente tout ce que j’aime dans la vie, et s’il y a une personne que je devais rencontrer pour me remonter le moral c’était lui. Ce qui est bizarre c’est que c’est toujours lui que je vois par hasard quand j’en ai le plus besoin. C’est absolument incroyable. Autant dire que la déprime c’est du passé. Ce n’est pas tous les jours qu’on vous envoie un Thésée pour tuer tous les minotaures qui vous tracassent.




Maintenant j’ai la joie de voir la relique de ma déprime exposée dans une des vitrines du musée. Inoffensive, et pour longtemps j’espère ! Il ne me reste plus qu’à oublier la tête ahurie que je devais faire en le voyant et souhaiter que lui aussi l'oublie!

2 commentaires:

Marie a dit…

Une fois encore, j'aime la chute de ton billet ! Doux week-end !

Agnès a dit…

Pas que la chute j'espere! Doux week-end a toi aussi!