Je viens de voir Alexandra d’Alexandre Sokurov, dont l’impressionnante bande annonce m’avait intriguée au Humantrust Cinema de Shibuya à Tokyo en allant à la projection de Nonko-36 sai (Nonko 36 ans) de Kazuyoshi Kumakiri, le dernier film que j’ai vu au Japon.
Le Humantrust Cinema, je l’ai trouvé – comme il se doit à Tokyo - sur un coup de chance : en effet, rien n’indiquait qu’il nichait dans cet immeuble anonyme, jouxtant un Starbucks, juste en face du Bunkamura. Il a fallu pénétrer jusqu’au fond du hall, sombre, d’un énième immeuble de l’avenue, pour voir la minuscule affiche du film qu’il me fallait voir ... d’urgence... car c’était ma dernière occasion d’aller au cinéma avant mon départ, l’ultime séance!
En débarquant de l’ascenseur, je me suis retrouvée dans un petit cinéma d’art et d’essai, de deux salles, spécialisé dans les films à petits budgets, japonais et étrangers, à en juger par les dizaines de pamfurettos (pamphlets, prospectus ou affichettes) annonçant les prochains films russes, espagnols, chinois (dont celui de Plastic City de Yu Likwai dont je parlais cet été en long et en large, une trouvaille inespérée qui orne désormais mes murs !) et américains indépendants.
Dans la salle elle-même passait en boucle la chanson du film, une chansonnette des plus agaçantes qui vous mettait les nerfs à vif, et que vous pouvez savourer à votre tour à la fin de cette bande-annonce (ICI) Bande-annonce composée de tous les moments dont je me souvienne, comme si c’était ma propre composition ou une projection directe de ma mémoire.
La vie de Nobuko (dont le nom d’actrice ratée est Nonko) m’a laissée indifférente (peut-être parce que je ne comprenais pas un traître mot de ses discours désabusés...). Masaru, son jeune et improbable amant, avait le sex appeal d’une huître, la poursuite d’un poussin supposée hilarante m’a donné des envies de poulet rôti, les scènes d’un érotisme échevelé arrivaient comme un cheveu sur la soupe, et la violence hystérique de la fin m’a laissée des plus perplexes. Mais c’était mon dernier samedi à Tokyo, et j’aurais pleuré comme une madeleine devant le plus drôle des Louis de Funès je crois.
Mais malgré cela, cette séance de cinéma me laisse des souvenirs très doux et joyeux: il y eut le ravissement de découvrir enfin le cinéma au bout d’une semaine de recherche dans le quartier; la cocasserie de voir la moitié de la salle piquant un roupillon avant l’extinction des feux ; la publicité dans laquelle quelqu’un murmure « I’m peaceful » ou celle pour Sanyo où un vraiment beau garçon sussure « isshokenmei » (l’engagement absolu) - en Angleterre les dernières pubs au cinéma sont d’une violence si dérangeante - surtout l’affreuse pub Golf; le conseil : « Please enjoy it to the last minute » (où j’ai vu comme un conseil subliminal pour ma vie en 2009) juste avant les bandes annonces des prochaines projections... bandes annonces qui durèrent trente minutes, me donnant des regrets de ne pas rester au Japon pendant encore 6 mois ; et, en sortant du cinéma, la devanture du Café Pronto annonçant à sa clientèle qu’on y baignait dans une « atmosphere flavored by coffee, cocktails, culture and conversation ».
Que j’aime ces slogans qui se nichent dans les moindres recoins, objets, emballages, ou carnets comme ceux ramenés de Kyoto sur la couverture desquels est inscrit : « Gracieux. Ceci peut éclairer votre journée. Et vous rappelez (sic) que des pensées tendres, spéciales sont avec vous » ou « Un bon temps me nourrit gracieusement et joliment. Ample temps me relaxe ». Comment ne pas voir la vie en rose après cela ?
Le Humantrust Cinema, je l’ai trouvé – comme il se doit à Tokyo - sur un coup de chance : en effet, rien n’indiquait qu’il nichait dans cet immeuble anonyme, jouxtant un Starbucks, juste en face du Bunkamura. Il a fallu pénétrer jusqu’au fond du hall, sombre, d’un énième immeuble de l’avenue, pour voir la minuscule affiche du film qu’il me fallait voir ... d’urgence... car c’était ma dernière occasion d’aller au cinéma avant mon départ, l’ultime séance!
En débarquant de l’ascenseur, je me suis retrouvée dans un petit cinéma d’art et d’essai, de deux salles, spécialisé dans les films à petits budgets, japonais et étrangers, à en juger par les dizaines de pamfurettos (pamphlets, prospectus ou affichettes) annonçant les prochains films russes, espagnols, chinois (dont celui de Plastic City de Yu Likwai dont je parlais cet été en long et en large, une trouvaille inespérée qui orne désormais mes murs !) et américains indépendants.
Dans la salle elle-même passait en boucle la chanson du film, une chansonnette des plus agaçantes qui vous mettait les nerfs à vif, et que vous pouvez savourer à votre tour à la fin de cette bande-annonce (ICI) Bande-annonce composée de tous les moments dont je me souvienne, comme si c’était ma propre composition ou une projection directe de ma mémoire.
La vie de Nobuko (dont le nom d’actrice ratée est Nonko) m’a laissée indifférente (peut-être parce que je ne comprenais pas un traître mot de ses discours désabusés...). Masaru, son jeune et improbable amant, avait le sex appeal d’une huître, la poursuite d’un poussin supposée hilarante m’a donné des envies de poulet rôti, les scènes d’un érotisme échevelé arrivaient comme un cheveu sur la soupe, et la violence hystérique de la fin m’a laissée des plus perplexes. Mais c’était mon dernier samedi à Tokyo, et j’aurais pleuré comme une madeleine devant le plus drôle des Louis de Funès je crois.
Mais malgré cela, cette séance de cinéma me laisse des souvenirs très doux et joyeux: il y eut le ravissement de découvrir enfin le cinéma au bout d’une semaine de recherche dans le quartier; la cocasserie de voir la moitié de la salle piquant un roupillon avant l’extinction des feux ; la publicité dans laquelle quelqu’un murmure « I’m peaceful » ou celle pour Sanyo où un vraiment beau garçon sussure « isshokenmei » (l’engagement absolu) - en Angleterre les dernières pubs au cinéma sont d’une violence si dérangeante - surtout l’affreuse pub Golf; le conseil : « Please enjoy it to the last minute » (où j’ai vu comme un conseil subliminal pour ma vie en 2009) juste avant les bandes annonces des prochaines projections... bandes annonces qui durèrent trente minutes, me donnant des regrets de ne pas rester au Japon pendant encore 6 mois ; et, en sortant du cinéma, la devanture du Café Pronto annonçant à sa clientèle qu’on y baignait dans une « atmosphere flavored by coffee, cocktails, culture and conversation ».
Que j’aime ces slogans qui se nichent dans les moindres recoins, objets, emballages, ou carnets comme ceux ramenés de Kyoto sur la couverture desquels est inscrit : « Gracieux. Ceci peut éclairer votre journée. Et vous rappelez (sic) que des pensées tendres, spéciales sont avec vous » ou « Un bon temps me nourrit gracieusement et joliment. Ample temps me relaxe ». Comment ne pas voir la vie en rose après cela ?
Myth of Tomorrow de Taro Okamoto
Shibuya Station
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