mardi 20 janvier 2009

Avec des « si » on mettrait Tokyo en bouteille...

Si, au lieu de grimper dans mon bus rouge je prenais la Yamanote vert pomme, et que je ne descendais pas, 1h plus tard, devant un Marks & Spencers, mais à Nippori... Si je renonçais à mon café et à mon pain au chocolat hebdomadaire, mais que je me retrouvais devant le temple Tennō-ji, je pourrais admirer les fines moustaches ciselées de Bouddha.Si j’oubliais de faire mes photocopies et de vérifier si, dans la classe sous les toits, les équipements audio-visuels fonctionnent, mes pas me mèneraient volontiers aux portes du vaste cimetière de Yanaka.Si je laissais à d’autres le soin d’expliquer pendant deux heures l’identité de la France, j’irais vérifier de plus près l’envergure prodigieuses des arbres du cimetièreJe pourrais ne pas poser de questions, ne pas attendre de réponse, ne pas expliquer ni conseiller, ni motiver, mais écouter les cris et observer le manège de grands corbeaux noirs bien nourris.Je préfèrerais peut-être oublier les règles du subjonctif et, à la place, dénicher une des seules espèces d’arbres encore en fleur en hiver... en me disant qu’imprimé sur son fond bleu ce prunier dessine la tapisserie d'un tableau de Vuillard.Si je ne naviguais pas d’étage en étage pendant plusieurs heures, je prendrais cette petite rue en sortant du cimetière. Je choisirais, dans une ruelle, une vieille maison en bois qui me semblerait abandonnée...
Et je ferais glisser ses shojis et j’y emménagerais...
Je passerais avant tout, chez le fleuriste du coin, pour la couvrir de fleurs jusque sur le trottoir comme ses voisines. Pour l’instant je me contenterais bien d’être une simple passante, qui se repose quelques instants dans ce petit abri, qui découvre les commentaires de ses semblables sur le cahier posé sur le banc, qui admire les photos sépia du quartier et les affiches des expositions des musées du parc Ueno sur les murs qu’elle a toutes vues, et qui succombe à l’achat d’un petit carnet fait maison en laissant quelque menue monnaie dans une boîte à cet effet.
Pour l’instant seulement, hein...

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