lundi 26 janvier 2009

Rakushisha: qu’est-ce que c’est que ça ?

Un ami m’a guidée, dans une banlieue de Kyoto, vers ce qui fut l’une des dernières étapes de Bashō, la maisonnette d’un ami que l’hébergea vers la fin de sa vie : Rakushisha, la « maison des kakis tombés à terre ». Coquille à demi éclatée, cette maisonnette fait penser à la légère dépouille d’une cigale. Bashō lui-même l’a décrite dans la saison des pluies : « La retraite de mon disciple Kyoraï se trouve parmi les bosquets de bambous de Shima Saga, non loin du pont Arashi, et de la rivière Ōi. Feutré de silence, c’est un lieu idéal pour la méditation. » A côté de la porte, on a suspendu à un clou un grand chapeau rond de pèlerin.
Le Tour de la prison de Marguerite Yourcenar
Avant d’arriver devant ce champ de choux, je ne sais pas combien de fois j’avais demandé mon chemin....
Munie d’indications parcellaires et d’une carte qui situait la Rakushisha au beau milieu d’un no man’s land, près de tout les temples célèbres des alentours mais n’indiquant aucun chemin précis pour s’y rendre, je me suis évidemment perdue.
Perdue ? pas vraiment : ce verbe ne s’applique pas à cette promenade inédite à travers bambouseraies ou champs de susuki, qui m’a fait emprunter des chemins jalonnés de temples que des personnages historiques qui peuplent mes lectures et mon imaginaire ont fait bâtir, où ils ont vécu, et où ils sont, pour certains, enterrés. C’est au moment où je baissais les bras et m’apprêtais à quitter les lieux, qu’un couple à qui j’avais demandé mon chemin – la Rakushisha et son célèbre visiteur ne leur disaient absolument rien - m’a appelée en me désignant, rigolard, un bâtiment recouvert d’une bâche et fermé aux visiteurs.Un coup d’oeil à la plaque m’a confirmé qu’il s’agissait bien de la Rakushisha à laquelle j’avais rêvé pendant des mois. Que je ne puisse pas y jeter un coup d’oeil ne m’a pas trop déçue et d’autres ont eu cette joie (ici, ici et ici). Alors je m'en contente pour l'instant.Ce qui m’a fait rire c’est que le champ de choux s’étalait devant sa porte et que je l’avais donc eue sous les yeux et photographiée dès que j’avais débouché dans ce coin champêtre. J’avais donc tourné en rond et fait des kilomètres dans la campagne pour rien... enfin, façon de parler...
L’arbre aux kakis n’était pas d’époque, j’en suis bien consciente, mais voir ces beaux fruits m’a permis d’imaginer le spectacle qui attendait Kyoraï le lendemain de la tempête qui les fit tous s’écraser sur le sol. Malgré tous ces imprévus, cette visite , somme toute, ne m’aura pas laissée sur ma faim !

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