Susuki, Miscanthe, Eulalie J’ouïs dire qu’il y avait dans la lande de Musashi une petite chapelle nommée Asakusa, dédiée à Kannon aux onze visages. Je dus me frayer un chemin à travers la vaste lande, où ne poussaient que des lespédèzes, des patrinia, des roseaux, et des miscanthes. La chapelle de Kannon trônait sur une petite éminence, au beau milieu de la plaine dénudée. Je pensais n’être plus très loin des berges de la Sumida. Je rencontrai deux hommes. « Dans ces parages coule, dit-on, une rivière nommée Sumida. Où est-elle donc ? » Ils me répondirent : « ici même. C’est cette rivière »
Dame Nijō, automne 1290
C’est excitant d’imaginer - même si cela sollicite fortement nos méninges – quand on se trouve dans une rue bruyante de Tokyo, devant la porte Kaminarimon du temple Senso-ji par exemple, ce qu’était cette plaine de Musashi plusieurs siècles auparavant, avant même que des pêcheurs viennent s’installer sur sa côte. Je sais qu’elle était en partie marécageuse, parcourue de chevreuils, de sangliers et de canards sauvages, et que peu de voyageurs osaient s’y aventurer.
A l’intérieur du temple dont j’ai parlé hier, sur le chemin qui mène de la Nakamise dori à la porte Hozomon, on nous raconte l’histoire du Senso-ji.
Le 18 mars 628, à l’aube, deux pêcheurs, les frères
Hamanari et Takenari Hinokuma, ramenèrent dans leurs filets, qu’ils avaient jetés dans la Sumida, une statue de la déesse Kannon.
Le chef de leur village, Haji no Nakamoto, devant ce prodige, se convertit au bouddhisme et transforma sa maison en temple.
En 645, lors d’un voyage à Asakusa, le célèbre prêtre bouddhiste Shokai Shonin décida, à la suite d’un rêve, que la statue devrait rester cachée. Cela est toujours le cas (et cela attise mon imagination!) Ennin (794-864), un autre célèbre prêtre, crée une statue identique. A l’époque dite de Kamakura (1192-1333), les différents Shoguns font de nombreux pélerinages au Senso-ji. A l’époque Edo (1603-1867), le premier Shogun Tokugawa Ieyasu déclara que c’est au temple d’Asakusa qu’on devrait prier pour la prospérité du shogunat. La réputation du temple ainsi établie, les pèlerins y affluent.Comme aujourd’hui, dans la Nakamise dori, on y vend des gâteaux, des jouets, des vêtements... On y organise des danses, des concerts, des jeux...Et le jour de l’an on y voit, comme aujourd'hui, la danse du lion.
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