samedi 13 mars 2010

Eloge de l'ambre

A l’expo sur Il Sogno de Michel-Ange (ici), il y avait un beau dessin intitulé La chute de Phaéton (1533) (ici). Il m’a permis de lire dans le livre deux des Métamorphoses d’Ovide, la tragique histoire de Phaéton, le fils du Soleil:
Les rapides chevaux du Soleil emplissent les airs de leurs hennissements, ils sont pleins de feu et frappent de leurs sabots leurs barrières. Dès que Téthys eut repoussé ces barrières, leur donnant accès au ciel immense, ils prennent leur élan, agitent leurs pieds dans les airs, déchirent les nuages au passage. Phaéton a peur ; il ne sait ni par où tirer les rênes qu'il a en mains, ni où est sa route et, s'il savait, il ne maîtriserait pas les chevaux. Dès que ces brides lâchées touchent le haut de leur échine, les chevaux sortent de leur route et, rien ne les retenant plus, gagnent des régions inconnues. Les points les plus élevés de la terre sont la proie des flammes ; elle se fend, se crevasse et se dessèche, privée de sève. Il y a pire. De grandes cités avec leurs remparts périssent, des incendies transforment en cendres des territoires entiers et leurs populations. Alors le père tout-puissant gagna le sommet de la haute citadelle, Il fait retentir le tonnerre et, balançant sa foudre l'envoie sur l'aurige, lui enlevant à la fois sa vie et son char, et ainsi arrête de ses feux cruels les feux du Soleil. Phaéton, dont les cheveux rutilants étaient la proie des flammes, roule tête en avant ; il est emporté, traçant à travers l'espace une longue traînée ; ainsi parfois, dans un ciel serein, une étoile, même si elle ne tombe pas, peut sembler tomber.Les Héliades pleurent tout autant et restent étendues près de son tombeau. Phaétuse, l'aînée, voulant se coucher sur la terre, se plaignit qu'elle sentait ses pieds devenir rigides ; essayant de s'approcher d'elle, la blanche Lampétie fut brusquement retenue par une racine ; une troisième s'apprêtait à s'arracher les cheveux, mais ses mains ne ramenèrent que des feuilles ; celle-ci pleure ses jambes muées en tronc, et celle-là ses bras transformés en longs rameaux. Tandis qu'elles s'étonnent, l'écorce enveloppe le haut de leurs jambes, gagnant peu à peu ventres, poitrines, épaules et mains, ne leur laissant que la bouche pour appeler leur mère. L'écorce atteint leurs derniers mots. Depuis coulent leurs larmes durcies au soleil, gouttes d'ambre, qui s'écoulent des jeunes rameaux.

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